Fermetures de lits, baisse de budget... des soignants manifestent pour dénoncer la dégradation du système de santé dans l'Aveyron

Une intersyndicale CGT, FO et Sud appelaient les professionnels de santé à faire grève partout en France ce jeudi 16 novembre. A Rodez, près de 70 personnes se sont rassemblées devant la préfecture.

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"La santé des Aveyronnais est en danger si l'on ne fait rien pour le public". Ce jeudi 16 novembre, Pascal Mazet, responsable syndical CGT Action sociale de l'Aveyron, tire la sonnette d'alarme. Comme d'autres confrères, il est venu dans l'après-midi manifester à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, Unsa et Sud. Le but : dénoncer la dégradation du système de santé français, qui frappe aussi le département. "On ne ferme pas de services mais beaucoup de lits, comme par exemple à Saint-Affrique, déplore Pascal Mazet, on trouve tous les jours des excuses pour fermer des lits, comme à Espalion où on a fermé quelques lits de médecine."

Faute de médecins, l'hôpital de Saint-Affrique doit suspendre l'accueil de patients dans plusieurs services. En début de semaine, 21 lits supplémentaires ont été fermés en raison du départ de deux médecins. La salle de l'accouchement de l'établissement a déjà dû fermer temporairement cette année en raison d'une pénurie de praticiens. 

La loi Rist en ligne de mire

Le rassemblement, qui a eu lieu devant la préfecture sur la place Charles de Gaulle à Rodez, a réuni près de 70 personnes. Sur place, seules la musique et les discussions animent la manifestation, l'ambiance est bon enfant. Aucune prise de parole n'est organisée, pourtant la colère et le désespoir grondent. "On n'en peut plus de tout ça, on n'arrive plus à soigner les gens correctement, soupire Pascal Mazet. Partout on régule les entrées dans les services d'urgence, comme à Decazeville, Rodez, Villefranche-de-Rouergue, Saint-Affrique. L'excuse est qu'il n'y a pas de médecin, mais c'est normal : avec la loi Rist de 2023, on oblige les établissements à encadrer le salaire des intérimaires, mais ce n'est fait que dans le public. Donc tous les médecins désertent l'hôpital public pour partir dans les cliniques privées. Il faut que cette loi s'applique à tout le monde !" 

Un budget insuffisant et en baisse pour 2024

Dans le communiqué de l'intersyndicale appelant à la mobilisation, on s'alarme également du "financement de la sécurité sociale (PLFSS)" qui "manque clairement d'ambition et ne répond pas aux enjeux et aux besoins des assurés". Et se traduit par des délais rallongés pour trouver un rendez-vous chez un spécialiste, ou encore la régulation des services d'urgences.

"Que ce soit dans le public ou dans le privé, les enveloppes budgétaires fondent comme neige au soleil", déplorent les syndicats. "Le financement de la sécurité sociale étant en baisse de 2 milliards pour 2024, il sera impossible de répondre aux attentes légitimes des professionnels de la santé, tant en termes de rémunération que de conditions de travail." Les conséquences, elles, sont sans appel : "les métiers de la santé ne sont plus attractifs", "les employeurs peinent à recruter". Sans parler de l'augmentation de "la charge de travail des professionnels qualifiés qui sont épuisés." 

Améliorer les conditions de travail 

Face à cette situation critique, Pascal Mazet insiste sur l'importance d'améliorer les conditions de travail des professionnels de santé. "Il faut que du côté managérial on retrouve de l’humain. On travaille pour de l'humain, mais aujourd'hui, l'humain n'y est plus", regrette-t-il. Autre revendication de la part du syndicaliste : dans un contexte de pénuries de médecins, "enlever la tarification à l'acte et revenir à un budget global de la santé."

"Le temps que les nouveaux médecins soient formés il faudra attendre 12 ans, s'inquiète Pascal Mazet. Sauf qu’il faut prendre le problème à bras le corps aujourd’hui parce que dans 10 ans on n’aura plus d’hôpitaux, on n’aura plus rien ! C’est pas avec les fermetures de lits qu’on va résoudre le problème".

Propos recueillis par Jordan Lasserre

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