Témoignage. "J'ai commencé à douter, je me disais que j'étais nulle, que tout était ma faute" : récit d'un burn-out

Publié le Écrit par Justine Roy et Marie-Pierre Dabrigeon
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Il y a sept mois, Carole*, employée d'une entreprise bordelaise, se fait diagnostiquer un burn-out. Épuisement mental, physique... son corps lui envoyait des signes depuis des semaines. Depuis, elle a entamé un long chemin vers la reconstruction. Un témoignage issu de notre série "Qualité de vie au travail".

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C'est un long chemin de croix : se reconstruire après un burn-out. Le phénomène touche près de 300 000 à 500 000 personnes en France.

Carole*, dont nous préserverons l'anonymat, en fait partie. Il y a sept mois, l'annonce lui fait l'effet d'un choc. "Je suis allée voir le médecin pour toute autre chose, raconte-t-elle. Et puis il m'a demandé comment ça allait et j'ai commencé à pleurer. Je n'ai pas pu m'arrêter pendant trois heures. C'est là qu'il a mis un mot sur ce que je pouvais avoir."

Quelques tests plus tard, le diagnostic est définitif : Carole souffre bien d'un burn-out, cet état d'épuisement physique, émotionnel et mental, généralement attribué à de lourdes situations vécues au travail.

Le corps et l'esprit

Avec le recul, l'ancienne employée d'un service juridique dans une entreprise à Bordeaux est lucide : son corps lui avait pourtant envoyé plusieurs signes depuis des semaines : "Je sentais que je n'étais pas bien. Je suis tombée malade, j'ai eu des troubles de la mémoire. Ma fatigue me faisait l'effet d'une grande douleur dans tout le corps. Mais je n'avais pas imaginé que ça pouvait être ça."

S'ensuivent des journées difficiles : "Je ne pouvais pas sortir du lit, j'oubliais des mots, des chiffres, se remémore-t-elle. Parfois, je m'arrêtais au milieu d'une conversation en me demandant pourquoi je parlais de ça." Elle a beau se décrire en personne positive, Carole ressent comme "un vide" en elle, "comme si tout me dépassait."

À fleur de peau, elle décrit une période sans contrôle, guidée par ses pensées négatives et par cette sensation du corps "séparé de la tête, comme marchant séparément." Elle va même jusqu'à se faire peur : "Un jour, j'ai pris la voiture et j'ai réalisé, ne sachant même plus où aller : "je suis dangereuse."

"Le matin, je prenais trois grandes inspirations avant de passer la porte"

L'une des principales causes de sa maladie, selon elle : l'atmosphère de travail. Elle explique : "Il y avait du stress et des relations toxiques d'inégalité au bureau. Ce n'était pas l'idéal. Le matin, je prenais trois grandes inspirations avant de passer la porte."

Carole aimait particulièrement son métier, mais le relationnel a pris le dessus et "tout s'est effondré." 

J'ai commencé à avoir comme un fort syndrome de l'imposteur.

Carole

Victime de burn out

Une fois le malaise installé, c'est la confiance en soi qui est remise en cause : "J'ai commencé à douter, je me disais que j'étais nulle, que tout était ma faute."

Et d'ajouter : "sans parler du sentiment de honte. Comment ça avait pu m'arriver sans que je m'en rende compte ?" Autant de mots sur des sensations que Carole décrit pourtant comme "indescriptibles. C'est très personnel et chacun vit le burn-out différemment."

Accepter que j'étais malade, ça m'a pris du temps.

Carole

Victime de burn out

Car elle insiste : si tout a commencé au travail, les répercussions sont multiples, à commencer par l'environnement familial. "Quand tu rentres chez toi après une vraie mauvaise journée, qu'il y a les enfants à gérer, c'est l'enchaînement de tout ça qui m'a fait tomber."

Lente reconstruction

Plusieurs mois après, l'ex-salariée se reconstruit toujours. Un long chemin au gré des rendez-vous médicaux, guidé par ce travail d'acceptation : "Le plus important, c'est de reconnaître que l'on ne va pas bien, avoue-t-elle."

Depuis, elle a commencé à s'écouter, "faire des activités qui me plaisent, prendre le temps de lire si j'en ai envie et multiplier les petites choses qui me donnent envie d'affronter la journée."

Elle a décidé qu'elle se reconstruirait totalement, y compris professionnellement. Elle veut faire quelque chose de complètement différent : "En apprenant à me connaître, j'ai réalisé que le travail qui me tenait à cœur depuis tout ce temps n'était peut-être pas celui qui me correspondait."

C'est peut-être difficile à entendre, mais au final, je crois que ça ne m'est pas arrivé pour rien. 

Carole

Victime de burn out

Aujourd'hui, elle veut surtout sensibiliser et alerter pour éviter que sa situation ne se reproduise : "Si on commence à se sentir dépassée au travail, il faut en parler et oser dire que ça ne va pas."

Un témoignage issu de notre série "Qualité de vie et bien être au travail", diffusé cette semaine sur France 3 Aquitaine.

*Le prénom a été modifié.

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