La Confédération paysanne de l'Aude a annoncé, jeudi, avoir déposé une plainte au tribunal de grande instance de Carcassonne "pour extorsion sur la valeur rémunérée aux vignerons" contre la coopérative viticole Vinadeis. Le prix payé aux vignerons est inférieur au prix de revient.
Une plainte contre Vinadeis dans l'Aude et dans l'Hérault contre le groupe Advini
Dans un communiqué, le syndicat a dénoncé la situation "catastrophique de nombreux viticulteurs" du Languedoc-Roussillon qui sont rémunérés à "un prix qui ne leur permet même pas de couvrir leurs coûts de production".
Alors qu'un quart des viticulteurs de Languedoc-Roussillon avait un revenu annuel supérieur à 30.000 euros en 2013, près de 20% avaient un revenu négatif!" la même année, constate la Confédération, dénonçant aussi l'importation "de vins espagnols" à bas prix.
La coopérative achète le vin 55€ l'hectolitre moins qu'il y a 15 ans
Selon Robert Curbières, membre du bureau de la Confédération, Vinadeis ne paye actuellement "que 55 euros l'hectolitre" alors qu'il faudrait "200 euros". "C'est la seule façon de sauver la filière", affirme-t-il.
"En 2002, on pouvait vendre 68 euros l'hectolitre en vrac. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on peut vivre avec 55 euros", fait-il valoir.
Vinadeis a fait le choix stratégique de grossir toujours plus, fusionnant avec (d'autres coopératives), Val d'Orbieu, UCCOAR, et introduisant le groupe In Vivo, premier groupe coopératif agricole français, à hauteur de 21 %, créant les conditions même de la crise que subissent les petits coopérateurs viticulteurs du groupe", a encore déploré la Confédération.
"Or, le groupement des producteurs a été créé pour valoriser les vignerons, non pas pour devenir une multinationale à la gestion opaque. Sinon, c'est le crapaud qui veut ce faire aussi gros que le boeuf", a ajouté M. Curbières.
Quant aux vins espagnols, "achetés à bas prix et dont on ne sait pas ce qu'ils deviennent", selon M. Curbières, la Confédération estime qu'ils n'ont pas leur place dans Vinadeis.
"L'argument est de dire qu'on ne trouve pas ce genre de vins en France. C'est faux. Il y a ce genre de référence. Mais la coopérative veut les payer le même prix qu'en Espagne", déplore M. Curbières.
Interrogé par l'AFP, Joël Castany, président de Vinadeis, n'a pas souhaité commenter la plainte.
Cette coopérative, dont le siège est à Narbonne, "regroupe 3.000 viticulteurs en Languedoc-Roussillon", a-t-il précisé.