Les membres des patrouilles forestières de l'Office national des forêts (ONF) surveillent et préviennent bénévolement les risques d'incendies dans leur département. En cas de feux, six fois sur dix, la patrouille est la première sur place avant les pompiers. Reportage dans le Gard, entre Remoulins et Avignon.
Les comités communaux des feux de forêt jouent un rôle essentiel en été dans la prévention et l'extinction des départs d'incendies. Dans le Gard, les bénévoles des patrouilles forestières surveillent attentivement le territoire de juin à septembre, surtout en période de canicule.
Pierre est l'un de ces bénévoles. Il patrouille au milieu de la garrigue pour détecter le moindre risque d'un départ de feu. Il localise un début d'incendie. Un léger panache gris se dégage dans la plaine. Il est à peine visible à l'œil nu mais dans ce paysage, le forestier est capable de déceler la moindre anomalie.
Là, nous allons passer un message d'information au poste de régulation. On va continuer à observer la fumée pour voir s'il y a une évolution.
Pierre Carle, agent de protection de la forêt à l'ONF.
Une fine connaissance des lieux
Cet œil acéré, Pierre l'a aiguisé après des heures de surveillance : "la priorité d'un agent de l'Office national des forêts (ONF) est sa connaissance du secteur qui est sa première valeur sur le terrain. Nous avons une connaissance de toutes les pistes forestières du secteur".
À ses côtés, un pompier volontaire surveille également. Avec une réserve de 600 litres d'eau à l'arrière de son 4X4, Valentin peut éteindre un départ de feu. Six fois sur dix, la patrouille est la première sur place avant même les pompiers.
Pour intervenir rapidement, le forestier s'occupe de la pompe et le pompier va venir prendre la lance et la tirer jusqu'au pied du feu pour avoir l'eau plus proche des flammes.
Valentin Julien, pompier volontaire dans le Gard.
60 départs de feu dans le Gard pour l'été 2023
Dans le Gard, toutes les zones à risques sont surveillées grâce à vingt-six binômes comme Pierre et Valentin. Leur efficacité est redoutable : "En un peu moins de dix minutes, nous sommes sur les départs de feu. Cette première intervention permet d'éviter que les incendies deviennent importants. Bien sûr, le relais est pris par des pompiers pour la lutte et l'extinction des feux".
Dans l'esprit de Valentin et Pierre flotte le souvenir de l'incendie ravageur de 1985, dans les Cévennes, où plus de 1.000 pompiers et l'armée ont dû être mobilisés. En 2022, ce sont presque 900 hectares qui partent en fumée sur le territoire, notamment à cause d'un feu à Aubais qui avait fait 6 blessés et mobilisé 400 pompiers.
Depuis, l'État a doté le département de patrouilles supplémentaires. L'été dernier, soixante départs de feu, seulement, ont été recensés dans le Gard.