Rencontre avec Stéphane Linou, il est audois et c'est l’un des premiers locavores de France. Cela signifie qu’il consomme des aliments produits localement. Au delà de l’aspect environnemental, ce Chaurien en a fait une idée politique : la résilience alimentaire.
Il a été l'un des premiers locavores de France. En 2008, Stéphane Linou, alors conseiller départemental de l'Aude, s'est nourri pendant un an exclusivement avec des produits venant d'un rayon de 150 kilomètres autour de Castelnaudary. Le trentenaire voulait alors montrer qu'il est possible de consommer normalement en limitant au maximun la pollution générée par son alimentation. C'était il y a 12 ans.
De l'interdépendance alimentaire des territoires... aux troubles sociaux
Pour Stéphane, nos sociétés contemporaines sont plus fragiles qu'on veut bien le penser.
La plupart des territoires sont en effet dépendants des apports de nourriture extérieure, et donc menacés en cas de crise longue, qu'elle soit sociale ou climatique. Et des pénuries d'aliments entraineraient rapidement des troubles sociaux.
Les territoires sont devenus dépendants au fil des années car ils sont désormais très spécialisés. Si il y avait une cyberattaque sur la chaine logistique ou des blocus, il n'y aurait pas assez à manger pour tout le monde. Donc, on se taperait dessus !
Cette intuition de départ, Stéphane a pu largement la valider en multipliant les entretiens avec des spécialistes pendant un an. Cela a abouti à un livre auto-édité. Et à un projet de résolution au Sénat, déposée en décembre par une sénatrice de Haute-Garonne.
Françoise Laborde, sénatrice RDSE de Haute-Garonne.
Alors qu'au fil des scandales sanitaires survenus ces dernières années, le sujet du bien-manger s'est imposé comme un enjeu de santé publique, un pan entier du sujet n'est jamais évoqué : celui de l'articulation entre l'ordre public et la continuité alimentaire.
Une mission environnementale et politique ?
Le Sénat a rejeté la résolution pour 16 petites voix. Mais pour Stéphane Linou, la prise de conscience est amorcée au sommet de l'Etat. Reste aux décideurs locaux à s'emparer de la question.
On marche sur la tête. L'autonomie alimentaire de Toulouse est de 2%. Et les produits du Lauragais tout proche sont exportés ailleurs. Il faut donc flécher la production locale pour quelle reste sur place.
Dans la perspective des élections municipales de mars, Stéphane Linou tient à disposition des candidats un courrier type dans lequel ils peuvent s'engager à augmenter l'autonomie alimentaire locale, s'ils sont élus.