Grêle, gel, sécheresse, flambée des prix, épidémies : 2022, la pire année pour les agriculteurs de Dordogne

Les cheptels décimés par les maladies, des récoltes ruinées par la météo, l'énergie et les matières premières dont les prix flambent : jamais l'agriculture locale n'avait essuyé tant de calamités conjuguées. La Chambre d'Agriculture estime déjà les pertes à 120 Millions d'Euros

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une année bonne et l'autre non, les agriculteurs de Dordogne * connaissent le refrain. Sauf que 2022 a été bien plus qu'une année "pas bonne". Une année mauvaise, voire même la pire année de mémoire d'agriculteur. Tout le monde, dans tous les secteurs, à un titre ou à un autre, a souffert. Les éleveurs ont connu des pandémies, les cultivateurs des aléas climatiques, et tous ont dû et doivent encore saigner leur trésorerie pour faire face à l'augmentation des matières premières et de l'énergie. Vendredi 2 septembre, Jean-Pierre Granger, Président de la Chambre d'Agriculture de Dordogne a dressé un sombre bilan, il estime l'ardoise (provisoire) à 120 Millions d'€uros de pertes.

Grippe aviaire : entre 4 et 8 millions d'€uros

Environ 16 500 tonnes de volailles élevées par an, 5ème producteur national avec 3 millions de canards produits par an, la Dordogne fait vivre des centaines d'artisans, producteurs, industriels et commerçants rien qu'avec cette filière.

La pandémie de grippe aviaire apparue fin novembre 2021 dans le Nord, a touché cette année 450 communes de Dordogne et 330 000 volailles ont du être euthanasiées (16 Millions en France). La Chambre estime à 4 Millions d'€uros les pertes directes mais le chiffre définitif devrait être bien supérieur, car les dossiers d'indemnisation ne sont pas tous clos, et les pertes des exploitations condamnées à l'arrêt n'ont pas toutes été estimées.

Les effets sont à long terme. Les productions de canetons ayant aussi été ravagées, les producteurs n'ont pu se procurer qu'un quart de leur quantité de volaille habituelle pour l'année à venir. Pire, les premiers nouveaux cas de grippe aviaire sont déjà signalés dans des élevages dans l'Ain et en Vendée. En Charente-Maritime, l'Île d'Oléron a également été placée en vigilance renforcée après la découverte de fous de Bassan contaminés.

Grêle et Gel : 45 Millions d'€uros

Vignes, fruits, céréales, les épisodes de gel du printemps puis de grêle au mois de juin ont frappé sans distinction. Le gel a détruit la floraison des arbres fruitiers. Les pruniculteurs ont été particulièrement concernés, certaines exploitations n'ont obtenu aucun fruit. Les récoltants de pomme, de châtaignes et de noix sont aussi concernés, tout comme les viticulteurs du Bergeracois.

Des champs hachés par la grêle

Puis, à cette période de gel s'est ajoutée l'exceptionnel épisode de grêle du 20 juin qui a littéralement haché les parcelles du Ribéracois et du Bergeracois. Environ 700 agriculteurs concernés, et une perte estimée à 45 Millions d'€uros, pour des agriculteurs rarement assurés pour ce risque. Dans ce contexte, le Million d'€uros de fond d'urgence débloqué par l'État paraît bien dérisoire.

Là aussi, il faudra attendre les chiffres de la récolte 2022 pour avoir des chiffres plus précis, et sans doute encore moins rassurants. Corollaire à plus long terme, dans beaucoup d'exploitations, la trésorerie exsangue ne permettra pas d'investir dans les semis d'automne, et donc d'assurer la production à venir.

Les forêts aussi

Peut-être moins visible, la forêt a pourtant aussi essuyé la tornade de grêle du 20 juin. Sur 20 000 hectares, la Chambre d'Agriculture estime que les dégâts y ont été pires que lors de la tempête de 1999. Des dégâts qui à l'été sont devenus critiques en favorisant les feux de forêt.

Sécheresse et canicule : 26 Millions d'€uros

À l'été, c'est la période caniculaire et la sécheresse qui ont fait des ravages. Trois périodes de canicule successives qui ont brûlé les plantations de céréale, maïs, tournesol, blé, et aussi compromis la production de fourrage prévue pour l'hiver. Un fourrage qui se fera rare, donc cher. Les restrictions de pompage liées à la sécheresse, toujours en cours à ce jour, n'ont pas permis de compenser. Et les pluies sont arrivées trop faiblement et trop tardivement pour corriger le déficit estival. La Chambre d'Agriculture estime les dégâts à 26 Millions d'€uros.

Augmentation des carburants et matières premières : 9 millions d'€uros

L'invasion russe en Ukraine a fait s'envoler le prix des carburants, indispensables pour l'activité agricole, tout comme les matières premières tels que les engrais produits en Russie. Un surcoût que la Chambre d'Agriculture chiffre à environ 9 Millions d'€uros. 

Déjà 9% de bovins en moins en Dordogne

Autre poste qui s'est envolé, l'alimentation pour animaux. Les prix ont pratiquement doublé. Les éleveurs dansaient déjà sur le fil du rasoir, avec des marges réduites au minimum. Augmenter les coûts aura pour conséquence des arrêts d'activité et des départs à la retraite anticipée redoutent les responsables de la Chambre d'Agriculture.

Certains éleveurs font le choix de vendre une partie de leur cheptel pour payer l'alimentation nécessaire et avoir moins de frais cet hiver. Conséquence, le nombre de bovins a déjà baissé de 9% dans le département et le mouvement semble s'accélérer. On peut comprendre le découragement des éleveurs bovins qui à peine un an auparavant avaient déjà essuyé une vague de tuberculose bovine destructrice.

* Les chiffres clés de l'agriculture en Dordogne

  • 2,8 Milliards d'€uros de Chiffre d'Affaire
  • 1 actif sur sur 4 travaille dans l'agriculture ou l'agroalimentaire
  • 6 000 exploitations emploient 14 000 salariés dont une majorité de saisonniers.
  • 30% des chefs d'exploitation sont des femmes
  • 353 100 hectares de surface agricole, hors forêts
  • 200 agriculteurs s'installent chaque année
  • 1er  département bio de Nouvelle-Aquitaine, avec plus de 1 000 exploitations sur 35 000 hectares
  • 1er département français de Tourisme à la Ferme
  • 1er département français pour veaux de boucheries et oies grasses
  • 2ème département français pour les noix, 3ème pour la châtaigne, 5ème pour les pommes
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information