Nuisances sonores ou olfactives, crainte de pollution... En zones rurales, les querelles et procès se multiplient ! Pour y faire face, la Chambre d'Agriculture de la Dordogne organise des rencontres entre élus, habitants et agriculteurs. Le but, élaborer une charte de bon voisinage.
Des poules oui, mais pas de coq !
"À l'école du village, nous avons quelques poules. Pour éviter tout problème, j'ai interdit à la directrice de prendre un coq !" s'amuse Eric Forgeneuf, maire de Saint-Estèphe, petite commune rurale du Périgord vert. Ici, comme ailleurs, les problèmes de voisinage liés à la ruralité sont monnaie courante."Certains se plaignent des aboiements des chiens ou du chant du coq ! Il y a beaucoup de monde qui vient se renseigner en mairie pour savoir à quelle heure passer la tondeuse. J'essaie de régler ça à l'amiable, avant qu'il y ai des procédures" poursuit l'édile.
La faute aux néo-ruraux ?
Ces querelles sont souvent imputées aux néo-ruraux, peu habitués aux bruits de la campagne. Né à Saint-Estèphe, l'élu temporise : "Dans tous les villages, il y a toujours eu des conflits entre voisins ! Autrefois, c'était plutôt lié aux terrains" explique-t-il.Egalement éleveur de vaches prim'Holstein, il a vu débarquer, il y a quelques années, un couple de néo-ruraux. "Mes génisses sont à 10 mètres de chez eux et je n'ai aucun souci." Preuve que la cohabitation est possible ! "Quand on vient vivre près d'une ferme, il faut s'attendre à voir des animaux et du fumier ! On est obligé de désherber, d'épandre des engrais, de passer avec nos gros tracteurs. On fait du bruit, mais c'est obligatoire" poursuit-il.
Établir un dialogue
Pourtant, il arrive que ces bruits gênent les oreilles les plus sensibles. Nous avons tous en mémoire l'histoire du coq Maurice, accusé de chanter trop fort, ou encore celle des grenouilles de Grignols, jugées trop bruyantes. Pour éviter d'en arriver à de telles procédures, la Chambre d'Agriculture de la Dordogne organise des rencontres entre élus, habitants et agriculteurs. Le but, rassembler tout le monde autour de la même table afin d'élaborer une charte de bon voisinage.Pour Jean-Philippe Granger, éleveur et président de la Chambre d'Agriculture, ces concertations sont primordiales."Je n'aime pas le terme agribashing ! C'est à nous de faire des efforts et de communiquer sur nos métiers. Par exemple, dire aux gens que quand ils voient un pulvérisateur sur les routes, ce n'est pas forcément des produits phytosanitaires !"