Près de 7 ans après les faits, un ancien professeur de l'école maternelle de Caveirac (Gard) est jugé, depuis ce mardi 30 janvier, pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans. Parmi les parents dont les fils ont été victimes, une mère, qui attend énormément de ce procès. Elle témoigne.
C'est enfin l'heure du procès pour ces parents depuis les révélations de viols et d'agressions sexuelles d'un instituteur sur des enfants de l'école maternelle de Caveirac, à l'ouest de Nîmes (Gard), en septembre 2017. Depuis ce mardi 30 janvier, la cour d'assises du Gard juge cet homme, accusé d'avoir violé et agressé sexuellement une dizaine de mineurs de moins de 15 ans. Parmi les parents ayant un fils victime, cette mère qui fait part de ses attentes de manière anonyme.
"Solitude et impunité"
Comment avez-vous géré toute cette attente entre 2017 et l'ouverture du procès mardi 30 janvier ?
La maman : "7 ans, ça a été trop long. Mon petit avait 4 ans au moment des faits. En tant que parents, on aurait aimé qu'il soit bien avant. Pendant cette période, on a eu un sentiment de solitude car on n'a eu aucun suivi, aucun accompagnement juridique, psychologique, moral ou associatif. On a été laissé.
C'est aussi un sentiment d'impunité car cette personne est en liberté depuis 7 ans alors que nous, on est enfermé, on la vit notre peine. On la purge chaque jour. Ça vient se rajouter à notre souffrance."
Que savez-vous des actes de ce professeur sur votre fils et les autres enfants ?
"Outre les faits de violence, il accompagnait les enfants aux WC en l'absence des ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) et il faisait des choses sexuelles. Ensuite il scindait la classe deux : les enfants spéciaux, et les autres. Avec les spéciaux, pendant la sieste, il leur demandait de faire des fellations, il introduisait des objets ou des doigts.
Mon fils a commencé à nous dire qu'on lui mettait des cailloux et des branches d'arbre dans les fesses. Le jour où l'affaire éclate, je vois des parents entrer dans l'école avant l'heure d'ouverture. Une dame me dit : l'instituteur a été mis en examen pour des faits d'agressions sexuelles et viols. C'était confus. On a emmené mon fils faire des examens à l'hôpital.
La mamanà France 3 Occitanie
Qu'attendez-vous de ce procès ? Et de l'accusé ?
"Par rapport à l'accusé, je n'ai aucune attente. Il a toujours nié les faits, je ne pense pas qu'il les reconnaisse. Je n'attends rien de sa part. J'attends juste des mots de la justice, d'entendre le mot de « victime » pour mon fils et tous les autres enfants. J'attends aussi le mot « coupable » pour cette personne, et qu'il prenne le maximum, donc 20 ans.
Je serai là (au procès) pour porter la voix de mon enfant, je serai là pour lui, à sa place. C'est le rôle des parents, de prendre le relais, d'être là pour son enfant. Je veux regarder ce monsieur dans les yeux. Je ne baisserai pas le regard pour mon fils.
Je voudrais comprendre comment on a pu en arriver là. Il y a eu des dysfonctionnements dans cette école : il y a un coupable, mais d'autres responsables derrière. On ne peut pas se satisfaire de, « on ne savait pas, on n'a pas vu », non. En tant que parents, on a confiance. Il faut que l'on soit sûr de qui l'on embauche."
"Il vomissait tous les matins en allant à l'école"
Au moment des violences, comment a réagi votre fils ?
"Son comportement a changé du jour au lendemain. Il a commencé à refaire pipi au lit, à avoir peur du noir, il vomissait tous les matins avant d'aller à l'école. Il a commencé à être très violent, à faire des crises devant le portail de l'école, se jeter par terre. On ne le reconnaissait plus du tout. Puis il ne voulait plus aller aux toilettes, il se retenait, il devenait rouge.
Le dernier jour de l'école, lors de la kermesse, quand on a dit à mon fils qu'il changerait d'école, il est venu vers son papa et moi et il a raconté tous les faits d'agressions sexuelles. Il a été auditionné le lendemain par les gendarmes."
Aujourd'hui, comment va-t-il ?
"Mon fils a été très courageux, plus que certains adultes. Cela a été un long parcours, compliqué, fait de rendez-vous médicaux de notre initiative. Il est joyeux, heureux, très empathique et il fait très attention aux autres. Son axe d'amélioration, c'est sa confiance en lui."
Le procès de cet instituteur de Caveirac devrait durer six jours. Il reste présumé innocent.
(Avec Alexandre Grellier)