Dans la Creuse, une charte pour que les nouveaux arrivants et les agriculteurs s'entendent bien

Mardi 8 mars, la Chambre d'Agriculture de la Creuse a publié une charte de bienvenue pour les personnes qui emménagent en Creuse. Elle contient des conseils pédagogiques pour mieux comprendre le département où les nouveaux arrivants s'installent.

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Avec la crise sanitaire et les confinements qui l'ont ponctuée, de nombreuses personnes ont fait le choix de quitter les grandes villes - et les petits appartements - pour des lieux de vie plus verts. En Creuse, certains craignent que des personnes habituées à un environnement urbain idéalisent ce qu'ils appellent "la campagne". Une fois installés, ils découvrent alors les bruits des tracteurs et les odeurs du fumier et le reprochent parfois aux agriculteurs.

Pour éviter au maximum que ce genre de scénario ne se produise, la Chambre d'Agriculture de la Creuse a écrit une charte. Intitulée "Bienvenue en campagne creusoise", cette charte doit permettre d'"apprendre à se connaître pour mieux se comprendre", indique la couverture. A l'intérieur du fascicule, on trouve des informations générales sur le département, ainsi que des listes d'engagements pour les particuliers, les agriculteurs et les élus locaux.

Avec cette charte, les particuliers s'engagent à "s'installer en connaissance de cause", "faciliter le passage des véhicules agricoles" ou encore "rester courtois et chercher des solutions à l'amiable en cas de difficulté". De leur côté, les agriculteurs promettent de "rester bienveillant à l'égard des particuliers" et de "faire leur possible pour limiter les désagréments, notamment le week-end".

Une "très bonne chose" selon les agriculteurs

Pour Emmanuelle Poirier, agricultrice bio dans la Creuse et représentante de la FDSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), cette carte est une "très bonne chose"

On travaille le jour, mais aussi la nuit. Les vaches font du bruit, le coq chante, il y a des odeurs. C'est important que l'on sache à quoi s'attendre quand on vient emménager ici.

Emmanuelle Poirier

Emmanuelle Poirier est partagée entre la joie de voir des néoruraux emménager dans la Creuse - "ça recrée une dynamique" - et la crainte de les voir "imposer leurs propres lois". Elle admet que cette peur s'est intensifiée quand elle a vu qu'un agriculteur de l'Oise avait été condamné à payer 100 000 euros de dommages et intérêts à cause des plaintes pour nuisances visuelles et olfactives de ses voisins.

Elle poursuit : "A côté de mon exploitation, il y a des maisons en construction. J'espère que les gens qui les achèteront sauront qu'il y a une agricultrice qui travaille pas loin. Parce que oui, quand j'étale le fumier sur mon champ, ça fait des odeurs."

Pascal Boiron, lui aussi éleveur de vaches, abonde également dans ce sens. "C'est vrai que les nouveaux Creusois ne comprennent pas toujours ce qu'on vit ici", affirme-t-il. Pour lui, une telle charte "ne peut être qu'utile". Sa seule crainte est de voir le prix de l'immobilier augmenter, "car ce sont souvent des gens qui ont plus de moyens que nous". "Mais c'est vrai qu'il faut aussi que ça se renouvelle par ici", concède-t-il.

Bruits de dindons et tracteur à 22 heures...

Jean-Sébastien Henry n'a pas attendu la crise sanitaire pour faire le grand déménagement. Après plus de 20 ans à Bruxelles en Belgique, l'artiste "Jeansé" a décidé d'emménager en Creuse en 2014. Bien qu'il vienne d'un milieu urbain, il assure qu'il était "conscient" des bruits que peut causer le travail agricole. "Cela ne m'a posé aucun problème", dit-il.

Il se demande si cette charte n'est pas "un peu caricaturale" par rapport au comportement des nouveaux arrivants... avant de se raviser. "C'est vrai que dans mon village, j'ai entendu qu'un monsieur avait eu des problèmes parce que ses dindons faisaient trop de bruit selon un voisin." 

Lui, en revanche, n'a jamais eu de problème de voisinage. "J'ai été très bien accueilli par les Creusois à mon arrivée", se souvient-il. Même s'il est toujours considéré comme un nouvel arrivant après huit ans dans la Creuse, Jean-Sébastien Henry saisit les inquiétudes des habitants du département : "Ils ont peur d'être dépossédés, de perdre leur nature. Avant, ils se connaissaient tous. C'est moins comme ça maintenant."

La meilleure chose que j'ai fait dans ma vie, c'est de m'installer dans la Creuse.

Jean-Sébastien Henry

Pour Chloé Touchais, habitante de la Creuse depuis quatre ans, cette charte est sans aucun doute une "bonne idée". Si elle venait déjà d'un milieu rural avant de venir dans ce département, elle se dit que cela peut certainement être utile aux autres personnes. "L'idée c'est d'apprendre à vivre ensemble et c'est vrai qu'il y a des choses qui peuvent être surprenantes", sourit-elle. Elle se souvient du premier été où elle habitait là, elle avait été étonnée d'entendre un tracteur passer à 22 heures.

Cette démarche semble accueillie avec enthousiasme par les principaux concernés. La charte de bienvenue signe peut-être une nouvelle ère pour une Creuse plus unie entre néoruraux et locaux.

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