La Nupes en tête dans 5 des 6 circonscriptions, un député sortant sorti en Corrèze, un duel Nupes-RN en Haute-Vienne, une défaite mal vécue par Jean Auclair en Creuse… Pour mieux comprendre les enseignements de ce premier tour, nous avons posé 4 questions à Thomas Marty, le politologue de France 3 Limousin.
On connaît désormais tous les duels du second tour des élections législatives en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze. Le vote de ce dimanche a réservé quelques surprises. Questions à Thomas Marty, docteur en sciences politiques à l’université de Limoges.
Est-ce la fin d’une domination LREM en Limousin ?
Il y a un peu toutes les nuances de la défaite électorale… Des députés sortants ne se représentaient pas, un sortant a été battu, et des nouveaux ont été balayés. Certains nouveaux profils ne matchaient pas avec leur territoire. Il se peut qu’il n’y ait plus de député LREM dimanche prochain dans la région, sauf peut-être Jean-Baptiste Moreau. De fait, c’est un zapping.
On peut l’expliquer par un manque d’ancrage local. Pas forcément parce qu’ils ne sont pas élus locaux : ça joue, mais c’est bien compris par les électeurs. Surtout, il n’y a pas d’ancrage local en tant que député. A part Jean-Baptiste Moreau qui s’est essayé au suffrage local et qui a eu un vrai ancrage dans sa circonscription avec la loi Egalim ou le plan particulier pour la Creuse.
A contrario, est-ce un retour de la gauche ?
Je dirais que non. Si c’était le vrai retour de la gauche, on retrouverait des nuances, circonscription par circonscription. La gauche ne reprend pas son niveau de 2012. C’est une gauche d’opposition qui va alimenter une opposition de gauche à l’Assemblée Nationale. Localement c’est une gauche plus radicale, et moins une gauche de notables.
Il y a aussi une opposition ville-campagne. L’électorat de Damien Maudet et Manon Meunier est un électorat très urbain.
Avec des scores entre 15 et 20 %, le RN s’installe dans le paysage ?
Pour la première fois, le Rassemblement National a réussi à convertir le score de la présidentielle. Les électeurs ont moins déserté qu’après la présidentielle de 2017. C’est davantage une dynamique sociale de la part des électeurs que l’apport de nouveaux candidats.
Auparavant il y avait des hauts et des bas. Depuis 2017, il n’y a pas eu de bas.
Finalement, la roue tourne ?
Les problèmes que connaissait la gauche, de division, de dissidence, l’ensemble du bloc libéral les connaît maintenant. Il y a des dissidences partout et tout le temps. C’est un déplacement du curseur. Quand on est sortant, le gâteau est plus gros et on est plusieurs à vouloir le partager...