Comment l'extinction de l'éclairage public a permis à la ville de Carcassonne d'économiser presque 300 000 euros

Depuis octobre 2022, il fait nuit noire dans les rues de Carcassonne. La municipalité a décidé de restreindre l'usage de l'éclairage public. Après les six premiers mois d'expérimentation, 300 000 euros et l'émission de 110 tonnes de gaz à effet de serre ont été économisés.

A Carcassonne, dans l'Aude, quand la nuit tombe, les lampadaires s'allument... mais pas pour longtemps ! Depuis l'automne dernier, l'éclairage public est éteint de 23 heures à 6 heures du matin. 

Face à la hausse du prix de l'énergie et la pollution, la mairie a décidé de prendre cette décision. 68 % du parc est concerné par la mesure, seuls les axes de circulation restent allumés.

11 000 points lumineux 

A Carcassonne, 500 kilomètres de voirie sont éclairés par les lampadaires. Ce sont 11 000 points lumineux répartis dans l'ensemble de la ville. Autant de points qui consomment.

On a éteint la quasi-totalité de la ville : 7 500 points lumineux, ça fait 310 kilomètres de voiries éteints. Grâce à cela, on économise 50 000 euros par mois, donc presque 300 000 euros en six mois.

Arnaud Albarel, adjoint à l'environnement mairie de Carcassonne

Sur le plan environnemental, cela se traduit par 110 tonnes d'émissions de CO2 en moins, soit l'équivalent de 100 allers-retours Paris/New York en avion, ou encore 19 000 Paris-Bordeaux en TGV. 

Nuit noire, nuit du danger ?

Si sur le plan écologique et économique la mesure coche toutes les cases, la nuit noire dans les ruelles de Carcassonne peut faire froid dans le dos. "Il n'y a pas un seul point de lumière dans les rues adjacentes au centre-ville, ça créé vite une atmosphère pesante et procure un sentiment d'insécurité" raconte une habitante.

Surtout depuis janvier, date à laquelle la phase 2 a été lancée : extinction des feux à 22 heures.

Quand vous sortez le soir, pour les besoins du chien, sortir la poubelle...On n’y voit pas à deux mètres. J’ai 49 ans, je n'avais jamais connu de ville noire. Il y a un changement de perception à prendre mais il n'y a pas eu de hausse de la délinquance.

Arnaud Albarel, adjoint à l'environnement mairie de Carcassonne

Le sentiment d'insécurité avait d'abord freiné la mairie pour la mise en place de cet éclairage restreint. C'est la hausse drastique du coup de l'énergie qui a été décisive dans l'adoption de ce système.

Vers un avenir tamisé ?

Si la mesure est plutôt bien accueillie par les habitants, les pompiers et médecins plaident pour faire reculer l'extinction à 23 heures. 

Certains Carcassonnais ont aussi du mal à s'habituer à ces nuits trop noires. Alors, pour trouver un compromis, la mairie travaille sur un nouveau dispositif. "La diminution globale de l'intensité lumineuse serait aussi une solution. Un éclairage intelligent qui se réhausse quand il détecte du mouvement : ça c'est l'avenir", détaille Arnaud Albarel.

Le processus est déjà en phase de test dans certains quartiers de la ville. En attendant de pouvoir éventuellement le généraliser, les lampadaires devraient rester allumés jusqu'à minuit pour accueillir les touristes à l'approche des beaux jours dans les ruelles pavées de la Cité, troisième lieu touristique le plus fréquenté en France.

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