Protéger les entreprises de sous-traitance et les salariés qui y travaillent : c'est l'objectif du projet de loi des ex-GM&S présenté ce jeudi 11 octobre lors d'une conférence de presse au Sénat, pour éviter que l'histoire ne se répète. En 2017, le sous-traitant automobile creusois était mis en liquidation judiciaire. Cent cinquante-sept salariés étaient licenciés.
Le coup de massue tombe en mai 2017. Après huit mois de bras de fer entre représentants du personnel, Etat et les donneurs d’ordres PSA et Renault, l’entreprise GM&S était mise en liquidation judiciaire.
Le sous-traitant de La Souterraine sera repris par LSI en septembre 2017. Sur les 277 salariés, 157 resteront sur le carreau.
C’est pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise que des ex-GM&S tenaient une conférence de presse ce jeudi 11 octobre à Paris, au Sénat.
En mai 2020, ils avaient déposé un premier projet de loi à l’Assemblée Nationale pour mieux encadrer les relations entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants automobiles. En mai dernier, ils récidivaient au Sénat avec une nouvelle proposition de loi.
« Ce que nous voulons, c’est élargir à toute la sous-traitance. Face à une réalité de casse de l’industrie, nous voulons que soient prises en considération ces entreprises. Pas seulement les sous-traitants automobiles, mais aussi ceux qui travaillent pour la SNCF, EDF… », explique Vincent Labrousse, ex-délégué CGT GM&S.
Principaux points du projet de loi
- Mettre en place des contrats types ;
- Renforcer la responsabilité économique, environnementale des donneurs d’ordres ;
- Intégrer les intérêts des sous-traitants dans les comités de groupe des donneurs d’ordres ;
- Limiter le recours à la sous-traitance en cascade.
Bref, il s’agit d’encadrer les grandes entreprises pour qu’elles respectent leurs engagements et ne délaissent pas leurs sous-traitants, ce qui avait abouti à la liquidation de GM&S en 2017.
La proposition de loi des ex-GM&S a-t-elle une chance d’être votée ?
Pour l’ex-délégué CGT GM&S Vincent Labrousse, c’est une volonté politique, « soit on est pour une responsabilisation des donneurs d’ordres, soit on considère que c’est la main invisible du marché, qu’il n’y a pas de responsables. Pour nous, il y a des responsables. »
Des ex-GM&S qui ont toujours envie d’en découdre pour faire évoluer en toute transparence le secteur de la sous-traitance. Plusieurs sénateurs et députés de la NUPES soutiennent ce projet de loi mais, sans majorité aux assemblées, cette mobilisation sera-t-elle suffisante pour faire pencher la balance ?
Une proposition qui a au moins le mérite de poser le débat de la sous-traitance industrielle sur la place publique. Un colloque a lieu au Sénat à Paris vendredi 21 octobre prochain, il est ouvert à tous.
GM&S, toute une histoire
Avant d’être progressivement démantelée, GM&S a été pendant des décennies un fleuron de l’industrie limousine.
- En 1963, Bernard Godefroy et Roger Devienne fondent, à La Souterraine, la Socomec, ancêtre de GM&S. L’entreprise était, au départ, spécialisée dans les guidons de bicyclettes et trottinettes pour enfants.
- Dans les années 70, un contrat est passé avec Renault agriculture. L’entreprise devient un sous-traitant de l’industrie automobile, spécialisé dans l’emboutissage. Le chiffre d’affaires est multiplié par trente en neuf ans. Le site emploiera jusqu’à 1 200 personnes.
- Dans les années 80, l’entreprise croît. Des ateliers de construction sont construits, de nouvelles machines installées. Deux sites supplémentaires sont créés au Mans et à Bessines mais le groupe Socomec se révèle trop fragile. Wagon, Sonas, Atlantique industriel, Altia, GM&S…au cours des années suivantes, les usines sont vendues à différents groupes jusqu’à la liquidation judiciaire en 2017.
Malgré les aléas et avec une activité réduite, cinq ans après le plan de licenciement, le site de la Souterraine est toujours en activité. Il a été repris par LS Industrie, 113 salariés y travaillent.