De jeunes bergers lancent un appel aux dons sur Miimosa pour la construction d'une fromagerie collective en haute-montagne. Bâtie avec des matériaux locaux et durables, elle a pour vocation de permettre la fabrication de fromage de chèvre en estive au coeur de l'Ariège.
De jeunes bergers aux convictions écologiques ancrées, construisent une fromagerie à Luzurs, une estive située en Ariège sur la commune de Sentenac d'Oust à 1450 mètres d'altitude. Ils ont commencé à bâtir les murs mais lancent un appel aux dons sur le site Miimosa dédié au soutien aux agriculteurs, pour parvenir à mener à bien ce projet. Explications avec l'un d'eux, Nicolas Keraudren.
Comment a démarré ce projet ?
Une fromagerie existait sur place à Luzurs mais elle était inutilisable car elle ne correspondait pas aux normes établies par l'administration. Elle a estimé qu'elle se situait en zone d'éboulement, les anciennes fondations étant érigées sur une pente de 33%.
Dans un premier temps, on s'est senti dépités. Puis on a décidé de la reconstruire et quitte à le faire, on a choisi de se servir de matériaux de la montagne. On voulait bâtir avec des matériaux durables, sur place. On a fait rouler les pierres et coupé des arbres pour la charpente. On a tout fait à la main, avec l'aide des ânes pour le transport. On a voulu construire un bâtiment durable avec un impact carbone faible.
Donc vous avez construit les fondations et une partie des murs ?
Oui mais il faut de la chaux, du sable et les menuiseries, portes et fenêtres. On a donc pensé à proposer un financement participatif pour nous permettre d'acheter ce qu'on ne peut avoir sur place. Nous avons aussi besoin de l'aide de professionnels : maçons et charpentier.
Le chantier est participatif. Grâce à cela, on a réussi à faire passer le coût total de 100.000 à 30.000 euros. L'esprit c'était d'auto-construire au maximum mais nous ne sommes pas des professionnels. On est des bergers. Nous sommes quatre, Virginie, Caroline, Jean-Baptiste et moi. Nous avons entre 28 à 32 ans et sommes originaires de Nice, de Bretagne et pour l'un d'entre nous, d'ici, de Vicdessos, et nous sommes bergers depuis quelques années.
Quel est l'objectif pour vous ?
Nous avons des troupeaux qui appartiennent à deux éleveurs qui ont ouvert cette estive il y a 8 ans. Elle était abandonnée. Ils y ont amené leurs chèvres. Ils restent très présents pour nous soutenir dans notre projet.
Nous comptons monter les murs et la charpente au printemps. Le toît sera fait cet été. L'année prochaine, on projette de couler la dalle et faire les enduits ainsi que monter les équipements intérieurs. Les fonds doivent nous permettre de réaliser le gros oeuvre.
On espère ouvrir la fromagerie en 2022 avec un côté dévolu à la traite, l'autre à la fabrication des fromages. Nous aurons 150 chèvres dont nous trairons la moitié pour faire 70 à 80 fromages par jour que nous vendrons sur des marchés où nous somme déjà présents. C'est un projet unique. A ma connaissance, il n'existe pas d'autre fromagerie coopérative et communale d'estive, dédiée au lait de chèvre, dans le massif des Pyrénées.