A Mirepoix (Haute-Garonne), les habitants et familles des victimes devront encore patienter. Le procès de l'effondrement du pont a été reporté de deux mois, afin d'avoir plus de temps à consacrer à l'audience. En 2019, deux personnes avaient perdu la vie dans cet accident spectaculaire.
Le 26 novembre 2024 à 9 heures. C'est la nouvelle date de l'audience publique fixée par le Tribunal Correctionnel de Toulouse, afin d'étudier le dossier de l'effondrement du pont de Mirepoix.
L'affaire de l'accident, ayant provoqué la mort de deux personnes, devait être examinée ce mardi 17 septembre à 14 heures. Mais le président du Tribunal a ouvert la séance en annonçant son report, afin de donner plus de temps aux débats, estimant qu'"ils ne pouvaient se tenir en quelques heures, entre deux autres dossiers".
La date de l'audience a été fixée cet été, en mon absence, et nous avons mal évalué le temps nécessaire à l’étude de ce dossier
Didier Suc, président du Tribunal Correctionnel de Toulouse
Ce décalage devrait également permettre à l’expert mandaté lors de l'instruction d'être présent, afin de répondre aux questions des magistrats. Ce matin, les parties civiles se sont montrées plutôt satisfaites de la démarche.
Le Tribunal a eu vraiment à coeur de traiter ce dossier de manière la plus sereine possible, et de permettre aux parties civiles d'y prendre part si nécessaire
Maître Florence Fabresse, avocate des parties civiles
Traversée fatale
Le procès interviendra donc six ans presque jour pour jour, après le drame du 18 novembre 2019. À 8h10 ce fameux matin, Damien Calmel, entrepreneur de 38 ans, engage son poids lourd de plus de 55 tonnes sur le pont de Mirepoix. L'ouvrage métallique, limité aux véhicules de 19 tonnes, s'effondre brusquement dans le Tarn, entraînant dans sa chute le camion, ainsi que l'autre véhicule qui l'empruntait, une Renault Clio et ses deux occupantes. Le chef d'entreprise responsable du drame meurt englouti dans le fleuve, comme la passagère de la voiture, Lisa, adolescente de 15 ans. Sa mère elle, survit en réussissant à regagner la berge à la nage.
Tout un village endeuillé
Des roses blanches pour Lisa, des roses fuchsia pour Damien. Dans les jours qui suivent la catastrophe, les habitants de Mirepoix expriment leur effroi et leur solidarité avec les victimes. Les deux familles se connaissaient, elles avaient tissé des liens d'amitié depuis que Lisa avait été gardée par un membre de la famille de Damien. Cinq cents personnes participent à une marche blanche, à l'initiative des enfants de l'école.
Six ans de questionnement
Pour les familles des victimes, pour les habitants de Mirepoix, débute alors la longue attente. Hantés par une unique question : "pourquoi ? ". En 2021, la remontée du camion et de sa remorque ne fournit aucun indice.
Cinq ans après le drame, le procès tentera d'expliquer pourquoi l'entrepreneur, qui connaissait le pont et ses contraintes, s'y est pourtant engagé.
Sans doute a-t-il pris le chemin le plus court, mais je ne comprends toujours pas pourquoi. Il connaissait parfaitement les lieux et donc les limites de ce pont
Eric Oget, maire de Mirepoix-sur-Tarn au moment des faits
Un procès hautement symbolique
L'audience promet d'être d'autant plus douloureuse que le présumé responsable de l'effondrement ne sera pas présent. L'unique mis en cause dans cette affaire est en effet décédé dans la catastrophe. "C'est un drame supplémentaire dans ce drame", note Maître Olivia Pinel-Botton, avocate de la famille paternelle de Lisa.
Personne morale sur le banc des accusés
Seule l'entreprise en tant que personne morale sera présente sur le banc des accusés. Elle devra répondre d'homicide involontaire pour faute délibérée d'obligation particulière de prudence et de sécurité. Si la famille affirme ne pas en vouloir au conducteur, elle espère aujourd'hui une condamnation, "pour que justice soit faite". Et pour pouvoir faire son deuil.