La COP 28 débute ce jeudi 30 novembre à Dubaï. Si peu de mesures sont attendues, les Etats devraient établir un bilan de la santé de la planète afin de mieux lutter contre le réchauffement climatique. Ses conséquences sont déjà visibles, et les villes de demain devront s'adapter. Alors, à quoi pourraient-elles ressembler ? Éléments de réponse.

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Vagues de chaleur, inondations, sécheresse... Comme partout dans le monde, le Limousin n'est pas épargné par les effets négatifs du réchauffement climatique. Et les prévisions pour l'avenir ne sont pas bonnes : les températures devraient grimper de 2% en 2050, et 4% en 2100 selon le GIEC. Une augmentation qui aura des conséquences dans nos campagnes, mais aussi dans nos villes. 

Des constructions adaptées 

Un impact négatif déjà visible, notamment avec les records de chaleur enregistrés au mois de septembre : "nous avons bien vu avec la canicule que l'isolation des bâtiments scolaires, par exemple, n'était pas adaptée", indique Chloë Legrand, coprésidente de l'association Transitions Limousines. "Nos habitations ne le sont pas non plus, nous l'avons tous vécu et subi cet été ! On dort mal, il y a un impact sur notre qualité de vie et aussi sur notre santé". Face à cela, il faut éviter la "mal adaptation, comme l'achat d'une climatisation, qui surconsomme de l'énergie et qui rejette de l'air chaud dehors, c'est contre-productif". 

Les anciens et nouveaux bâtiments devront donc être isolés en conséquence, en utilisant des matériaux biosourcés par exemple. "La priorité pourrait être donnée aux logements sociaux. Car pour se protéger de la chaleur, l'une des solutions est de fermer ses volets pour garder la fraîcheur... Mais certains habitants n'ont pas de volets...", déplore Chloë Legrand. À Guéret et à Limoges, certains bâtiments sont étudiés dès leur construction pour rester frais quelle que soit la température extérieure. 

Mais selon Fabrice Simon, conseiller au guichet "Habitat Energie" de Limoges Métropole, "80% des bâtiments de 2050 existent déjà à Limoges. Il faut donc travailler sur le bâti existant, mais avec le climat que l'on aura en 2050. Mais en Limousin, ce sont des sols granitiques avec peu d'argile. Il y aura donc moins de gonflements et de fissures que dans d'autres territoires"

Il faut aussi limiter le nombre de constructions, selon Chloë Legrand."Si on prend les chiffres entre 2010 et 2020 en Haute-Vienne, on a construit sur 2270 hectares. Mais la croissance démographique, qui stagne, ne nécessite pas autant d'habitations. Résultat : la ville s'étend, et la campagne n'est pas préservée. De plus, les logements vacants se multiplient ! Certaines communes françaises ont déconstruit des bâtiments vides pour créer des jardins". 

Lorsque l'on multiplie les façades végétalisées, cela permet de lutter contre les îlots de chaleur.

Marc Trouilhet

Référent enrichissement des espaces verts de Limoges

C'est justement l'une des réponses aux conséquences du réchauffement climatique et aux fortes chaleurs en ville : la végétalisation pour rafraîchir les zones urbaines, grâce à l'évapotranspiration des arbres. Outre l'aspect esthétique, la végétalisation des façades permet "de ramener de la biodiversité végétale d'abord, mais aussi animale (insectes pollinisateurs comme les abeilles ainsi que des oiseaux). Lorsque l'on multiplie les façades végétalisées, cela permet de lutter contre les îlots de chaleur", indique Marc Trouilhet, référent patrimoine et enrichissement à la direction des espaces verts de la Ville de Limoges. 

Depuis 2021, la ville de Limoges propose aux particuliers propriétaires volontaires de végétaliser leur façade. Il existe deux principes : des petites plantes en semis, que l'on peut semer dans l'interstice en pied de façade, et qui ne nécessite pas de travaux ; mais aussi l'aménagement d'une fosse dans le trottoir et la plantation d'une plante grimpante qui va pousser sur la façade. La ville finance cet aménagement, l'entretien devant être géré par le particulier. 

En 2023, plus de 280 fosses ont été installées à Limoges, selon Marc Trouilhet. 

D'autres pistes sont à étudier selon Chloë Legrand : "Il faudrait peut-être faire une cartographie des parcs, et voir si les habitants y ont accès en 5 à 10 minutes. Si ce n'est pas le cas, créer un parc pour leur permettre d'avoir un endroit ombragé pour se protéger de la chaleur". 

Les associations et même les écoliers ne manquent pas d'idées pour rendre les villes plus vertes. A Guéret par exemple, les élèves de l'école Jacques Prévert ont imaginé une nouvelle cour de récréation végétalisée avec des plantes et un potager. 

Mobilités douces

Préserver l'environnement passe par la réduction de l'empreinte carbone. "Mais encore aujourd'hui, nous sommes à 10 tonnes de CO2 produites par an et par personne. Si on veut respecter les accords de Paris, il faudrait diviser par cinq. Nous sommes donc très loin des objectifs affichés par les pouvoirs publics", explique Jérôme Fraisse, vice-président de l'association limougeaude véli-vélo, et enseignant en sciences mécaniques à l'école d'ingénieur ENSIL-ENSCI. "Malheureusement à Limoges, l'espace alloué aux mobilités douces est très faible par rapport à d'autres agglomérations de la même taille. La plupart des gens sont prêts à changer leurs habitudes. Les freins viennent plutôt des politiques". 

Pourtant, la ville de Limoges souhaite réduire son empreinte carbone, en mettant en place plusieurs actions, comme l'amélioration du réseau de transports publics, ou encore la création des lignes de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Mais Jérôme Fraisse déplore d'abord les retards de ces aménagements, ainsi que "le mélange avec les voitures. Dans certaines villes, les BHNS ont des voies dédiées. Là, ce n'est pas prévu. Les bus circuleront au même endroit que les voitures sur 50% du parcours". 

Des alternatives sont faciles à adopter en ville. Avec les transports en commun, mais aussi en se déplaçant à vélo ou à pied : "surtout à Limoges où les déplacements ne sont jamais longs. De plus, l'aménagement d'une piste cyclable c'est le mieux pour partager l'espace public, il n'y a pas besoin d'un gros financement. Mais pour faire changer les habitudes de certains élus, cela prend du temps". Un changement de paradigme encore plus difficile à faire accepter dans certaines petites villes : "elles n'ont pas la culture du vélo. Lors de la construction de nouvelles routes, installer une piste cyclable est obligatoire. Mais ces petites communes ne respectent pas cette loi". Il y a quand même certaines avancées : "Brive est plus en avance que Limoges en ce qui concerne l'aménagement des pistes cyclables. Tulle et Guéret se mettent à peine en selle... Et cela grâce au tissu associatif qui met la pression sur les pouvoirs publics". 

C'est une mauvaise solution de préférer la voiture électrique aux voitures thermiques. Cela sauve l'industrie automobile, mais pas la planète.

Jérôme Fraisse

Vice-président de l'association véli-vélo

En tout cas, mieux vaut éviter, en ville, d'utiliser sa voiture : "cela coûte cher, les véhicules sont 10 fois plus lourds que ce qu'ils ne transportent, c'est-à-dire souvent une seule personne". Et la voiture électrique n'est pas une alternative selon Jérôme Fraisse  "elles sont même plus lourdes ! Et ce n'est pas soutenable en termes de transition énergétique. Nous n'avons pas assez de centrales pour faire rouler tout le monde à l'électrique. C'est une mauvaise solution de préférer la voiture électrique aux voitures thermiques. Cela sauve l'industrie automobile, mais pas la planète". 

Protéger l'environnement, c'est aussi réduire notre production de déchets. Dans nos villes de demain, il faudra bientôt s'habituer à voir des composteurs un peu partout : le compostage sera obligatoire dès le 1er janvier 2024. Cela permet de valoriser les matières organiques, grâce à des vers de terre (500 vers de terre décomposent 100 grammes de déchets par jour). "C'est une alternative artisanale et économique (comptez entre 25 et 40 euros pour un composteur individuel)", selon Cinthia Zambrano, maître-composteure à Evolis 23, "il faut savoir qu'un tiers de nos poubelles noires sont composées de déchets alimentaires. Evolis 23 a réduit de 210 kilos par habitant collectés en 2015 à 143 kilos en 2022, en grande partie grâce au compostage". Voilà plus de 10 ans que ce syndicat mixte creusois propose des composteurs aux particuliers et depuis quelques années aux établissements publics et privés. Et cela fonctionne : "en 2022, 60 tonnes de déchets alimentaires ont été détournées". Avec l'obligation mise en place en 2024, "Théoriquement les composteurs devront augmenter en volume, donc nous allons pouvoir évaluer l'efficacité du dispositif. Nous sommes confiants, car de nombreuses personnes nous demandent déjà des informations sur l'installation de composteurs". 

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