Les vendanges ont commencé il y a quelques jours dans le Gard. Mais à Lédignan, les viticulteurs cévenols envisagent de renoncer à la récolte face au manque de raisins dans les vignes suite à l’épisode de gel du printemps dernier.
Depuis vendredi matin, les machines parcourent les paysages de vignes de Lédignan. Mais les vendangeuses peinent à remplir leurs bacs. “Jusqu’ici, on ne se rendait pas vraiment compte à quel point les vignes étaient attaquées” se désole Anthony Bafoil, viticulteur à Lédignan. “Mais là, on tourne à 1 tonne, 1,2 tonne l’hectare, ça fait à peine 10% de la production habituelle.”.
En cause, le grave épisode de gel survenu en avril dernier : le mercure est descendu ici jusqu’à moins 9 degrés. Une température qui a tué dans l’instant les inflorescences de raisin. “Le jour où il a gelé, les vignes avaient déjà bien démarré ”, se souvient Marc Issarte, viticulteur lui aussi à Lédignan. “En l’espace de deux heures, tout a été éliminé ! Je suis revenu vers 9h-10h du matin quand la température a commencé à remonter et j’ai vu la végétation qui a commencé à noircir. Je me suis dit : “la récolte est foutue.”.
Les vignes ont continué à grandir mais sans fleurir.
Des vendanges remises en question
Aujourd’hui, lorsque le vigneron parcourt ses souches, il peine à trouver des grappes. “Là, on se pose la question de savoir si on va vendanger ou pas”, se désole Marc. “Parce que ça a un coût et on n’est pas certain que la récolte couvrira le coût du gasoil."
Une dizaine de viticulteurs jettent l’éponge
Un triste constat que partagent les viticulteurs du Gard. A la cave coopérative de Lédignan, sur les 40 vignerons, une dizaine a choisi de mettre fin à leur activité. “Des gens ont appelé pour me dire qu’ils arrêtaient parce que les contraintes sont trop fortes”, s’inquiète Anthony Bafoil, le président de la cave coopérative de Lédignan. “Les exploitations qui étaient en difficultés ne peuvent pas prendre le risque de remettre de l’argent dans les vignes une année de plus”.
Depuis 5 ans, les aléas climatiques s'enchaînent entre sécheresse, grêle et gel mais rien n’avait jusqu’ici détruit l’intégralité de la récolte comme cette année.
Des conséquences économiques dramatiques
Pour Marc Issarte, le gel représente une perte de 8 000 euros par hectare, soit 136 000 euros sur l’ensemble de sa production. L’assurance ne lui remboursera qu’aux alentours de 3 000 euros. Reste un mince espoir : celui des aides de l’Etat.
Il faut remonter à 1991 pour recenser un épisode climatique comparable à celui qui a ravagé nos exploitations agricoles.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) April 10, 2021
Au-delà de notre indéfectible soutien, le secteur agricole attend une réponse puissante et immédiate de l’État.
Il sera au rendez-vous. pic.twitter.com/OQHZYa0cRT
Le gouvernement a promis de débloquer 1 milliard d’euros pour tout le pays mais rien que dans le Gard, les viticulteurs évaluent leurs pertes à plus de 400 millions d’euros.