Témoignage. "Le cancer, ça n'arrive pas qu'aux plus de 50 ans". Deux jeunes femmes nous racontent leur lutte contre le cancer.

Publié le Écrit par Juliette Pommier

Une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie. Parmi elles, des femmes parfois très jeunes. Deux d'entre elles ont accepté de partager leur témoignage, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, dimanche 4 février.

Depuis trente ans, le nombre de nouveaux cas de cancers a doublé en France. Une hausse qui concerne particulièrement les femmes, notamment en raison de l'augmentation du nombre de fumeurs. Selon la Ligue contre le cancer, une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie. S'il est diagnostiqué le plus souvent autour de 60 ans, il touche aussi les femmes plus jeunes.

Lorsqu'elle a été diagnostiquée d'un cancer du sein, Laëtitia Mallet avait 27 ans. “Ça a été un vrai tsunami : mon mari et moi venions de terminer les travaux de notre maison, nous voulions avoir un enfant." Alertée par un saignement au niveau du téton, la jeune femme hésite et se rend finalement chez son médecin généraliste. Une radiographie, une mammographie et une biopsie plus tard, le diagnostic tombe : "Le cancer, ça n'arrive pas qu'aux plus de 50 ans. J'ai immédiatement débuté un traitement très agressif."

En décalage complet avec l'entourage

Tumorectomie, chimiothérapie, radiothérapie. Laëtitia entame un parcours de soins long et douloureux, en décalage complet avec son entourage. "Mes amies m'annonçaient qu'elles étaient enceintes et allaient en boîte, moi, j'allais en chimiothérapie."

Au fil des semaines, son corps subit le contrecoup des traitements. "Plus de cheveux, de sourcils, de cils... Vous avez un regard très creux, se souvient la jeune femme. Douleurs musculaires, crampes au ventre... Vous avez l'impression que votre corps ne vous appartient plus. Parfois, j'avais envie de tout arrêter."

Manoah Charier a, elle, d'abord été "dans le déni". Diagnostiquée d'un cancer du sein à 29 ans, elle a, elle aussi, mis à l'arrêt son projet de fonder une famille. "J'avais des plans, un travail et puis tout d'un coup tout s'est arrêté. J'ai multiplié les crises d'angoisse."  En parallèle de son traitement, la jeune femme s'est lancée dans une psychothérapie. "J'ai opéré un virage à 180° dans ma vie. Ça m'a permis de débloquer beaucoup de choses."

"Lorsque l'on a un cancer, on a plus d'intimité de couple"

Outre la thérapie, elle a aussi consulté une sexologue. "On n'en parle jamais, mais lorsque l'on a un cancer, on a plus d'intimité de couple. Les traitements font chuter le taux d'hormones, alors même quand les conditions sont réunies, on n'en a pas envie." Sur les conseils de la spécialiste, Manoah Charier réapprend à créer des moments de couple "hors de la maladie". Une sortie au restaurant, une promenade, "beaucoup de communication".

"Mon compagnon a été très ébranlé par mon cancer. Ça l'a changé : nous avons appris à beaucoup plus nous parler." Lorsque la jeune femme a perdu ses cheveux, le couple a décidé d'immortaliser ce moment. "Je voulais marquer le coup. C'est une étape dans le traitement. Nous sommes allés faire une séance photo sur la plage."

Après plusieurs années de traitements, Laëtitia Mallet et son mari ont voulu retenter leur chance. À 34 ans, ils se lancent dans une procédure de fécondation in vitro (FIV). Mais la jeune femme développe une grosse extra-utérine. Opérée d'urgence, elle est à nouveau diagnostiquée d'un cancer quelques mois plus tard. "Le premier cancer, c'est un peu la surprise. Le deuxième a été plus douloureux parce que je savais ce qui m’attendait."

"J'ai complètement changé de vie"

Aujourd'hui âgée de 38 ans et sous traitement hormonal, "une forme de ménopause artificielle", Laëtitia a renoncé à avoir un enfant par voie naturelle. "J’ai complètement changé de vie. J'ai simplement gardé mon mari et ma maison, sourit la trentenaire. C’est bizarre à dire, mais je suis plus heureuse maintenant, et plus vivante. J’ai eu tellement peur de mourir. Je suis jeune, je sais que je vais faire plein de belles choses dans ma vie."

La jeune femme et son mari ont entamé des démarches pour adopter. "J’avais peur qu’à cause de ma maladie, notre dossier ne soit pas accepté. La psychologue et l’assistante sociale nous ont dit qu’au contraire, après les épreuves traversées, nous étions un couple très soudé. Et qu'on ferait un très bon foyer pour accueillir un enfant." Encore sous traitement, Manoah évoque avec émotion son désir intact de fonder une famille. "Je ne sais pas si ça se fera un jour." 

Élément clé de leur reconstruction, l'entourage des deux jeunes femmes a été très présent pour elles, dès leur diagnostic. Un soutien essentiel, "vital", confie Laëtitia. "Certains de mes amis m'amenaient un bouquet avant séance de chimiothérapie." De simples gestes qui peuvent faire toute la différence. "Un cancer vous permet de faire le tri, explique Manoah Chartier. Vous n'êtes plus préoccupé par les mêmes choses. On ne râle plus à cause de la pluie : on se dit, tant mieux, c'est bon pour l'herbe !"

Faire de la prévention une priorité

Outre les amis, les deux jeunes femmes se sont rapprochées d'associations. Au sein de Jeune et Rose, un collectif rassemblant des femmes de moins de 50 ans ayant eu un cancer, Laëtitia a découvert un vrai accompagnement. "L'association propose des rencontres, en visio ou en physique, pour les patientes se sentent moins seules. Elle organise aussi des ateliers "sexualité et cancer", "parler à ses enfants de son cancer", "maquillage"..." Autant d'outils dont elle a pu manquer pendant sa première convalescence. 

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Sur son compte Instagram, créé pour partager son parcours, Manoah milite, elle,, pour que "chacun apprenne à connaître son corps". "Chez les femmes, la palpation n'intervient qu'à partir de 40 ans. Il ne faut pas attendre : dès que l'on sent quelque chose d'anormal, il faut aller consulter. Il vaut mieux y aller pour rien."

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