Après le gel l'an dernier, les abeilles ont subi la sécheresse cet été. Conséquence : la production de miel a fortement baissé. Dans le Gard, les apiculteurs enchainent les mauvaises récoltes.
Ne vous y méprenez pas. A Sanilhac-Sagriès, les ruches grouillent et se remplissent de miel, mais ce n’est pas synonyme de bonne récolte. En 40 ans de métier, c’est même la première fois que Patrick Arnoux a dû donner des compléments alimentaires à ses abeilles. En cause ? La sécheresse de l’été.
"La reine a arrêté de pondre et il n'y avait pas de provisions. On a eu la chance qu'il ait plu au bon moment en septembre pour l'automne, mais la récolte était finie. Tout le miel qui est maintenant dans les ruches va servir aux abeilles à passer l'hiver", témoigne Patrick Arnoux, apiculteur.
Réchauffement climatique
Des ruches qui avaient déjà souffert l’an dernier à cause du gel du mois de mars. Après le varroa, cet acarien qui détruit les colonies, ou encore les produits phytosanitaires, les apiculteurs font désormais face à un obstacle difficile à endiguer.
"Depuis quelques années, avec le changement climatique, ça devient une catastrophe. Par exemple, une miellée de châtaigniers qui durait un mois, maintenant elle dure 10 jours. Une miellée comme la lavande démarrait le 14 juillet, maintenant il nous faut y être le 20 juin et ça dure très peu de temps, " poursuit l'apiculteur.
Une profession en danger
Avec ses 900 ruches, la famille Arnoux tient le coup, même si la production est divisée par deux par rapport à une année normale.
Pour Christian Pons, le président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française : "On peut raisonnablement estimer que la récolte de miel 2022 en France s’élève entre 12 et 14 000 tonnes supérieures à celle de 2021 en raison des bonnes récoltes de printemps, mais très inférieure à celle de 2020."
Et il alerte les pouvoirs public : " Dès le mois de juillet, compte tenu de la situation dramatique de l’apiculture française, l’UNAF a alerté les services de l’Etat pour que soit mis en œuvre les calamités agricoles de manière à aider les apiculteurs à passer ce cap difficile."
Compléments de revenus
Certains apiculteurs se reconvertissent, le miel ne suffit plus.
"Cela devient de plus en plus difficile, donc j'ai décidé cette année de ralentir l'apiculture et de me diversifier. Je travaille seul, donc c'est encore plus dur", confie Christian Segarra, apiculteur dans le Gard.
L’année dernière, ce n’est pas la sécheresse mais le gel du mois de mars qui avait mis à mal la profession. Deux ans consécutifs de mauvaises récoltes qui font craindre pour l’avenir.