LGV Bordeaux-Toulouse : Bordeaux métropole dit "oui", mais le financement est loin d'être bouclé

Les élus de Bordeaux-Métropole ont voté majoritairement en faveur du financement de la ligne Bordeaux-Toulouse. Mais de nombreuses collectivités d'Aquitaine rechignent encore à mettre la main à la poche sur ce dossier.

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C'est donc fait. Bordeaux Métropole a voté en faveur de leur participation au financement de la LGV Bordeaux Toulouse. Une enveloppe de 354 millions d'euros sur laquelle les élus de la majorité de gauche se sont divisés. 
Le président socialiste Alain Anziani y était favorable, quand les élus EELV, menés par le maire de Bordeaux Pierre Hurmic s'y opposaient.
 Mais sur ce dossier, les socialistes ont pu compter sur les voix de la droite, qui leur ont permis de remporter le vote. Et c'est donc par 62 voix pour, 38 contre et 2 abstentions que le vote de Bordeaux métropole a penché en faveur du "oui".

Toulouse à 1 h 05 de Bordeaux

Ce projet de LGV, entre Bordeaux et Toulouse, soit une prolongation de la ligne Paris-Bordeaux, prévoit une ligne à grande vitesse longue de 222 kilomètres. Celle-ci permettrait au train de circuler à 320 km/h et placerait Toulouse à 1h 05 de Bordeaux et 3h10 de Paris. Il implique la création de deux nouvelles gares, à Agen et Montauban.

Dans ce Grand projet du Sud ouest (GPSO), est également prévue une branche entre Bordeaux et l'Espagne, desservant Dax et Bayonne, avec un tronc commun sur les deux branches situé en Gironde, entre Saint Médard d'Eyrans et Bernos-Beaulac.

Un financement difficile à boucler

Le coût total de l'opération est chiffré à 14,1 milliards d'euros. En avril 2021, le Premier ministre Jean Castex formalisait l'engagement de l'Etat : 40 % des travaux et 4,1 milliards d'euros, pour le tronçon Bordeaux-Toulouse.

L'Union européenne financera 20 % de l'enveloppe. Charge ensuite aux collectivités locales des régions de Nouvelle-Aquitaine et d'Occitanie de boucler les 40 % restants.

Et c'est bien là que le bât blesse. Si en Occitanie, les 16 collectivités locales ont d'ores et déjà bouclé le financement pour un montant global de 3 milliards, la situation est plus contrastée en Nouvelle-Aquitaine.

Trois départements défavorables au projet

Si Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, est ouvertement favorable au projet, la partie est loin d'être gagnée. Le Lot-et-Garonne a ainsi déjà acté son refus de participer au projet en octobre. Une décision prise à l'unanimité par les élus du Conseil départemental, qui se voyaient demander une participation de l'ordre de 120 millions d'euros. "L'équivalent de huit nouveaux collèges", indiquait Sophie Borderie, la présidente (socialiste) du Conseil général.

Le département de la Gironde lui a emboîté pas, refusant à son tour de signer un chèque de 280 millions d'euros. Le 22 novembre, le Conseil départemental a adopté à une très large majorité, une délibération sur la création d'un "fonds de concours pour le développement des lignes ferroviaires locales", pour un montant de 170 millions d'euros.

A cette occasion, il a également été précisé que le département n'adhérerait pas à l'établissement public local devant être mis en place en 2022 pour financer la LGV Sud-Ouest et qu'il veillerait aussi à ce que son argent ne soit pas utilisé par Bordeaux Métropole pour financer les Aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux (AFSB), une composante du projet de la ligne à grande vitesse (LGV).

S'agissant des Pyrénées-Atlantiques, le président Jean-Jacques Lasserre (Modem) a, lui, jugé "inacceptable" la facture de la LGV, d'un montant de 300 millions d'euros en ce qui le concerne.

De nombreux élus à convaincre

Au-delà des départements, de nombreuses collectivités d'Aquitaine rechignent à mettre la main à la poche. Ainsi les maires des 158 communes de la communauté d'agglomération du Pays Basque, présidée par Jean-René Etchegaray, qui doivent en débattre le 18 décembre. Mais, déjà échaudés par un conflit autour du financement du tronçon de LGV Tours-Bordeaux, ils sont loin d'être convaincus de l'intérêt de la LGV pour leur territoire.

Côté Landes, sur le tronçon Bordeaux-Dax, la LGV doit passer à une quinzaine de kilomètres au nord de la préfecture landaise. Conséquence : le Conseil de Mont-de-Marsan Agglo est sollicité sur un montant pouvant atteindre jusqu'à 22 millions d'euros.

Mais pour les élus landais, la validation passe par des conditions, notamment de calendrier, formulées dans une lettre d'intention. "On ne veut pas signer un chèque en blanc, a déclaré le président de l'agglomération Charles Dayot auprès de France 3 Aquitaine. Nous disons oui, à condition que les travaux soient concomitants, entre l'Occitanie et ici. Il ne faut pas les repousser aux calendes grecques".

Autres exigences des élus landais : la réactualisation des études environnementales et un plan de financement permettant d'échelonner les paiements sur "trente ou quarante ans".

Voir le reportage de France 3 Aquitaine sur la position de Mont-de-Marsan Agglo

"Petits égoïsmes"

Ces oppositions des collectivités de Nouvelle-Aquitaine ont fortement irrité Carole Delga. Dans une interview accordée à France Bleu, la présidente de la région Occitanie, qui a contribué à hauteur de 1,2 milliards d'euros, a fustigé "les petits égoïsmes" du maire EELV de Bordeaux Pierre Hurmic qui qualifiait ce projet de "massacre écologiste" et annonçait une mobilisation citoyenne.

ll est facile de parler quand on est à deux heures de Paris, et d'expliquer à des millions de Français qu'ils n'ont pas besoin d'être reliés aux autres et proches de la capitale.

Carole Delga, présidente de la région Occitanie

France Bleu

La région Nouvelle-Aquitaine, les départements des Pyrénées-Atlantiques, et les agglomérations du Pays basque, de Pau, d'Agen, de Dax et de Mont-de-Marsan doivent se prononcer d'ici la fin du mois de décembre.

Opposition citoyenne

De nombreux citoyens et associations sont également vent debout contre le projet. En septembre, le Conseil d'État a rejeté la demande d'opposants, qui réclamaient l'annulation de la déclaration d’utilité publique (DUP) de 2015 sur les travaux d’aménagement du réseau ferroviaire sud de Bordeaux (AFSB).

Une décision qui leur a mis un coup d'arrêt, même si la mobilisation des défenseurs de l'environnement n'a pas pris fin pour autant. 
En Lot-et-Garonne, plusieurs dizaines d'élus et de citoyens continuent de manifester régulièrement, contre le tracé et les infrastructures nécessaires au passage de la LGV.
 
Dans les Landes, une quarantaine d'anti-LGV ont interpellé les élus lors du dernier conseil de l'agglomération de Mont-de-Marsan.
 
À Bayonne, ils étaient 200, début novembre. Tous prônent la modernisation des lignes existantes. S'ils doutent que l'argument écologique puisse faire capoter un projet ardemment défendu par l'Etat, ils espèrent encore que les désaccords financiers joueront en leur faveur.

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