En Périgord, après la période des cèpes et avant celle des truffes, il y a celle des noix. Le fruit possède même son marché traditionnel,
La cloche sonne, agitée haut et fort par le placier. C'est le signal du début des tractations. Il est encore tôt, mais les affaires se traitent dès potron-minet.
La tradition est ancestrale à Tocane-Saint-Apre, petite commune rurale au Nord-Ouest de Périgueux. À la saison, à partir de la mi-octobre, le lundi matin, les camionnettes déboulent allée du camping, chargées de leurs sacs de toile de 25 kg. Le manège va durer un bon mois, le temps de la récolte.
Entre habitués
Ceux qui viennent ici sont des habitués. La moyenne d'âge est relativement élevée, acheteurs et vendeurs se pratiquent de longue date.
Un regard, une poignée de main, quelques paroles échangées à mi-voix, les négociations se font autant sur la confiance que sur les cours. Selon la météo et la quantité apportée, chacun sait d'avance ce que vaut la marchandise. Le tout est de tomber d'accord après un petit jeu convenu pendant lequel on tentera quand même de tirer un peu la couverture à soi.
Les flottements de la noix
Pour autant, les années se suivent et ne se ressemblent pas toutes comme deux noix. La grosseur, le taux de séchage, la régularité, la demande, les prix évoluent sans cesse. Les dizaines de vendeurs qui vont défiler pendant un mois le savent, en apportant leurs sacs de Corne et de Franquette, les deux principales variétés locales avec la Grandjean et la Marbot, toutes quatre estampillées Appellation d'Origine Contrôlée.
Cette année, les prix tangueront entre 1,5 et 2 €uros le kilo. Les centaines de kilos qui s'échangeront partiront à la revente pour des transformateurs, des restaurants ou des exportateurs, elles garniront les tables, seront décoquillées pour les préparations culinaires, ou rempliront les bouteilles d'huile.
C'est vraiment un petit marché, là. Il y a beaucoup de producteurs qui vendent dans les grosses coopératives. Ils ne viennent plus dans le marché. Il n'y a rien que ceux comme moi qui ont deux ou trois cent kilos de noix
Jean-Jacques Brudy, nuciculteur
Tradition et modernité
Une tradition ancestrale à laquelle contribuent de nombreux petits producteurs locaux. Mais pour combien de temps encore ? Au fil des années, la majorité d'entre eux s'est regroupée en coopératives et leurs noix suivent désormais les canaux de revente bien codifiés de la grande distribution avant d'arriver au casse-noix du consommateur.