FLAMME OLYMPIQUE. "Tout feu tout flamme pour la protection de l’eau" : les militants veulent eux aussi profiter de l'événement

Le passage de la flamme olympique dans la Vienne ce samedi 25 mai 2024, et la veille en Charente, est un événement historique, mais aussi une opportunité pour les militants. Défense d’une ligne de train, mobilisation autour du sujet de l’eau ou défense des libertés individuelles : plusieurs actions ont été organisées.

“On a décidé de faire du 25 mai une journée pour la protection de l'eau et c’est un peu en réaction à cette journée du passage de la flamme", expose dès le départ Dominique Brunet, coprésident de l’association Aspect (Association de sauvegarde et de la protection de l'environnement de Coussay-les-Bois et de sa région thermal). “La ferme-usine va être construite sur une nappe phréatique, qui se situe à 2,5 mètres de profondeur. Bien sûr, il y a d’autres enjeux comme le bien-être animal, mais le premier point, c’est l’eau.” À l’image de ce collectif opposé à la création d’une ferme-usine sur la commune de Coussay-les-Bois, plusieurs collectifs militants ont décidé de faire de ce samedi 25 mai 2024, jour du passage de la flamme olympique dans la Vienne, un porte-voix pour leurs causes.

Utiliser la flamme pour défendre l'eau

Ce matin, on a été poser deux banderoles à l'entrée de la route qui mène à la future ferme-usine de Coussay-les-Bois. Dessus, on a écrit 'Tout feu tout flamme pour la protection de l’eau'. Je pense que vous voyez à quoi on fait référence...", laisse entendre Dominique Brunet. Au total, une dizaine d’associations, de collectifs - parmi lesquels Bassines non merci, et de partis politiques se sont regroupés pour faire du 25 mai une journée pour la préservation et le juste partage de l'eau dans le département de la Vienne.

Les militants veulent ainsi mettre en avant des problématiques locales, alors qu’il y a moins d’une semaine, l’eau du robinet avait été déclarée impropre à la consommation dans sept communes viennoises.

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“On demande à ce qu'il y ait autant d’argent consacré à l’eau qu’au passage de la flamme", reprend Dominique Brunet. “On n’a pas fait de manifestation de perturbation ou d'empêchement, ce qui serait contre-productif, mais on voulait marquer le décalage entre les millions pour le passage de la flamme et les millions dont on aurait besoin pour l’eau.”

On demande à ce qu'il y ait autant d’argent consacré à l’eau qu’au passage de la flamme.

Dominique Brunet

Coprésident de l’association Aspect

Dans le même objectif, Greenpeace Poitiers s’est également joint à ce mouvement. Les militants ont déployé cette après-midi une banderole sur le pont Saint-Cyprien de Poitiers. Leur slogan : “Pour une eau saine/seine ici, protégeons-la.”

“On fait un parallèle avec toutes les actions mises en place pour nettoyer la Seine, on parle de milliards d’euros !”, s’exclame Alain, militant de Greenpeace Poitiers. “On demande des financements pour nettoyer l'eau du robinet. Le chlorothalonil, bien sûr, mais il y a aussi les points de captage, contaminés par les engrais et les pesticides. La plupart des points de captage sur la Vienne sont pollués.”

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Plus largement, c’est la politique gouvernementale que dénonce le collectif. “Les choix faits par le gouvernement vont à l'encontre des intérêts de la population. C’est dommage, on voit que la société reste dans une logique de consommation”, déplore Alain. “La vraie problématique, c’est le principe de précaution et l’orientation vers un modèle agricole durable. On n’en voit pas le signe parce que la politique du gouvernement est totalement inverse et favorise les fermes-usines, les bassines. Cette rupture est attendue, on constate que c’est la FNSEA qui décide.”

Le passage de la flamme est donc une opportunité à saisir pour être plus visibles, et surtout pour envoyer un message fort. “Il faut appuyer, mettre la pression sur la préfecture, voire plus. On veut que le préfet agisse et mette en place les décrets nécessaires pour préserver les captages dans la Vienne et Grand Poitiers”, réclame Alain. “On peut prendre l’exemple de la ville de Poitiers qui met en place un cercle de maraîchage sur la zone Aliénor, demande de l’eau et essuie un refus des irrigants. Ça pose la question de qui a droit aux volumes d’eau et pour quoi faire.”

Pétitions sur la place du marché à Poitiers

D’autres associations se sont installées à proximité du parcours, pour respecter les restrictions de circulation. Le groupe Amnesty International Poitiers a par exemple garé un camion jaune aux couleurs de l’ONG Place Charles de Gaulle pour sensibiliser les passants aux dangers de la vidéosurveillance. La vidéosurveillance algorithmique, qui traite automatiquement les images récoltées, est en effet expérimentée pour la première fois en France pour les Jeux Olympiques 2024.

On s'inquiète du précédent que ça crée en ouvrant la porte à des techniques intrusives. On informe le public sur l'héritage des JO", explique Katia Roux, chargée de plaidoyer Technologies et droits humains chez Amnesty International France. “Ce sont des technologies intrusives, au sujet desquelles il y a eu peu de débats l’année dernière pendant l'adoption de la loi JO, avec l’argument 'ce n'est pas si grave, si on n’a rien à cacher'.”

D’où l’idée d’organiser un tour de France, avec un camion bien visible : “On considère que c’est aussi un sujet qui doit partir du terrain. Les expérimentations se mènent dans plusieurs villes en France, sans forcément beaucoup d'informations sur ces opérations. Donc le camion permet de rassembler les personnes.”

Le camion d’Amnesty International permet de rassembler les personnes.

Katia Roux

Chargée de plaidoyer Technologies et droits humains chez Amnesty International France

Sur place, les Poitevins ont ainsi pu participer à plusieurs activités : une vidéo docu-fiction inspirée par des expériences réelles, un photomaton ou encore la signature d’une pétition contre la reconnaissance faciale. “C’est bien, nous avons pu toucher un public différent, avec des personnes pas forcément au fait de ces sujets”, constate Brigitte Billon, secrétaire du groupe local de Poitiers. “On s’est installés en marge du parcours de la flamme, avec notre gros camion. Mais nous avons une maire qui nous a tout de suite entendus. Nous avons récolté une cinquantaine de signatures.”

Le passage de la flamme, un nouvel élan pour la cause

Le passage de la flamme devient alors un moyen pour relancer le débat sur certains sujets. Ici, Katia Roux se dit prête à porter ce sujet après les JO. “Pour le moment, huit situations spécifiques ont été déterminées pour générer des alertes : des départs de feu, des bagages abandonnés, bien sûr, mais aussi marcher en sens inverse d'une foule. Est-ce que c’est forcément suspect ? Si on marche en sens inverse, est-ce que c’est forcément suspect ? Le dispositif est expérimenté jusqu’en mai 2025 pour tous les événements sportifs, culturels, et pourrait être renouvelé.” La crainte de la salariée d’Amnesty International France : une accoutumance aux technologies de surveillance. Amnesty International poursuit donc son tour de France et sera présente à Niort le 2 juin prochain.

En Charente, les actions des militants avaient commencé dès l’arrivée de la flamme le vendredi 24 mai 2024. Le collectif AngouLim a rallumé la flamme, pas olympique, mais celle de la ligne ferroviaire entre Angoulême et Limoges. Selon le collectif, environ 150 personnes se sont réunies en gare de Roumazières en Charente. Dans un communiqué, le collectif écrit que le “train bleu de l'association du Chemin de Fer Charente-Limousine qui a ramené l’esprit de la flamme olympique depuis Confolens et qui a été accueilli par AngouLim à son arrivée en gare.” Contacté, Bernard Peuch, le président du collectif, affirme que les militants ne "vont pas en rester là, la flamme est là pour donner un nouvel élan à notre détermination. En fin de semaine prochaine, on va saisir la Cour des Comptes.”

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