Depuis plusieurs années, des syndicats de gestion des eaux récompensent des agriculteurs qui traitent leurs parcelles sans produits de synthèse. Exemple en Ariège, où ces subventions encouragent les producteurs à poursuivre le bio, et à tenter de nouvelles cultures.
Récompenser les agriculteurs qui prennent soin de l'environnement, c'est la volonté de certains syndicats de l'eau en Ariège. Depuis 2020, une subvention, le "paiement de services environnementaux (PSE)", est mise en place sur le bassin du Grand Hers, notamment près de Vira. Les agriculteurs répondant à des critères précis de protection de la biodiversité et des ressources naturelles touchent de l'argent tous les ans.
"Je trouve ça logique de conserver ce mode de culture"
Grâce à une subvention supérieure à 30.000 euros chaque année depuis 2020, l'agriculteur Christophe Conein a pu, en partie, se diversifier en finançant des parcelles de quinoa. Même s'il a du prendre "quelques risques financiers pour cette implantation", cette aide lui permet "d'être assez serein". Et il peut se permettre d'investir. "Je peux acheter d'autres choses comme des déchets verts" avoue-t-il.
Thomas Piquemal est lui vigneron au domaine d’Engraviès. Depuis son rachat de l'exploitation en 2014, il poursuit le non-traitement des parcelles de huit hectares comme c'est le cas depuis 1998. Une décision qui lui permet de toucher la subvention des syndicats de l'eau. "Je trouve ça logique de conserver ce mode de culture" prône-t-il sobrement. "On est sur un environnement protégé, il n'y avait pas de raison de changer. C'est dans le sens du domaine."
Il loue cette initiative bio, "pour la nature qui nous entoure, nous-même au travail, et pour le consommateur final". Même s'il le reconnaît, "ça demande du travail, notamment plus de passages et d'attention", il ne changera pas son mode de culture.
Les agriculteurs ariégeois espèrent la prolongation de ce soutien financier
Ces subventions accordées sont en phase de test jusqu'en 2024. Sur cette zone où travaillent ces agriculteurs, à Douctouyre et Moulin Neuf en Ariège, 1.2 millions d’euros ont été distribués par le syndicat de l’eau du bassin du Grand Hers à une trentaine d'agriculteurs.
"Le but est de soutenir une agriculture vertueuse vis-à-vis de la biodiversité et de son expérimentation" rappelle Florent Pauly, technicien rivières au syndicat du bassin du Grand Hers. "On espère que cette dotation va perdurer car elle permet aux agriculteurs de valoriser leur travail. Beaucoup sont éligibles, et il faut continuer à les accompagner en ce sens".
Surtout, Florent Pauly assure que cette aide est doublement vertueuse. "Des exploitations s'améliorent lors des contrôles : on remarque qu'elles gagnent des points en efficacité sur les enjeux environnementaux".
Plusieurs régions instaurent également ce type de subventions. Pour le moment, elles n'ont pas été intégrées au niveau national. Mais les agricultureurs ariégeois qui en bénéficient espèrent qu'elles seront prolongées au-delà de 2024.