Dans le cadre d'un appel national lancé par le mouvement Extinction Rebellion, des militants écologistes se sont rassemblés ce matin à Trèbes (Aude), face à l'usine Bayer-Monsanto. Objectif : dénoncer les pratiques du groupe d'agrochimie, notamment la production d'aliments génétiquement modifiés.
Quatre associations audoises étaient mobilisées ce samedi matin à Trèbes, devant l'usine Bayer-Monsanto. Extinction Rebellion, Greenpeace, les Faucheurs Volontaires et la Confédération Paysanne se sont rassemblés pour dénoncer les agissements du groupe multinational d'agrochimie. Partout en France, des militants écologistes ont répondu à l'appel national "Bye bye Bayer, Ciao Monsanto", lancé par le mouvement des Soulèvements de la Terre.
Contre les aliments génétiquement modifiés
Une cinquantaine de personnes était présente face à l'usine Bayer-Monsanto de Trèbes, spécialisée dans la production de semences enrobées. "Notre objectif est d'interpeller la population, mais aussi et surtout les pouvoirs publics, sur la nécessité de sortir du mode de production alimentaire incarné par Monsanto", explique Karine Michils, membre du groupe local Greenpeace Narbonne. Pour ce faire, les militants ont "redécoré" le rond-point menant au site industriel avec des panneaux de sensibilisation aux enjeux environnementaux et alimentaires. "Nous souhaitons dénoncer les pratiques du groupe Bayer-Monsanto, aussi bien les effets de ses produits phytosanitaires que la production d'aliments génétiquement modifiés", poursuit Karine Michils.
Les quatre associations soulignent notamment le blocage - particulièrement fort en France - de l'interdiction de certains aliments issus de la mutagenèse (une technique de modification du génome par réaction chimique, et non par introduction directe d'un génome étranger). "Une directive européenne a banni ces aliments en 2018. Depuis, la France a tout fait pour maintenir l'autorisation de production. Le Conseil d'Etat a validé cette directive, il faut maintenant que la France l'applique ! Mais rien ne bouge."
Avec l'irruption de la guerre en Ukraine, Karine Michils reconnaît qu'il est encore plus difficile d'imposer les thèmes environnementaux dans le débat public, y compris en période de campagne présidentielle. "Ces autres priorités s'ajoutent au mépris habituel des dirigeants politiques pour ces problématiques", regrette-t-elle.
Dialoguer avec le monde agricole
"Notre objectif n'est pas de stigmatiser les agriculteurs", précise Karine Michils, "mais de dialoguer avec eux". "Nous voulons nous rapprocher des agriculteurs, échanger avec eux sur les façons de sortir des pratiques conventionnelles, et éviter les préjugés qui peuvent exister - dans les deux sens - entre le monde agricole et les associations écologistes."
Les agriculteurs pâtissent du système conventionnel. La pression qu'ils subissent et le taux de suicide dans cette profession montrent qu'ils auraient eux aussi intérêt à chercher des alternatives.
Karine MichilsGreenpeace Narbonne
"Nous entendons les attentes des manifestants et tenons au droit de parole de chacun", a indiqué Bayer-Monsanto dans un communiqué, suite à la manifestation pacifiste à Trèbes. "Nous sommes à l’écoute des représentants des associations pour organiser une discussion dans un cadre apaisé et sans menace d’ultimatum, conformément à l’esprit de dialogue et d’ouverture porté par Bayer."
Dans le Rhône, et plus particulièrement à Lyon, plusieurs actions simultanées ont été menées, avec des tentatives d'intrusion dans les sites Bayer-Monsanto. "Le collectif des Soulèvements de la terre a posé il y a quelques semaines déjà un “ultimatum” à l’encontre de l’implantation de Bayer en France. Cette méthode et les menaces qui l’accompagnent sont en contradiction complète avec la volonté de dialogue dont Bayer fait preuve sur ses activités", a réagi l'entreprise.