Après un an de restrictions, les professionnels du tourisme attendent toujours une véritable reprise. Emploi du temps incertain, précarité, voire abandon du métier... La suspension de leur activité pourrait avoir des conséquences à long terme.
Depuis 11 ans, Anna Philippe est guide-conférencière à Carcassonne. Diplômée d'histoire de l'art et de lettres modernes, cette passionnée d'architecture n'avait jamais traversé un tel désert. "Ici, d'habitude, même une semaine sans visite, c'est inimaginable", explique-t-elle. Et pourtant, cela fait un mois qu'Anna n'a pas guidé un groupe dans les ruelles de la Cité. "Entre décembre et février, il y a bien sûr moins de travail, mais le flux touristique reste toujours important."
Des visites annulées ou sous contrainte
Or, le secteur a été frappé de plein fouet par la pandémie. Avec les confinements et la fermeture des frontières, le flux de touristes s'est tari depuis un an.
Au cours de l'été, les guides-conférenciers ont pu respirer un peu et reprendre les visites. Mais à ce jour, leur activité est toujours limitée à des groupes de trois à cinq personnes.
Nous n'avons toujours pas de nouvelles réservations... Et surtout, pas des groupes. Quelques personnes se manifestent pour des visites privées, mais ça se compte sur les doigts d’une main… C'est extrêmement difficile.
Seuls les groupes scolaires permettent aux guides de retrouver une pratique presque normale.
L'absence de touristes étrangers, difficile à compenser
Habituellement, les touristes étrangers représentent 70% de la demande de visites guidées. Leur absence représente un manque à gagner conséquent, et incite les guides-conférenciers à se renouveler pour attirer une clientèle plus locale.
"On essaye vraiment de se diversifier", explique Jules Gendron, guide-conférencier.
On a passé toute cette période de creux à chercher des nouveautés pour que ce soit intéressant et vivant, à défaut d’avoir une clientèle étrangère qui nous permet de remplir notre activité comme on le faisait habituellement.
Un métier en péril
Pour l'instant, les aides gouvernementales permettent aux guides de tenir. Mais la reprise inquiète les professionnels. L'incertitude et l'impossibilité de se projeter fragilisent le métier. En septembre dernier, une partie des professionnels s'était mobilisée à Strasbourg, Rennes ou encore Avignon. Au mois de janvier, ils se rassemblaient à nouveau pour interpeller la ministre du Travail Elizabeth Borne et le secrétaire d'Etat au tourisme Jean-Baptiste Lemoine sur leur précarité grandissante.
Nous sommes #solidaires avec nos collègues #guidesconferenciers qui ont manifesté aujourd'hui à Paris. Beaucoup trop de nos collègues en #CDDU se sont retrouvés hors tout dispositif d'aides suite à la pandémie. Danger de mort sociale de notre métier !
— Guides-conférenciers d'Occitanie (@GC_Occitanie) January 12, 2021
Selon une étude de leur fédération, un guide-conférencier sur deux envisagerait de changer prochainement de métier.