Les termes sont de moins en moins inconnus du grand public. Solutions d'avenir face aux défis écologiques du moment, ces méthodes de production font encore figure d'expérimentations, mais continuent à s'imposer peu à peu face à l'agriculture conventionnelle
Une agriculture à 80% moins gourmande en eau, et qui permet de produire des protéines animales avec un minimum de gaz à effet de serre. Une culture sans impact sur l'environnement, qui ne dessèche pas les sols, ne nécessite pas d'intrants phytosanitaires, laisse sa place à la biodiversité. Non, vous n'êtes pas dans une œuvre de science-fiction ou dans une utopie futuriste, mais bel et bien dans une des nouvelles formes de production alimentaire qui émerge à travers toute la France depuis quelques années.
Aquaponie, et permaculture, l'exemple de la nature
Nées dans l'esprit de quelques pionniers parfois pris pour des farfelus, la permaculture et l'aquaponie sont désormais des solutions viables pour une production alimentaire maîtrisée et rentable. Le principe est simple, reproduire le cycle naturel dans un circuit fermé, sans ajouter de produits, mais en utilisant les ressources en interne.
Circuit vertueux
L'aquaponie consiste à réaliser un circuit fermé entre une production piscicole et une production de légumes. Pour résumer, les poissons produisent une eau chargée de nutriments qui sert à nourrir les légumes, placés dans un substrat de billes d'argiles, de sable ou carrément posés sur des radeaux, les racines baignant dans l'eau nutritive. À leur tour, les légumes filtrent et débarrassent l'eau de ces substances nutritives, elle peut donc servir à nouveau aux poissons. L'eau est recyclée, et la boucle est bouclée.
Zéro impact
La permaculture procède du même esprit : dans un potager ou une petite ferme, réaliser un écosystème permettant une rotation des cultures, une production permanente et extensive. L'avantage est non seulement de respecter l'environnement sans utiliser de produits phytosanitaires, mais en plus d'enrichir le milieu en permettant le développement du biotope.
But unique, méthodes multiples
Ces méthodes se rejoignent dans ce qu'on appelle l'agroécologie. Un terme général qui englobe sans s'y limiter les concepts de compostage, lombriculture, forêt comestible, biogaz, culture sur gazon, culture en lasagne, potagers urbains, mini-forêts, etc.
Implantation périgourdine
À Saint-Astier, près de Périgueux, c'est une ferme aquaponique et permacole qu'ont lancé Matthieu et Clémentine Dubois. Lui est ingénieur aquacole et elle est ingénieure en environnement et écologie. Ils proposent des fruits, des légumes, des aromates, des plantes médicinales, des fleurs comestibles et de la truite. 7 restaurateurs des environs sont déjà clients.
La micro-ferme agroécologique qu'ils ont créé l'été dernier est basée sur trois méthodes : une surface de maraîchage sur sol vivant, de l'agroforesterie et de l'aquaponie. Pour l'aquaponie, cela se passe dans une serre de 1900 m2 qui contient six cuves, 75 000 litres où évoluent des truites arc-en-ciel. L'eau est captée par les gouttières et recyclée, donc sans impact sur l'environnement. Rentabilité financière espérée d'ici à deux ans.
L'aquaponie à domicile, c'est possible
Sans aller jusqu'à ces installations haut-de-gamme tenues par ce couple d'ingénieurs, de plus en plus de particuliers montent leur propre installation d'aquaponie à domicile pour quelques dizaines d'euros, à l'aide de systèmes simples de cuves de 1000 litres et de pompes, les poissons utilisés les plus rustiques étant des tilapias. Tout est envisageable dès lors qu'on possède un local fermé (donc à température plus ou moins contrôlée). Vous trouverez pléthore de méthodes et d'exemple ici.
À noter que pour pousser la démarche jusqu'au bout, il est préférable de nourrir les poissons avec une autoproduction plutôt qu'avec des granulés à base de poissons de mer, ces derniers contribuant à vider les ressources des océans.