Au bassin d'Arcachon, "zone de navigation dangereuse", la SNSM redouble de vigilance

Sur leur temps de mobilisation comme de repos, les cinquante bénévoles de la Société nationale de sauvetage en mer s'entraînent pour répondre aux pannes et accidents des plaisanciers. Des exercices d'autant plus importants ici, au bassin d'Arcachon, où des bancs de sable souvent invisibles se déplacent sous les flots.

À l'échelle de la France, le bassin d'Arcachon est réputé pour être l'un des endroits de navigation les plus dangereux. En cause, la présence de bancs de sable mouvants et souvent invisibles à l'œil nu. Les sauveteurs de la Société nationale de sauvetage (SNSM) interviennent alors fréquemment, dans la lagune ou en mer, pour venir en aide aux plaisanciers qui se seraient coincés ou fracassés contre ces dunes aquatiques. De jour comme de nuit, en travail ou en congé, la cinquantaine de bénévoles est constamment sur le qui-vive. 

Il est onze heures, ce lundi 12 août, au large du Cap-Ferret. Sous le ciel gris, lourd et menaçant, une dizaine d'hommes s'active sur le pont d'une embarcation remuée par une mer agitée. Ce sont les sauveteurs de la SNSM, reconnaissables entre mille à leurs équipements orange fluorescent. Dans un silence presque absolu, chacun est à son poste. Prêt à intervenir.  

Des exercices de terrain

"Aujourd'hui, nous remorquons une embarcation en détresse", raconte Frédéric Colledani, le patron suppléant du navire, précisant qu'il s'agit d'un exercice mené à bord des bateaux de l'association. "Il est important de répéter autant que possible toutes les manœuvres, poursuit le bénévole. Elles répondent à des techniques particulières qui nécessitent une certaine coordination à bord." Autrement dit, l'objectif est le suivant : chacun doit connaître son rôle et pouvoir agir rapidement.  

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Les sauveteurs de la SNSM d'Arcachon, en Gironde, portent secours à une cinquantaine de navires chaque année. ©France 3 Aquitaine / Laure Bignalet

Le scénario imagine aujourd'hui un navire en avarie moteur, dont l'une des pièces aurait cassé. Dans un premier temps, les bénévoles doivent lancer une touline au navire en détresse, soit une corde fine à l'extrémité de laquelle est formé un nœud en poing de singe. Elle sert à faire la liaison entre les deux embarcations. Une fois établie, le navire secouru doit amener la remorque vers lui et amarrer le bateau de secours sur un point fixe. Puis, poursuit Frédéric Colledani, "le remorqueur met ensuite le gaz pour amarrer la remorque sur notre point d'ancrage".

Action, prévention

Si les conditions d'assistance ont plutôt été faciles lors de cet entraînement, ce n'est pas toujours le cas. Le bénévole se souvient encore d'une opération de sauvetage particulièrement difficile. "Un jour, nous sommes intervenus sur un naufrage de voilier, raconte-t-il. Le bateau s'est échoué sur un banc au large." Dans ces conditions, face à des "vagues déferlâtes", les sauveteurs ont dû utiliser l'annexe de bord pour secourir, un à un, les passagers du voilier. "La mer n'était pas assez profonde", se souvient encore le bénévole. 

Pour le président de la SNSM Le Ferret, Sébastien Duluc, ces bancs sont d'autant plus dangereux qu'ils bougent selon les conditions climatiques. "Après chaque tempête, leur configuration change, assure le président de la station. Deux à trois fois par an, il faut faire des reconnaissances approfondies de ces bancs pour connaître les endroits où l'on peut passer." Il insiste : "On travaille en aval, mais aussi beaucoup en amont."

Des comportements à risque

Loin des phénomènes naturels, les interventions des sauveteurs sont parfois motivées par des comportements à risque. Un bénévole glisse : "Quand ils sont sur l'eau, ils se pensent en totale liberté. Certains font des pique-niques très chargés, avec beaucoup d'alcool, rapporte-t-il. D'autres ne font pas attention au port des gilets de sauvetage dès la sortie du bassin." Il rappelle : "Le navigateur est le seul responsable à bord du bateau, il est chargé d'appliquer les règles de conduite."

Ces interventions, qui répondent donc à des causes variées, ont des coûts importants pour la SNSM Le Ferret. "Nous, on vit des dons, rappelle le président Sébastien Duluc. Environ 70 % d'entre eux proviennent des particuliers et du mécénat, dont environ 26 % de l'État. Les 30 % restants, ce sont les interventions que nous faisons payer aux plaisanciers, comme des remorquages." La SNSM d'Arcachon, pour "assurer sa mission de service public", relance actuellement son opération de collecte.   

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