Pour aider les consommateurs à réviser leurs idées reçues et les guider dans leurs choix, l’association Naturellement vins organise « au Fil du vin », le salon des vins bio, biodynamiques et naturels samedi 23 et dimanche 24 avril 2022 à Saint-Pantaléon-de-Larche en Corrèze.
Vous avez eu une mauvaise expérience avec un vin bio ? Ce n’est pas une raison pour bannir tous les vins sains de votre table.
« Ce n’est pas un effet de mode, c’est un vrai courant de fond dans le monde du vin, le bio ça va devenir la norme d’ici quelques années ». Pierre-Alexandre Bodiguel est formel. Installé depuis 6 ans à la cave du Pic vert à Brive, ce caviste spécialisé dans les vins biodynamiques et naturels constate l’engouement de la clientèle pour des vins élaborés sans produits chimiques ni à la vigne, ni au chai.
« Les gens ne veulent plus d’un vin blanc qui leur donnent mal à la tête au bout de deux verres, explique ce passionné pour qui « le souffre fait souffrir ». L’organisation mondiale de la santé a fixé à 25 mg/jour la dose de sulfites admissible par l’être humain. Or, certains vins blancs conventionnels en contiennent jusqu’à 200 mg/litre !
Utilisés pour leurs propriétés antiseptiques et antioxydantes, les sulfites sont utilisés dans les vins bio et biodynamiques mais dans des quantités moindres. De quoi éviter maux de tête et de ventre. « Y’a un enjeu de santé chez ma clientèle, note le caviste, les gens font plus attention à ce qu’ils mangent et boivent. Ils ne veulent plus se faire empoisonner par des produits chimiques. Ils se méfient des procédés de fabrication des vins conventionnels et cherchent des vins plus authentiques ».
Même constat chez Vinéa, une autre cave corrézienne. Ici, vins conventionnels et vins bio se côtoient mais la demande pour les vins produits sainement est de plus en plus forte. « Il y a 7 ans, on avait à peine 10% de vins bio dans la cave. Désormais les vins bio, biodynamiques et en conversion représentent 40% de nos ventes », explique Guillaume Gensou, le responsable de la cave. « Chez les clients, y’en a qui sont contre, surtout les plus âgés. Ils nous disent : ne me parlez pas de bio, c’est de la connerie ou qu’ils n’y croient pas. Mais la tendance reste croissante surtout chez les nouveaux consommateurs. »
Une clientèle de trentenaire, de femmes aussi. « Elles sont plus sensibles aux enjeux de santé et d’environnement mais aussi moins pétries de certitudes sur le vin et donc plus ouvertes à la découverte. » relève Pierre-Alexandre Bodiguel à la cave du Pic vert.
Les meilleurs des vins sont bio
Mais chez les amateurs éclairés aussi, le bio à la cote. Les plus grands vins dans de nombreuses appellations sont désormais en biodynamie. C’est le cas de la Romanée-Conti, considéré comme le plus grand vin de Bourgogne et élaboré « dans le respect des sols ». Même engagement environnemental au château Latour, 1er grand cru classé dans le Médoc. Chevaux pour travailler les sols, respect de la biodiversité dans les vignes, depuis 2015 « la totalité du vignoble est conduit en agriculture biologique. Une certification qui s’étend au chai et à la vinification des vins de la propriété » vante le site Internet de la propriété.
Au cœur de Margaux, le château Palmer a quant à lui fait le choix de la biodynamie depuis 2008. « C’est le seul moyen de faire un vin de terroir, explique Pierre-Alexandre Bodiguel. La maltraitance des sols et l’utilisation de produit chimique aseptisent, uniformisent et empêchent l’expression des caractéristiques singulières d’un vin ».
Une conviction qui gagne de plus en plus de domaine. « Le Saint-Emilion grand cru du château Montlabert sera bio dans deux ans, Beychevelle est en conversion, les grands crus classés sont en pleine transition », souligne le caviste d’une grande enseigne briviste. La preuve qu’il est possible de conjuguer qualités gustatives d’exception et respect du vivant. «Les vins propres, c’est une tendance mais d’ici une quinzaine d’années, avec la montée en qualité des vignerons bio, ceux qui choisissent de rester en conventionnels auront du souci à se faire » pronostique le caviste. D’ailleurs, parmi les producteurs référencés dans sa cave, beaucoup ont choisi « de prendre leur responsabilité » par rapport à l’environnement et à la santé.
« Les vins sulfités donnent mal au ventre et à la tête et les vignerons ne veulent plus de ça. Mais il faut sept ans pour qu’un sol soit totalement débarrassé des pesticides. Alors ils commencent par travailler en Terra vitis ou en HVE, des labels qui n’autorisent les traitements qu’en ultime recours, avant de demander la certification bio. » Résultat, « j’ai des Bordeaux bio à 15 € qui sont sublimes, se félicite le caviste, et aujourd’hui 35 à 40% de mes ventes sont en bio. »
Un salon dédié aux vins bio, biodynamiques et naturels
Mettre en valeur ces vins propres et les vignerons qui s’attachent à les élaborer, c’est la mission que s’est donnée l’association corrézienne « Naturellement vins » en organisant le salon « Au fil du vin » à Saint-Pantaléon-de-Larche en Corrèze.
Depuis 10 ans, ces bénévoles invitent chaque année une quarantaine de vignerons français triés sur le volet à venir faire découvrir des millésimes exclusivement produits en bio, en biodynamie mais aussi naturellement, sans aucun intrant chimique. Un salon vanté par la revue référence en matière de vins sains « Le rouge et le blanc » qui couvre régulièrement l’événement.
« On a affaire à des organisateurs qui maîtrisent l’œnologie et la dégustation, salue Jean-Marc Gatteron, le directeur de la publication. J’ai été surpris de découvrir une pléiade de vignerons que je ne connaissais pas dans ce salon. J’ai récupéré des échantillons pour notre rubrique « coup de cœur » et quasiment tout ce que j’ai ramené a été validé lors des dégustations à l’aveugle comme Le petit clou des vents, un côte de Duras ou le Grave rouge du Clos 19 bis. Ce fin connaisseur salue surtout la qualité des vins sélectionnés. Selon lui « les organisateurs font l’effort d’éviter les vins « surnaturels », ceux qu’il faut carafer 3 semaines avant de pouvoir les boire ! »
Le top 5 des vins naturels à ne pas manquer au salon
Vous avez une folle envie de déguster un vin naturel mais vous n’avez aucune référence en la matière ? (à consommer avec modération !)
Voici notre sélection sur le salon :
A l’apéro : Le petnat du domaine La Folie Lucé de Loïc Terquem à Saumur. On boit ce pétillant nature par gourmandise, pour sa fraîcheur, ses notes de framboise et ses bulles de cabernet franc élevé en méthode ancestrale. Non filtré, sans levure ni sucre ajouté, un véritable bonbon acidulé signé d’un vigneron chouchou du salon !
Avec un plateau de fruits de mer : Le muscadet Miss Terre du domaine de la Sénéchalière de Marc Pesnot. Un vin blanc sec, tendu, issu de vieilles vignes de Melon de Bourgogne dans la région nantaise. On aime sa finesse aromatique aux notes de pomme et sa grande sapidité. Un vin rare et recherché 100% nature, la signature d’un vigneron virtuose, un fidèle du salon.
Avec une côte de bœuf : Onèsta du domaine L’Astré de Aude Duval et Sylvain Ohayon. Issu d’un vignoble en biodynamie dans le Périgord pourpre, un superbe jus 100% cabernet franc élevé en jarre de terre cuite. Le nez fruité de cette cuvée propose aussi des notes d’épices fraîche, de sous-bois. Sa structure charnue, ses tanins soyeux et sa belle longueur en bouche sont un régal à table.
Avec un confit de canard et ses pommes à la Sarladaise : Haute-Pièce, domaine Parlange&Illouz, de Jérémie Illouz. Un délicieux malbec profond, dense et minéral élevé avec beaucoup d’exigence dans les environs de Cahors. On reste séduit par ce vin chaleureux, charpenté mais d’une incroyable finesse.
Avec un plateau de fromages : Le grangeon Mano, domaine Les Grangeons de l’Albarine de Luc Bauer. Un chardonnay taillé pour la garde, très en dentelle mais avec une puissance aromatique qui ne s’en laissera pas conter par un fromage. Normal, on est en Savoie au cœur du Bugey, en biodynamie chez un jeune vigneron à découvrir au salon.
Vins conventionnels, biologiques, biodynamiques ou naturels : quelles différences ?
Dans le vin, il n’y a pas que des raisins. Il existe actuellement près de 50 additifs autorisés. Pourtant, aucune réglementation n’oblige un vigneron à mentionner leur présence (à l’exception des sulfites) ni les doses de ces produits œnologiques contenus dans une bouteille.