Depuis 2021, la loi Molac protège et promeut les langues régionales. Dans la Métropole uniquement, il en existe déjà une vingtaine. Qu'en est-il de l'occitan en Limousin, quel est son passé ? A-t-il un avenir ? Enseignants, historiens, groupe de musique, nous sommes allés enquêter.
Pour qu'une langue demeure dans nos usages, il est important qu'elle soit enseignée, et ce, dès le plus jeune âge. À Limoges, Maris Debas apprend l'occitan à la Calandreta Lemosina. Dans cette école sous contrat avec l'Éducation nationale, une vingtaine d'élèves, de la petite section au CM2, s'imprègne de cette langue régionale. C'est un moyen d'ancrer cette dernière "dans leur lieu de vie et dans leur culture, afin que plus tard, en tant qu'adulte, ils soient capables de connaître le patrimoine Limousin", espère l'enseignante.
La région Limousin est un lieu historique de la langue occitane puisqu'on y retrouve la trace du plus ancien texte. Il s'agit d'un fragment du poème de Boèce composé de 257 vers et daterait de l'an de grâce 842. Il aurait été écrit par un clerc de la toute jeune abbaye qui n'est autre que celle de Saint-Martial de Limoges.
Cette époque marque l'âge d'or de l'occitan. Du XIᵉ au XIIIᵉ siècle, des troubadours comme le célèbre Bernard de Ventadour vont, à travers cette langue, célébrer l'amour et faire rayonner cette langue dans toute l'Europe.
Mais l'occitan connaît son déclin au XXᵉ siècle. Pour autant, des artistes comme le chanteur écrivain Jan Dau Melhau et des poètes à l'image de Marcelle Delpastre ont contribué à faire vivre cette langue qui se retrouve progressivement délaissée.
Il en existe toutefois des résidus. Elle se cache dans notre langage courant, dans l'utilisation d'expressions, de mots. L'avez-vous peut-être déjà employé "Je vais le trouver à dire" pour dire que quelque chose vous manque. Mais surtout, elle s'entend, à travers les accents. En tendant l'oreille, vous pouvez entendre dans la région de Limoges cette manière si particulière de fermer les "m" en fin de mot comme dans "j'ai faim".
Mais demain, parlerons-nous Limousin ?
En 2020, une enquête menée pour la région Nouvelle-Aquitaine montrait qu'environ 10% des Limousins parlaient l'occitan, cependant plus des 3/4 des personnes interrogées souhaitaient sa valorisation.
L'institut d'Études Occitanes du Limousin souhaite rectifier le tir et cherche à partager ce trésor régional. "Il y en a qui cherchent leur racine. D'autres qui arrivent en Limousin et cherchent à s'encrer dans le territoire, constate MagalÌ Urroz, membre de l'institut. On est là pour susciter l'envie. On déterre le trésor. À vous de vous en emparer. "
La langue régionale est ainsi mise à la portée de tous à travers des librairies, des cours de langues, des spectacles et des films en langue d'oc. C'est un moyen de la faire résister malgré l'influence de langues étrangères comme l'anglais.
Utilisé dans les chants traditionnels, l'occitan perdure dans la musique. En 2021, San Salvador, un groupe corrézien qui a la particularité de chanter dans cette langue, reçoit les Victoires de la musique jazz.
Depuis, le groupe se produit sur les scènes du monde entier. Ils sont ambassadeurs d'une langue bien vivante, "pas denguera crebat." (même pas mort en occitan.)