Jean-Pierre Mader, la star des années 80 qui a fait danser toute une génération, a publié son premier livre autobiographique qui s'intitule "On connaît ma chanson, de Macumba à Stars 80". Il sera présent à la 41ᵉ édition de la foire du livre de Brive du 10 au 12 novembre. À cette occasion, il revient sur son histoire et son rapport à la célébrité. Entretien.
Macumba, Disparu, Un pied devant l'autre : Jean-Pierre Mader est de retour dans un tout autre registre, celui d'écrivain. Il publie son premier livre autobiographique "On connaît ma chanson, de Macumba à Stars 80" qu'il présentera à la Foire du Livre de Brive du 10 au 12 novembre. L'occasion de parler de sa vie, de sa petite enfance à Toulouse... jusqu'au succès.
France 3 Limousin : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Jean-Pierre Mader : Macumba a retenti dans les bars. Ce petit truc sympa a changé le cap. C'est devenu un tube et après, c'est devenu un standard, une référence, un marqueur d'une époque, synonyme de fête, là où les parents se sont rencontrés. Cette chanson, on la connaît. Mais moi, on ne me connaît pas, elle est devenue plus forte que moi quelque part et c'est ce qui est intéressant...
Vous écrivez : "J'aimerais que l'exemple atypique de mon parcours, donne certaines clés à ces artistes en devenir." Voyez-vous ce livre comme une sorte de guide pour la nouvelle génération d'artistes ?
Oui et non. C'est un nouveau paradigme, la musique aujourd'hui. On le voit avec le streaming. Il y a seulement cinq ou six personnes qui sont écoutées, surtout dans la musique urbaine. J'ai démarré la musique à 16, 17 ans avec des copains, comme une façon de vivre. Aujourd'hui, j'ai plus de 60 ans, et je fais toujours de la musique.
Est-ce que ça peut servir à des musiciens ? Je l'espère, mais est-ce qu'ils auront la chance de vivre, ce que j'ai pu vivre, c'est-à-dire, traverser la vie, en faisant ce que l'on aime ? Je n'en sais rien. Le monde de la musique a rétréci avec une économie très particulière et ça réduit le champ des possibles.
Quels regards les jeunes artistes portent sur votre carrière ?
L'année dernière, au palais des sports, on avait un medley avec les Démons de minuits, Maldòn, Born to Be Alive, Macumba et les jeunes rappeurs, à côté, disaient "Vous avez vu ? Là, c'est les darons." Ils nous appellent comme ça. "C'est les patrons les mecs là !" C'était drôle !
Vous dites que c'est important d'avoir des références pour vous permettre de garder le cap, vous ne l'avez jamais perdu ce cap ?
Oh… On perd le cap, un peu. Quand ça fonctionne. Surtout aujourd'hui, il y a beaucoup d'argent dans ce métier. C'est vrai que quand on sort de l'anonymat et que vous entendez quinze fois par jour à la radio... on a tendance à perdre pied. Le succès populaire, on en a envie, mais on le redoute à la fois. C'est quelque chose de très particulier de sortir de l'ombre et d'entrer dans la lumière à 24, 25 ans, c'est trop jeune quelque part.
Quand on devient une star, comment gère-t-on son rapport à l'argent ?
À l'époque, ce n'étaient pas les sommes qu'on génère maintenant. C'est sûr que je gagnais en une soirée ce que gagnait mon père en un mois. On se dit qu'il y a un problème. On éprouve, un peu, un sentiment d'imposture : d'abord pourquoi moi ? Pourquoi pas mes copains qui avaient plus de talent que moi ? Certains sont restés sur le carreau et ont mal vécu l'insuccès qu'ils ont eu. Les vraies stars, c'était Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman. Et puis... J'avais une vie de famille. J'étais papa. Ça m'a permis de faire un peu attention, d'arrêter les conneries, et de moins picoler. Ça a changé ma vision sur ma propre existence. Mes repères sont musicaux, pas commerciaux.
Vous faites beaucoup référence à vos proches et ce qu'ils vous ont apporté, c'est important dans la vie d'un artiste, l'entourage ?
Ah oui ! J'ai toujours eu la chance et la volonté de m'entourer de gens positifs, il y a trop de gens négatifs dans ce métier, je les évite. J'ai des gens super auprès de moi qui m’ont donné l'envie d'aller plus loin. J'ai toujours eu un bel environnement que ce soit affectif ou professionnel.
Vous avez vos références, vous parlez de Paul McCartney, des Beatles, de Jean-Jacques Goldman, qu'est-ce qu'un bon modèle selon vous ?
C'est quelqu'un qui arrive à synthétiser la vie qu'on a envie d'avoir. C'est une référence. Quand je voyais Paul McCartney quand j'étais gamin, je voyais un mec assez mignon avec des cheveux assez long. Il n'avait pas une Rolls-Royce, il y avait une petite Austin, il était milliardaire, mais on s'en fichait. Et il a toujours conservé cette âme d'enfant. Je crois qu'un artiste, c'est quelqu'un qui reste un enfant toute sa vie. C'est ce que j'aspire à être, avoir toujours cette lumière dans les yeux.
Le monde artistique a beaucoup souffert de la pandémie de COVID-19. Conseillez-vous ce métier en 2023 ?
Je ne peux pas conseiller ça, c'est trop dur. Je n'ai pas d'enfant qui fait de la musique, j'en suis content. Je ne sais pas ce que je pourrais leur dire. Il y a des artistes qui sont trop égocentriques. La musique, ça a été une sorte de psychothérapie. J'avais des ambitions très grandes et, en fin de compte, je me suis rendu compte que j'étais Jean-Pierre Mader. Il faut vachement de temps pour l'assumer. Je suis bien dans ma peau, mais il m'a fallu beaucoup de temps. On assume ses hauts, ses bas, ses défauts. Il y a les rêves d'enfant et il y a la réalité.
Quel est votre rapport à la Corrèze ? Qu'attendez-vous de cette foire du livre ?
Le premier concert que j'ai fait à Brive, c'était aux Écuries du Roy, c'était un ancien club. Ce qui est marrant, c'est que le gars qui m'a reçu est devenu l'un de mes meilleurs amis. Donc, me revoilà à nouveau. La foire du livre à Brive, ça va être une expérience inédite ! On m'a demandé de faire une rencontre à 15 h 30 dimanche. Je vais parler avec des gens. Je vais rencontrer du monde, être dans un petit stand, les gens vont s'approcher ou pas, je n'ai jamais fait ça de ma vie. On va papoter, je ne sais pas ce qui va se passer, mais, ça va être très chouette. Je trouve ça plaisant, je suis content ! J'ai plein de copains de Toulouse qui viennent, je vais peut-être même rencontrer des auteurs que j'aime bien.
Écrire un livre, ce n'est pas la même chose qu'écrire des chansons, quel bilan après ce premier ouvrage ?
C'est plus compliqué d'écrire des chansons, je trouve. Dans la chanson, il faut tout condenser. Par exemple, les Ford Falcon, c'était la voiture des milices de Pinochet. Donc, rien qu'avec ces deux mots, on rentre dans quelque chose de très cinématographique. Dans un livre, on peut se laisser aller, on n'est pas acculé. La distance est plus facile à faire. C'est comme si on se promenait à vélo puis, tout à coup, on regarde le paysage.