Alors qu'une cinquième journée de mobilisation s'annonce ce samedi dans le Limousin, nous sommes partis à la rencontre de consommateurs. Conscients que leur manière de consommer peut aider les agriculteurs, ils reconnaissent qu'il est souvent difficile de concilier local et de saison, tout en respectant le budget.
Tous les vendredis matin à Aixe-sur-Vienne, à la halle marchande place René Gillet, c'est jour de marché. Ce vendredi 26 janvier, les clients sont au rendez-vous. Ce sont tous des fidèles, acquis à la cause des agriculteurs.
Pour cette cliente, c'est une évidence : "Je les soutiens dans leurs actions parce que tout travail mérite rémunération."
Acheter local et de saison sans payer trop cher
Sur les étals, il n'y a quasiment que des produits régionaux proposés. Ici, consommer est un acte bien réfléchi. Entre privilégier des produits locaux, de saison, voire biologiques, et faire attention au prix, c'est souvent un défi.
On fait toujours des compromis entre le local, entre ce qu'on trouve, le prix... Ce sont des arbitrages à faire en permanence, tout le temps.
Un client du marché d'Aixe-sur-VienneFrance 3 Limousin
Pour certains, ce n'est pas toujours possible de tout concilier : "J’achète français, je travaille dans une grande surface qui propose du français, mais après moi, local tout le temps, je ne peux pas, car c'est vrai que les prix sont plus élevés."
Pourtant, cet arboriculteur de Nieul, Jérôme Morgat, n'est pas de cet avis.
On a une concurrence déloyale. On a une main-d’œuvre plus chère, avec des moyens moins importants. On a entendu des chiffres élevés de l'inflation, mais je peux vous dire qu'on est au même prix qu'il y a vingt ans.
Jérôme Morgatarboriculteur à Nieul
Le supermarché reste difficile à contourner
La flambée des prix est néanmoins bien réelle et a restreint les budgets. Les consommateurs ont le réflexe d’aller au moins cher, dans les supermarchés discount. "On vient du marché pour consommer local. Mais après, le surplus, on est obligé de passer par le supermarché, car on ne trouve pas tout ce qui est épicerie. En fin de compte, on fait une moyenne entre ce qu'on peut acheter au marché et ce qui reste, on achète au moins cher", explique une cliente.
Dans cette zone commerciale, les habitants ont moins de proximité avec les producteurs locaux, mais beaucoup déplorent les marges excessives pratiquées par les grandes surfaces. "Il faudrait qu'on supprime au moins la moitié des intermédiaires entre le producteur et le consommateur et je pense qu'à l'arrivée, les agriculteurs gagneraient beaucoup plus d'argent."
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Selon un sondage publié le 23 janvier, 75 % des Français sont prêts à payer plus cher, si cela garantit une plus juste rémunération des agriculteurs.