Témoignage. "On se demande si on ne nous prend pas pour des clowns" : un magasin Cuisine Plus placé en liquidation judiciaire, il emménage sans cuisine

Publié le Mis à jour le Écrit par Rémi Surrans et Gladys Cuadrat

La fermeture puis la liquidation judiciaire d'un magasin Cuisine Plus à Mérignac provoque la colère d'une trentaine de clients. Plusieurs mois après leur commande, ils se retrouvent sans cuisine au moment de leur emménagement. C'est le cas de Stephen Chaulvet, habitant à Arbanats (Gironde). Il témoigne.

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Cela aurait dû être un moment merveilleux pour Stéphen Chaulvet, sa femme et ses deux enfants. Finalement, leur installation dans leur nouvelle maison à Arbanats (Gironde) se transforme en cauchemar. Plus d'un an et demi après la commande de leur cuisine, effectuée auprès du magasin Cuisine Plus de Mérignac, ils se retrouvent sans cet équipement, à quelques jours de leur emménagement. 

Reprise de dossier puis retards successifs

La faute à la fermeture du magasin, qui fait finalement l’objet d’une procédure de liquidation judiciaire prononcée le 17 octobre. Une décision qui plonge une quarantaine de clients, dont Stéphen Chaulvet, dans une situation inextricable. 

Ce client commande sa cuisine en mars 2022 en laissant un premier chèque d'acompte de 500 euros. Un peu plus d'un an plus tard, il revient vers Cuisine Plus une fois les murs de sa maison construits. "De là, les problèmes commencent", déroule-t-il avec précision. "Je n'ai pas de nouvelles, puis une personne, autre que le commercial de départ, me dit qu'il n'a plus les mesures et que mon dossier est égaré.

Le jeune papa ne parvient pas à être reçu par le magasin, puis apprend que son dossier est envoyé à celui de Bordeaux-Lac "à cause d'une fermeture pour travaux" à Mérignac. "Au final, le magasin de Bordeaux-Lac indique que celui de Mérignac va définitivement fermer" ajoute Stéphen Chaulvet. "Ils reprennent notre dossier et voient que pas mal de choses ne vont pas. Ils nous expliquent tout et modifient les plans pour un résultat comme on le voulait."

Un espoir de courte durée. Après le dépôt d'un deuxième chèque d'acompte de 2500 euros, la date de livraison est repoussée à plusieurs reprises.

"D'abord, c'est septembre, puis une première annonce de retard annonce la livraison en semaine 44 (fin octobre, début novembre)" rapporte ce client. Il apprend finalement que "la liquidation de Mérignac bloque le dossier car le chèque d'acompte est encaissé là-bas". 

"On nous dit que c'est en production, mais ça n'a jamais été produit"

Après une troisième relance qui reporte encore la livraison à trois semaines plus tard, puis la proposition d'une cuisine de prêt qui n'arrivera jamais, le couperet tombe. "On n'aura pas de cuisine, la liquidation judiciaire bloque tout." Stéphen Chaulvet se sent trahi. "Depuis le début, on nous dit que c'est en production, mais ça n'a jamais été produit. On ne nous a jamais dit clairement : là-bas, c'est fermé, ça bloque tout, on ne peut pas prendre votre chèque", peste-t-il.

Un mail qui lui est parvenu du service client indiquait pourtant que Cuisine Plus "honorerait leurs engagements", et que "personne ne serait lésé ou impacté par la situation".

"Arriver dans une maison sans cuisine avec un enfant et un bébé, c'est compliqué. Au bout d'un moment, on se demande si on nous prend pas pour des clowns" reprend calmement Stéphen Chaulvet. 

Trouver une cuisine avec 3000 euros de moins, ça va être très compliqué, sachant que la maison a été construite avec cette cuisine

Stéphen Chaulvet, client

à France 3 Aquitaine

Quarante clients dans la même situation se sont réunis dans le Collectif Clients Cuisine Plus sur Facebook. À travers ce groupe, Stéphen Chaulvet espère "mener des actions réelles et que les personnes puissent être dédommagées pour retrouver la cuisine de nos rêves". 

C'est Geoffrey Bourboin est à l'initiative du collectif. "Une liquidation judiciaire qui survient comme ça alors qu'on encaisse des acomptes, c'est étrange. Comment on explique ça ? C'est clairement du vol déguisé", lâche le responsable du collectif.

Pour lui, encaisser ces acomptes en connaissance de cause est illégal. "On se demande s'ils vont être en capacité de nous rembourser". La maison mère Cuisine Plus se seraient cependant engagée à reprendre les dossiers.

Procédure judiciaire

Selon la greffe du tribunal administratif de Bordeaux, "les clients ne sont pas prioritaires lors d'une liquidation judiciaire". Mais le directeur de Cuisine Plus de Bordeaux-Lac assure néanmoins que Stéphen Chaulvet "a une chance de voir un jour la cuisine de ses rêves réalisée", notamment grâce à l'acompte laissé. 

En attendant, le client n'a d'autre choix que de "se débrouiller". Il a le soutien de ses voisins qui lui proposent de lui prêter leur cuisine. "On va essayer de trouver de quoi faire des plats chauds et la vaisselle", conclut-il. Le collectif envisage de son côté d'engager une procédure judiciaire.

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