Coronavirus : à Rodez, un épicier de quartier se dévoue pour que ses clients ne manquent de rien pendant le confinement

Dans le quartier de Bourran à Rodez, tout le monde ou presque, connait Eric Mazzetti. Avec son épouse, il gère une supérette. Il est passionné par son métier. En temps normal il reste ouvert de 7h du matin à 20H30. Avec le confinement les horaires ont été légèrement adaptés, mais pas le service.
 

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« Vous nous sauvez la mise ! » Colette vient de passer la porte du magasin. Retraitée, elle s’est installée avec son mari dans le quartier depuis un an, et fréquente le magasin depuis. « On sait les trouver quand on en a besoin, alors maintenant … On ne sort pas, donc on vient ! »
 


Un commerce de proximité

Comme Colette, beaucoup d’habitués fréquentent la supérette de Bourran pour des courses d’appoint. Eric Mazzetti les connait tous, ou presque, par leur prénom.  Depuis le début du confinement, ils viennent remplir leur panier presque quotidiennement. Dans les 315 m2 du magasin, des produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien du pain et des journaux quotidiens.

Pratique pour Floriane, une jeune femme de 34 ans qui souffre d’un handicap. Elle se déplace avec une béquille, et porte un masque pour se protéger. Habitante du quartier depuis 10 ans, elle connait bien Eric, elle a choisi pendant le confinement de se réapprovisionner ici :

ça m’évite d’aller plus loin, c’est plus rapide, on trouve tout rapidement  et il y a moins de monde. 

  

Le sourire du quartier

Et puis il y a la bonne humeur et le sourire d’Éric, que l’on perçoit désormais dans ses yeux pétillants, à cause du masque.
Aux deux caisses, à la sortie de la supérette, avec son employée, ils portent des FFP2 récupérés du chantier de peinture du magasin entrepris il y a 3 ans. « Un médecin de l’hôpital m’a dit qu’il étaient encore bons, qu’il fallait faire attention aux élastiques ».
 
Les consignes sont respectées, Ils se lavent les mains régulièrement et les tapis des caisses sont nettoyés : « pas question d’être contaminé, sinon je serai obligé de fermer ». 

Le petit plus depuis le début du confinement, ce sont les attestations qu’Éric remplit pour ses clients, ceux qui n’en n’ont pas : « ils n’ont pas tous des imprimantes ». Et pour les plus âgés, à côté de la caisse, un flacon de gel hydro-alcoolique. « Je leur vaporise du produit sur les mains avant qu’ils sortent du magasin ».

 

Les deux passions d’Éric : le commerce et les gens

Il est comme çà Eric, il aime les gens : « on ne fait pas ce métier sinon, c’est physique,  je le dis aussi aux gérants que je forme. Il y a beaucoup de présence et d’heures » et il rajoute en riant : « Je gagne ma vie, mais je ne fais pas ce métier pour l’argent. C’est une passion, je m’amuse au magasin ».

Ce commerçant a aussi le sens du service, ouvert en temps normal tous les jours de 7h à 20h30 du lundi au samedi. Notamment  pour accueillir les personnels de l’hôpital à proximité : « je me suis adapté à leurs horaires ». 
Avec le confinement, il a réduit ses plages horaires, 8H30 à 19H,  jusqu’à nouvel ordre, avec une heure et demi le soir désormais reservée aux soignants. Ouvert non-stop depuis 15 jours, il a pu garder 4 de ses 7 salariés avec lui.

Cela fait 15 ans qu’Eric Mazzetti sourit, et se sent utile dans le quartier de Bourran. Et depuis plus longtemps à Rodez : il tenait auparavant une autre supérette dans le secteur de la gare.

Ce Marseillais d’origine est un Aveyronnais de cœur. Il a épousé le pays quand il a rencontré sa femme qui est née ici. Sa passion lui a valu d’être distingué en 2011 : meilleur gérant de France SPAR. Il a même été ruban d’argent au niveau national toutes franchises confondues.    
 

Un avant et un après la crise du coronavirus

Avec le confinement, sa clientèle a changé et il s’est adapté. « En temps normal, j’ai beaucoup d’étudiants, et je fais beaucoup de « snacking ». Ils sont tous rentrés chez eux, maintenant j’ai les clients du quartier et des clients de passage que je n’avais jamais vu.
Je vends plus de produits de consommation courante : lait, sucre, beurre, papier toilettes, riz, conserves".

Et puis j’ai remarqué aussi que les gens consommaient plus de chocolats et de bonbons rajoute-t-il avec humour.

Le magasin n’a pas perdu de clients. Au contraire : « en moyenne j’ai 350 personnes sur la journée, en ce moment c’est 400 ».  Avec la crise, les habitants du quartier découvrent leur épicerie de quartier. D’ailleurs Eric en est certain : « Il y aura un après».


Un commerce comme un service public ?

Eric Mazzetti aime bien cette idée.
Depuis hier, lundi 30 mars, il ferme les portes au public à 19H et garde une heure et demi pour les soignants, uniquement pour eux et sans prendre de marge sur les ventes :

" je voulais faire un geste pour eux, les soulager, sans faire de business".

Un investissement personnel, qui reste essentiel pour lui :

«le premier soir du confinement, en sortant du magasin à la fermeture, j'ai fait 3 pas et les gens ont applaudi. Ça m’a fait drôle ! j'avais la chair de poule. J’ai cru que c’était pour moi, avant de réaliser que c’était pour les soignants bien sûr ! ».

Mais du haut de son balcon quelqu’un a lancé : « pour Eric aussi on applaudit !».


Et il a été doublement touché. Et si les soignants pouvaient entendre ces applaudissements en sortant de son magasin, et ressentir ce qu'il a ressenti. 

"C'était tellement fort !".

Depuis, le commerçant ne se lasse pas de répéter l’anecdote à ses clients, du sourire plein la voix et de l'émotion dans les yeux. 
 
  
 
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