Intempéries dans le Gard : les ponts submersibles, un risque mortel encore méconnu de certains habitants

Six personnes ont été emportées par les crues au niveau d'un pont submersible, samedi 9 et dimanche 10 mars, dans le Gard. Conçues pour laisser passer l'eau agitée en cas d'intempéries, ces infrastructures n'ont pas de parapet pour retenir les véhicules. Un risque que toute la population n'a pas encore intégré.

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Un pont submersible, c'est le point commun des trois histoires dramatiques survenues cette nuit, alors que de fortes précipitations occasionnaient des crues dans les Cévennes gardoises. 

Trois véhicules ont été emportés par les eaux sur trois ponts submersibles différents, samedi 9 et dimanche 10 mars.

À l'intérieur : six personnes au total, dont deux enfants âgés de 4 et 13 ans. Cinq sont toujours recherchées. Un corps a été repêché en milieu d'après-midi.

"Vingt centimètres d'eau suffisent"

Les ponts submersibles s'abaissent parfois mécaniquement sous l'eau pour faire passer des bateaux. Dans les zones rurales, au-dessus de petits cours d'eau, ils sont souvent fixes.

Il en existe une soixantaine dans le Gard, département sujet aux inondations. Construits sans parapet, ils sont conçus pour laisser passer tout ce que les courants peuvent charrier comme boue, branchages et autres objets en cas de crue. 

Il est donc extrêmement dangereux de les traverser quand ils sont submergés. "Vingt centimètres d'eau sur le sol suffisent pour perdre le contrôle de son véhicule", alertait le secrétaire général de la Préfecture du Gard Frédéric Loiseau, en conférence de presse dimanche matin.

Une fois la voiture embarquée, aucune bordure ne retient sa chute dans les remous. Même après la décrue, il est possible de glisser sur de la boue déposée sur le pont au passage de l'eau. 

Absence de barrières

Dix-sept ponts submersibles étaient encore fermés dans le département dimanche matin, d'après Info route Gard. Cela n'a pourtant pas empêché certains automobilistes de se risquer à les traverser. 

Parfois, il n'existe qu'un panneau pour informer les automobilistes du danger. En cas de crue, des barrières sont parfois placés par les agents de voirie pour empêcher l'accès à la route. 

Dans les grandes villes, des ponts submersibles ont parfois été remplacés par des infrastructures plus robustes. Comme ce pont au-dessus du Lez à Montpellier, où des automobilistes étaient décédés dans les années 1990, finalement rénové en 2005 pour pouvoir résister au passage du tramway.

De tels travaux sont pour autant inenvisageables en zone rurale. Pour des raisons économiques, d'une part, mais aussi car le relief est bien souvent inadapté à des constructions d'envergure supérieure.  

"Culture du risque"

Reste donc à la population à intérioriser les risques que présentent les ponts submersibles. Au vu du nombre de drames, cet épisode cévenol est sans précédent depuis 2014, selon la préfecture du Gard. À l’époque, c'était déjà sur un pont submersible qu'une mère et ses deux enfants avaient été tués, emportés par les eaux de la Droude dans leur voiture. 

"Les ponts sont submersibles exprès, pour laisser passer l'eau lors des crues. Nous le savons car nous habitons ici depuis toujours, mais les nouveaux arrivants n'ont pas forcément conscience de ce danger", déplorait alors une habitante auprès de France 3 Occitanie.

Interrogé sur France info ce dimanche, le porte-parole de la sécurité civile nationale Sébastien Paletti confirme : si "la culture du risque s'installe en France", en particulier dans les zones sensibles aux crues, ce n'est pas le cas dans tout le pays et encore moins sur le reste du continent européen.

Une fois les opérations de sauvetage terminées, Sebastien Paletti l'assure : "un retour d'expérience sera effectué pour trouver des axes d'amélioration", notamment en termes de prévention. 

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