L'été avec Napoléon III : les Aquitains de l'Empereur

"Vous êtes mes soldats". Ainsi s'exprimait Napoléon III lors de son discours de Bordeaux. Parmi ses troupes, prêtes à réaliser ses grands desseins, se trouvaient plusieurs Aquitains. Des personnages romanesques dont les portraits ont été dressés par deux Girondins, Pierre Brana et Joëlle Dusseau.

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Nous poursuivons notre série "l'été avec Napoléon III", en compagnie de Pierre Brana et de Joëlle Dusseau, deux historiens qui proposent un voyage très documenté et passionnant dans les coulisses du Second Empire (Editions Sud-Ouest). On  y découvre le rôle de premier plan qu'ont occupé plusieurs Aquitains. 

Pourquoi s'intéresser à Napoléon III en 2020 ?

Napoléon III a un côté fascinant. Il a été un repoussoir dans l’Histoire de France, symbole à la fois d’un coup d’Etat qui met fin à la deuxième république en 1851 et d’une défaite militaire face à l’Allemagne (le désastre de Sedan en 1871) qui a comme conséquence l’occupation d’une partie de la France pendant plusieurs années et la perte de l’Alsace Moselle.

Mais si l’on y regarde de plus près, la France de la « fête impériale » connait un prodigieux développement économique, se transforme durablement, tandis que l’Empereur a par ailleurs des préoccupations sociales indéniables. 
 
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Vous parlez de ses "soldats" en référence à son discours de Bordeaux. Comment se fait-il qu'il y ait autant d'Aquitains dans son entourage proche ?

Nous avons été surpris de découvrir qu’il y avait dans son entourage et parmi les personnages qui ont transformé la France en profondeur sous le Second Empire bien des « Aquitains ». Soit des hommes qui sont nés en Aquitaine - c’est le cas de son chef de cabinet Mocquard, l’homme de l’ombre et de tous les secrets, les extraordinaires frères Pereire ou le ministre des finances Pierre Magne. Soit des hommes qui ont des attaches avec l’Aquitaine, comme Hausmann, préfet de Gironde lors de la venue de Louis-Napoléon en Gironde en 1851, extraordinaire metteur en scène de cette visite, ou Henri Crouzet, directeur de la ferme modèle de Solférino dans les Landes, aménageur des marais d’Orx et qui est le véritable auteur de l’assèchement et de la transformation des Landes. Nous nous sommes permis d’y rajouter une femme qui adorait la côte basque et l’océan, et qui est majeure dans la transformation de Biarritz, l’impératrice Eugénie…
 
Comment définiriez-vous l'esprit de son action dans l'ex-Aquitaine ? Peut-on dire qu'il était "visionnaire" ? En quoi ces actions furent-elles fondatrices ?

Ce qui est tout à fait extraordinaire (et très contemporain) c’est une volonté très interventionniste de l’Etat et l’idée que l’action politique passe d’abord par l’aménagement du territoire. Pour notre région, comme nous le développons dans notre livre, Napoléon III eut deux axes prioritaires : les transports, car l’empereur est l’homme des chemins de fer et suit de près le maillage de la région par la compagnie du Midi des frères Pereire – notamment Emile ; l’assèchement des zones marécageuses, à la fois pour lutter contre les maladies infectieuses et pour développer l’agriculture dans ces zones. Mais il a aussi accompagné le développement du thermalisme et la « création » de cités balnéaires, bien sûr Arcachon et Biarritz.

Pourquoi, 150 ans après, en sait-on finalement si peu sur lui dans la région ?

Napoléon III a été rejeté par l’opinion. Victor Hugo y est pour beaucoup, mais comme nous l’avons dit le coup d’Etat en 1851 et Sedan en 1870. Il a mal commencé et mal fini ! Et puis les années qui suivent la chute de l’Empire sont des années qui connaissent un retour de la religion et de la morale, alors que le Second Empire symbolisait l’argent facile, l’enrichissement spectaculaire d’hommes comme Morny, les opérettes d’Offenbach, qui se moquait tant de la culture classique que des militaires… Dès 1871, le monde officiel s’est dépêché de l’oublier, de l’effacer, comme il a effacé durablement l’impératrice Eugénie.

Lui doit-on vraiment le classement des vins de Bordeaux de 1855 ?

On a souvent tendance à vouloir rattacher une décision à un nom. Les choses sont en réalité beaucoup plus complexes. Le classement de 1855 des vins de Bordeaux est tout à fait extraordinaire. Il s’est fait à l’occasion de l’exposition universelle de 1855 à Paris (la première exposition universelle qui se déroulait en France !). La Chambre de commerce de Bordeaux, présidée par l’ancien maire de Bordeaux Duffour-Dubergier, a proposé d’envoyer à cette exposition toute une série de vins de Gironde, et surtout d’accompagner cet envoi d’un classement établi par les courtiers, pour « illustrer » et faire mieux connaître nos vins. Ce qui a été fait. Certes, il y avait eu par le passé plusieurs classements en cinq catégories, mais le classement de 1855 est devenu une institution à laquelle on n’a pratiquement pas touché (seul Mouton Rothschild est passé par la suite de deuxième grand cru à premier grand cru). Il le doit à sa présentation à Paris, dans cette immense foire internationale qu’était l’Exposition universelle qui s’est déroulée en présence de toutes les têtes couronnées d’Europe. Alors oui, pour cette raison, à ce titre-là, Napoléon III est bien le « père » du classement de 1855.

Que diriez-vous de l'image de l'empereur aujourd'hui ? Napoléon III est-il (ou doit-il) être "réhabilité" ?

Un travail a été entrepris depuis quelques années par des historiens pour présenter un bilan plus nuancé et plus juste du Second Empire. Mais Napoléon III reste un personnage peu aimé et rejeté par l’opinion. Son arrivée au pouvoir par un coup d’Etat, les morts et la répression qui l’ont accompagné, l’aspect « autoritaire » - en fait dictatorial – de la première décennie de l’Empire, ne doivent pas être oubliés. Mais notre travail à travers ces « Aquitains » - au grand sens du terme puisque nous y avons inclus le banquier ministre des finances Achille Fould, qui était implanté à Tarbes – nous a permis de présenter des personnages tout à fait passionnants, au service d’une vraie volonté de transformer la France. Et, derrière chacun de nos « Aquitains » se profile le personnage de Napoléon III, qui mérite infiniment, nous semble-t-il, de sortir de l’ombre pour revenir en pleine lumière, avec ses défauts mais aussi ses qualités.

Retrouvez tous nos articles précédents :

Napoléon III et le Rocher de la Vierge ; Napoléon III et la forêt landaise ; Napoléon III et les huîtres ; Napoléon III et les digues de Saint-Jean-de-Luz ;
l'exposition du centenaire de l'Impératrice au Musée Historique de Biarritz

 

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