Bien maussade cette année, la place Saint Louis, le temple des amateurs de palmipède engraissés en Périgord. Si des millions de canards et d'oies ont bien été abattus, ils l'ont été pour cause de grippe aviaire et n'ont pas été commercialisés.
En quarante ans d'existence, la place Saint-Louis de Périgueux avait rarement connu une si faible fréquentation de son marché au gras. D'ordinaire les mercredis et samedis entre novembre et mars, les étals de ce marché dédié aux palmipèdes engraissés débordent de produits locaux offerts à la convoitise des chalands et des cuisinières. Pas de cela cette année. Quelques consommateurs optimistes sont bien venus tenter de dénicher le magret de leur rêve, mais le cœur n'y était pas, et le foie non plus.
Du maigre dans les étals de gras
Comme annoncé, la grippe aviaire a enrhumé le marché, et la pénurie n'a épargné personne. Forcément, l'abattage préventif ou curatif de 20 Millions de palmipèdes, ça laisse des traces. Au niveau national, le manque est d'environ 40%. Les quelques producteurs qui avaient sauvé leur cheptel ont été dévalisés bien avant les réveillons, et seuls ceux qui ont réagi dans les tout premiers jours de la grippe en garantissant leur futur approvisionnement ont encore quelques produits à proposer.
La crise du foie risque de durer
La situation ne devrait pas s'améliorer avant la fin de la saison, en mars prochain. Faute de canetons, la filière n'a pas eu le temps de se reprendre, les couvoirs des pays de la Loire ayant été eux aussi durement touchés. Depuis le printemps dernier, seul un quart des canetons a pu être fourni. Et le marché au gras 2023-2024 risque bien de ressembler à celui de cette année.
Reportage sur place d'Émilie Bersars et Hermine Costa
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