Les éditions Robert sortent " le grand livre du français de nos régions ". Une bonne occasion, en plein confinement, de réviser ses classiques des régionalismes et d’en apprendre de nouveaux, de chez nous ou pas.
Pour les linguistes, entendre les mots de chaque région ne se fait plus désormais systématiquement sur le terrain. Mathieu Avanzi, auteur de l’ouvrage, est un habitué de la toile. En atteste le blog qu’il a créé aux côtés d’un autre maître de conférence André Thibault : " français de nos régions "
L’ouvrage a ainsi été construit sur la base d’enquêtes auxquelles des milliers de francophones ont participé. Par exemple, parmi les mots les plus emblématiques qui sont sortis des régions, " Péguer " est arrivé en tête pour la nôtre.
Péguer : coller légèrement (verbe occitan formé sur péga, « la poix ») et s’emploie pour parler des doigts après qu’on a mangé un fruit trop mûr ou de soda sur une table ou du carrelage.
Si ça pègue, prévois un petit tapis à mettre dessous, sinon tu vas abîmer ton parquet (je parle d'expérience).
— Rosa Pek (@PekkalaRosa) November 2, 2020
Parmi les grands classiques, l’étymologie du désormais célébrissime " Boudu con " n’est pas oubliée.
Bien que la forme bouducon soit souvent écrite en un seul mot, il s’agit d’un calque de l’occitan local de même forme où bou = " bon " et diou = "dieu ". Quant à la forme con, elle désigne à l’origine le sexe de la femme, puis une personne imbécile ou idiote. Dans le Sud-Ouest, elle a perdu son sens et s’emploie comme un appellatif ou un ponctuant oral.
Toulouse ville rôse ou rose ?
Egalement de la partie, le regretté Alain Rey rappelle dans la préface que " sans y prendre garde, chaque chez nous parle un français particulier ". Et pas seulement dans les mots mais également dans les intonations. A Toulouse où de plus en plus de nouveaux arrivants débarquent dit-on ville rôse ou ville rose ? Plus largement dans notre région "change-t-on nos Peuneus moinssse qu’avant "ou " change-ton nos pneus moins qu’avant " ?Musicalité des mots, des phrasés et des chansons aussi bien évidemment. Une double page est consacrée à l’expression " Tomber La Chemise " créée par les toulousains de Zebda. " Un refrain qui a marqué les esprits par sa dimension festive et la lecture d’une invitation à se foutre à poil pour un oui ou pour un non ".
A quand le retour du poutou ?
Dimension festive qui nous semble loin en ces temps de pandémie et de confinement où même " poutouner " nous est interdit. Emprunt récent à l’Occitan de même sens poutounà : " baiser, embrasser, couvrir de baisers ". Une embrassade à prendre avec toutes ses nuances : poutounas, " bruyant et baveux ", poutouet " silencieux et donné du bout des lèvres ".
@Junkiecakes Des poutounas !!
— GRuNCloWn (@Re0D) December 6, 2015
Mais en attendant le retour du poutou, il nous reste la chocolatine…Ainsi la définissait une publicité de 1853 reprise dans l'ouvrage : "c'est un bonbon agréable à l'oeil, facile à manger, se conservant indéfiniment, et n'ayant aucun des inconvénients qui résultent de l'usage des friandises".
"Comme on dit chez nous" de Mathieu Avanzi avec la complicité d'Alain Rey et d'Aurore Vincenti, Le Robert.