Infanticide chez les ours, on vous explique pourquoi les mâles cherchent à tuer tous les petits

Chaque année dans les Pyrénées, plusieurs oursons disparaissent en raison de maladies, ou de la prédation. Mais les portées sont parfois éliminées par les mâles eux-mêmes. Explications.

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Comment ne pas fondre devant de telles images ? Le 25 mai 2023, l'association Pays de l'Ours - Adet publiait une vidéo des trois premiers oursons de l'année observés dans les Pyrénées, trottinant auprès de leur maman. Aperçus dans le Parc Natural del Alt Pirineu en Catalogne, ils avaient été filmés par le garde du parc.

Un an plus tard, difficile de savoir ce qu'ils sont devenus, tout comme les autres nouveau-nés des Pyrénées, explique Alain Reynes, directeur de l'association. "Le Réseau Ours Brun et l'Office Français de la Biodiversité (OFB) vont prospecter toute l'année. Nous pourrons avoir une estimation du taux de survie [et du nombre, NDLR] des oursons de 2023 fin mars début avril de l'année prochaine." En général, d'après le spécialiste, le taux de survie des petits est estimé à 70%.

L'infanticide, une pratique connue chez les ours

Mais alors que deviennent les autres ? Trois oursons sur dix ne survivent pas, en raison de la maladie, de la prédation... Certains sont aussi tués par les autres individus. "L'infanticide est un trait de comportement qu'on retrouve chez les carnivores, et donc les ours", détaille Alain Reynes.

"Un mâle qui rencontre une femelle avec ses petits, s'il ne se souvient pas s'être accouplé avec elle, s'il pense que les petits ne sont pas les siens, peut être tenté de tuer les petits pour que la femelle soit de nouveau disponible pour l'accouplement." "Chaque mâle essaie de disséminer ses gènes au maximum". Dans un certain nombre de cas, la femelle, très protectrice, arrive à repousser le mâle, au prix parfois de combats mortels."Quand c'est un infanticide, le mâle cherche à tuer tous les oursons".

Trois oursons sur dix ne survivent pas

Un risque qui pousse les femelles à adapter leurs comportements. Lorsqu'elles ont des oursons, elles ont tendance à être moins actives la nuit, au moment où les mâles se déplacent. Autre technique : "Elles cherchent à s'accoupler avec les différents mâles dominants pour que chaque mâle pense que les petits sont les siens et n'attaque pas", développe Alain Reynes, qui précise que "depuis 1997, deux cas de multipaternité ont été observés dans les Pyrénées." En clair : dans la même portée, certains oursons avaient des pères différents ! Une situation rendue possible par le laps de temps important entre la fécondation et la gestation effective. "La fécondation a lieu fin printemps-début été, et la gestation effective ne commence qu'en novembre ou décembre quand la femelle entre dans la tanière pour l'hibernation". 

Une hibernation perturbée par la douceur des températures cette année. Des ours éveillés ont été filmés et photographiés en février dans les Pyrénées. À terme, le réchauffement climatique pourrait-il bouleverser la reproduction de l'espèce ? "Les femelles gestantes hibernent de toute façon, déclare Alain Reynes, à condition qu'elles aient réussi à cumuler assez de réserves de graisse pour l'hiver."  

En 2023, onze portées soit 16 naissances ont été recensées dans les Pyrénées par le réseau Ours Brun. Au total, 83 ours ont été détectés l'an dernier en France, en Espagne et en Andorre. 

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