Mignons mais ravageurs, les lapins de Garenne détruisent les champs d'agriculteurs près de Nîmes

Ils sont assurément mignons, mais saviez-vous qu'ils pouvaient être de redoutables nuisibles ? Les lapins de Garenne prolifèrent et envahissent les champs du Gard, au point de sérieusement impacter les productions des agriculteurs. Près de Nîmes, ces derniers ont décidé de riposter.

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Les lapins de Garenne ont toujours existé dans les champs de Manduel, près de Nîmes. Mais depuis quelques mois, ces mignons petits rongeurs sont devenus un véritable fléau pour les agriculteurs qui cultivent ces parcelles. 

Hervé Bonnaure et Frédéric Chabert cultivent des vignes, des légumes et des arbres fruitiers sur ce territoire depuis des années. Mais face à la surpopulation actuelle de lapins, ils ne sont pas sûrs de pouvoir continuer encore longtemps : "Les lapins ont rongé les troncs, environ 20% à 30% de la parcelle est morte" déplore le viticulteur et arboriculteur Hervé Bonnaure.

C'est leur état de surpopulation qui pose problème. S'ils ne mangeaient qu'une souche ou 2 on ne s'en apercevrait pas ce ne serait pas bien grave, mais là aujourd'hui on parle de dégâts sur des parcelles entières.

Hervé Bonnaure

Viticulteur et arboriculteur de Manduel

Des dizaines de milliers d'euros de perte

"Avant on avait des lapins mais en nombre correct, là c'est leur état de surpopulation qui pose problème. S'ils ne mangeaient qu'une souche ou 2 on ne s'en apercevrait pas ce ne serait pas bien grave, mais là aujourd'hui on parle de dégâts sur des parcelles entières" explique l'agriculteur gardois qui a perdu 1 hectare de vignes.

Les dégâts économiques sont conséquents : les viticulteurs et arboriculteurs concernés estiment la perte à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Et surtout, le ravage des lapins aura des conséquences sur plusieurs années : "Les dégâts ne concernent pas uniquement la production mais directement nos vignes. On perd nos pieds qui étaient dans l'âge de produire donc le temps d'en replanter (...) on perd 4 ans de récolte" calcule Hervé Bonnaure.

Pour endiguer le problème, ils ont bien essayé de mettre des protections en plastiques et des clôtures autour des champs... En vain. Ces producteurs souhaitent désormais s'attaquer à l'origine du problème : les trop nombreux terrains en friche où les animaux ne sont pas dérangés.

Les friches avoisinantes propices à cette surpopulation

"Sur la commune de Manduel on ne doit même pas rester une dizaine d'agriculteurs, beaucoup de terrains avoisinants appartiennent à des privés mais ils ne les entretiennent pas" explique le viticulteur et maraîcher Frédéric Chabert.

Nous, en tant qu'agriculteurs on n'aurait pas le droit de laisser les terrains dans cet état, on aurait des amendes. Mais les particuliers, eux, font ce qu'ils veulent.

Frédéric Chabert

Viticulteur et maraîcher de Manduel

La commune de Manduel est située à peine une dizaine de kilomètres de Nîmes. Ses terrains sont la proie d'une forte spéculation foncière... mais restent abandonnés pour le moment.

"Nous, en tant qu'agriculteurs on n'aurait pas le droit de laisser les terrains dans cet état, on aurait des amendes. Mais les particuliers, eux, font ce qu'ils veulent. Ils fournissent le gîte et nous on fournit le couvert..." regrette amèrement Frédéric Chabert face à ses courgettes, fèves et vignes qui finissent dans le ventre de ces lapins. 

L'appel aux chasseurs comme dernier recours

Pour ces agriculteurs, la situation ne peut plus durer. En colère, ils annoncent que "si rien n'est fait [ils vont] couler". A défaut de soutien des pouvoirs publics, ils se sont tournés vers les chasseurs pour réguler la population de lapin aux abords de leurs cultures. 

En trois jours, les chasseurs en ont capturé une cinquantaine. "A l'aide de filets, de cuves qui sont mis dans les trous et de furets, on prélève les lapins pour les déplacer sur d'autres territoires ou d'autres communes" détaille Martial Marcera qui s'est occupé de l'opération.

Le président du syndicat des chasseurs de Manduel est intervenu gratuitement car pour lui cela fait partie de leurs missions de gestion de chasse : "Il ne faut pas qu'on ait de grosses concentrations de lapins au même endroit. Bien sûr pour éviter les dégâts qu'ils peuvent causer mais aussi pour les protéger des maladies (...) ça pourrait décimer complètement les populations". 

Ce type d'opérations reste toutefois fastidieux et dérisoire face à la vitesse de prolifération des lapins. Dans l'Hérault, le préfet a récemment prolongé la période de prélèvement par tir pour faire face à ce fléau.

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