Pour les producteurs de blé dur de l'Aude, une saison compliquée s'achève. Episodes de gel, sécheresse, pluie... Les aléas de la météo ont menacé la quantité et la qualité des récoltes. La rémunération des cultivateurs dépend désormais du cours mondial du blé.
Les moissons touchent à leur fin dans l'Aude. Pour les producteurs de blé dur, c'est le point d'orgue d'une saison difficile. Après un printemps frappé par des épisodes de gel tardif et de sécheresse, la récolte a été menacée par la pluie.
Les intempéries affectent les rendements
Sébastien et Didier Gazel surveillent le ciel. Producteurs de blé dur à Castelnaudary, ils doivent terminer la moisson avant l'arrivée de la pluie. "Quand il pleut, on ne peut pas moissonner parce que le grain devient humide. Il perd de la qualité", explique Sébastien.
"Au printemps, on a eu la sécheresse... Le blé n’a pas aimé. Et maintenant, pendant la récolte, alors qu'il faudrait qu’il fasse beau, il pleut !" résume l'agriculteur.
Pour l’instant, la qualité du blé n’est pas altérée, donc on garde le sourire. Mais la quantité n’est pas au rendez-vous. Il nous manque entre 15 et 20 quintaux l'hectare.
"Nous avons subi les mêmes phénomènes que nos collègues viticulteurs et horticulteurs", souligne Didier Gazel, en référence aux épisodes de gel tardif survenus en avril dernier.
Contrairement aux destructions spectaculaires occasionnées dans certaines exploitations, l'effet du gel sur le blé n'est pas visible immédiatement. "Le gel survient quand le blé est encore dans la tige, donc on ne peut détecter les dégâts que plus tard, quand le grain est formé.".
Une rémunération indexée sur les prix du marché mondial
Des quantités réduites, mais une qualité préservée : la saison reste correcte. Cependant, la rémunération des producteurs ne dépend pas uniquement de leur récolte. Ils s'en remettent désormais au marché pour obtenir "la récompense du travail d'une année". "On ne peut qu'espérer des prix élevés, mais on n'a pas de prise sur le cours mondial du blé", résume Sébastien Gazel.
Sur le petit marché qu'est celui du blé dur, il y a une spéculation qu'on ne maîtrise pas. Les prix sont volatiles à l'échelle de plusieurs mois. On compte sur le marché pour rémunérer le producteur.
Le Canada est le premier producteur de blé dur. "C'est lui qui fait le marché", explique Gilles Terres, conseiller "Grandes Cultures" à la Chambre d'Agriculture de l'Aude. Cette année, il n'y a pas eu de surproduction au Canada et la production est moyenne à l'échelle mondiale. Gilles Terres est donc optimiste. "Depuis deux ans, le marché du blé dur était au plus bas. On revient aujourd'hui à des niveaux de prix corrects".
Les 1.000 à 1.500 producteurs de blé dur de l'Aude espèrent donc que le prix de vente fixé par le marché compensera des rendements limités par une météo capricieuse.