La mort d'un randonneur tué par un ours en Italie relance le débat dans les Pyrénées françaises

Andrea Papi, un jeune italien de 26 ans a été tué mercredi par un ours dans le massif Alpin en Italie. L'autopsie a confirmé les causes du décès du randonneur. Cet accident exceptionnel ravive le débat en France. La politique de réintroduction de l'ours est assez proche entre les 2 pays transalpins.

C’est un accident aussi exceptionnel que dramatique qui relance le débat sur la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Un jeune joggeur a été tué par un ours mercredi 5 avril 2023 alors qu'il randonnait dans le nord-est de l'Italie. Une première en Italie qui comme la France, n'avait jamais connu un tel drame.

Première mort en Italie à cause d'un ours

Andrea Papi, 26 ans, courait dans une zone boisée et montagneuse, non loin de son village de Caldes, dans la région du Trentin. Sur son parcours il a visiblement croisé le chemin d'un plantigrade. Inquiets de ne pas le voir revenir, ses parents ont donné l'alerte. Les secours ont retrouvé son corps dans la soirée du 5 avril dans un ravin, avec des blessures conséquentes au cou, aux bras et au ventre. Selon les premiers résultats de l'autopsie réalisée vendredi, Andrea Papi a bien succombé aux blessures infligées par un ours.   

Des analyses ADN devraient permettre d'identifier l'animal. Le président de la Province autonome du Trentin, Maurizio Fugatti a annoncé lors d'une conférence de presse que les autorités locales ont  "décidé d'engager une opération urgente pour abattre l'ours".

Entre 1996 et 2004, 69 ours ont été comptabilisés sur cette province. Aujourd'hui, il y en aurait une bonne centaine.

La situation est comparable avec celle de la France où il y a eu aussi au milieu des années 90 la réintroduction d'ours slovènes dans les Pyrénées, essentiellement en Ariège et en Haute-Garonne. 

Selon l'Office français de la biodiversité, 76 plantigrades ont été recensés en 2022 sur la chaîne pyrénéenne.

Une mort qui relance le débat en France

En France, la réintroduction de l'ours reste sujette à polémiques. La mort d'un homme survenue cette semaine en Italie a ravivé le débat.

Pour Patrick Leyrissoux, vice-président de l'association Ferus qui milite pour la sauvegarde des grands prédateurs, il faut relativiser. "Il y a une émotion légitime. C'est le premier accident mortel d'ours dans le sud-ouest de l'Europe depuis de nombreuses décennies, voire même depuis un siècle. Ce genre d'événement dépend de pas mal de paramètres : de l'ours, des circonstances, de la réaction de l'humain. Une enquête est en cours avec des spécialistes pour connaître les circonstances."

Pour cette association qui participe à la réintroduction de l'ours en France, l'ours peut-être dangereux pour l'homme mais guère plus que d'autres animaux sauvages. L'association Ferus milite pour une meilleure information, une éducation plus forte des randonneurs en zone de montagne où l'ours est présent. "La DREAL (NDR : Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) d'Occitanie publie des brochures pour savoir quel comportement adopter en cas de rencontre avec un ours. Nous avons des bénévoles qui parcourent les Pyrénées chaque année pour distribuer ce genre d'informations. Les élus locaux se doivent de favoriser leur diffusion. Mais parfois ils préfèrent instrumentaliser l'ours à des fins politiques."

Parmi les élus locaux, Alain Servat, maire d'Ustou (09) et président de la fédération pastorale de l'Ariège, se situe parmi les opposants. "Ce qui vient d'arriver en Italie, nous l'avions prévu, nous l'avions dit. Dans le Couserans, il y a une forte concentration de population d'ours. Nous avons eu des alertes : un chasseur, un randonneur coursé... Nous ne sommes pas arrivés au drame mais ça va venir."

Et l'élu de dénoncer le manque de gestion de l'ours depuis qu'il est revenu dans les Pyrénées. "On a réintroduit des ours, ils se multiplient et on fait rien à côté. Quand on veut effaroucher, on ne peut pas, car les arrêtés préfectoraux sont attaqués. Dans le Couserans, il faudrait une régulation, en retirer certains, sans les abattre mais les emmener ailleurs. En Italie où s'est passé le drame, il n'y avait pas de gestion. On vient de voir comment ça se termine." 

Même point de vue chez la présidente du département Christine Téqui. "A un moment donné, il faut pouvoir faire des effarouchements par rapport aux bergers ou aux randonneurs. Il faut aussi se poser la question de la régulation. On ne peut pas rester sur le Couserans avec une densité qui est 5 fois supérieure à celle qui était prévue. On aura des accidents."

Des randonneurs plutôt tranquilles

Toujours en Ariège, au cirque de Cagateille, les randonneurs profitent du long week-end pascal et du soleil. "Je ne pense pas vraiment à l'ours, avoue Jean-Pierre. Je sais qu'il est présent mais je pense que ce n'est pas plus dangereux que de prendre le volant. L'ours nous entend avant qu'il nous voie et il sait se tenir à distance."

Pas plus de vigilance et d'attention chez Béatrice. "Il fait beau et je vais juste profiter de ma balade. Je pense qu'il faut protéger l'ours. Il a sa place ici". Visiblement les randonneurs du jour ne sont pas inquiets et ce qui s'est passé en Italie n'a pas vraiment eu d'incidence. 

Alors si vous aussi vous voulez profiter de la montagne, que faire en cas de rencontre inopinée avec l'ours ? Voici les conseils de Patrick Leyrissoux, de l'association Ferus. "Il est souvent surpris par un individu isolé car en groupe, l'animal les détecte à cause du bruit. Il faut tenir son chien en laisse car parfois il va débusquer l'animal et il revient vers l'homme suivi par l'ours. En cas de charge d'ours, il faut garder son calme. Pas de gestes menaçants, ne pas courir et s'éloigner doucement tout en parlant avec lui comme le disaient les anciens !"

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