Un historique de plus rayé de la carte du rugby professionnel. Narbonne, double champion de France et club des légendaires Walter Spanghero, Jo Maso ou Didier Codorniou, va, sauf miracle, descendre en amateur. Et le président Bernard Archilla s'en va, un an et demi après son arrivée.
Les près de 70 points encaissés dimanche à domicile face au voisin honni Béziers (21-68) ont été le dernier clou planté dans le cercueil du Racing club narbonnais, mathématiquement relégué en Fédérale 1 s'il s'incline vendredi à Carcassonne - en passe d'être sauvé, ironie du sort, par son ex-entraîneur Christian Labit, débarqué en octobre.
Le président Bernard Archilla s'en va. La récation de Christian Labit, ex entraîneur de Narbonne
"Avec (Jo) Maso, (François) Sangalli, on a connu une période faste qui nous a permis d'exister au plus haut niveau mais après cela a été la descente aux enfers petit à petit", raconte, avec son accent rocailleux, la légende Walter Spanghero, "sans voix" face au destin du club. Battu en finale en 1974 avec Walter, qui part à Toulouse en 1975, le Racing remporte son deuxième titre de champion de France en 1979 (après celui de 1936) avec son frère Claude, le "Petit Prince" Didier Codorniou et Sangalli.
Narbonne enchaîne les mauvais résultats et risque la relégation en Fédéral 1.
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Mais en 2007, quand le club descend en Pro D2, "c'est une fatalité", juge Gilles Belzons. Narbonne "n'existe plus dans le paysage. Si un gamin de dix ans croise Codorniou ou Sangalli et qu'ils lui disent qu'ils ont joué à Narbonne, il leur répondra +t'es nul+", renchérit-il. "Il faut beaucoup d'argent pour gérer le rugby aujourd'hui. Les petites villes, c'est fini", abonde Spanghero alors que Tarbes, Lourdes, Bagnères de Bigorre ou Auch ont déjà connu le même destin.
Investisseurs australiens, ère (mouvementée) Rocky Elsom, sauvetage par des entrepreneurs locaux, recrutement raté, manque de cohésion: Narbonne a vécu des dernières années difficiles avant l'inéluctable. Et dans les travées du stade, les mines sont déconfites. "On a beau ne pas être né à Narbonne ou ne pas avoir grandi avec l'histoire du grand Narbonne, on sait ce que ça représente le maillot orange et noir, on se rend bien compte de la ferveur qu'il y a ici et de la tristesse des gens", indique le capitaine Benjamin Collet.On se rend compte de la tristesse des gens