Maître Lisa Vesperini, avocate au barreau de Marseille, s'était rendue au Centre de rétention administrative de Nîmes le 7 octobre 2023. Pendant un entretien avec son client, elle remarque la présence d'une caméra dans la salle. Une atteinte au secret professionnel portée devant le Conseil de l'Ordre.
Une affaire qui échauffe les avocats du Gard. Le 7 octobre 2023, alors qu'elle était en consultation avec son client retenu au Centre de rétention administratif de Nîmes, Lisa Vesperini, avocate au barreau de Marseille, est interpellée par quelque chose.
"Je m'aperçois de la présence d'une boule noire sur le plafond, j'arrête immédiatement l'entretien avec mon client afin de garantir le secret professionnel", explique-t-elle. Tout de suite, Maître Vesperini coupe court à l'entretien et fait quelques recherches. Rapidement, elle s'aperçoit qu'elle était face à une "caméra bulle" un type de vidéosurveillance "qui peut à la fois capter l'image et le son."
Atteinte à la confidentialité
Interpellée par la présence d'un tel objet, l'avocate venue de Marseille se demande pourquoi personne n'a eu vent de cette "atteinte à la confidentialité d'une salle soumise au secret professionnel". "Je dénonce la présence d'une caméra au sein d'un local strictement réservé aux entretiens confidentiels, entre l'avocat et son client".
"Je me rends en fait compte que très peu de confrères se rendent au CRA de Nîmes car les audiences en matière de rétention administrative sont prévues au Tribunal, devant les arènes. Et non pas à côté du CRA comme à Marseille." Raison pour laquelle Maître Vesperini s'était rendue au Centre de rétention de Nîmes ce samedi 7 octobre.
"Pas d'enregistrement sonore"
Contactée par Lisa Vesperini, l'administration du CRA "n'a pas nié la présence de cette caméra". "Selon eux, elle ne faisait que me protéger", relate l'avocate, indiquant que par définition son client était retenu et surveillé. Il ne pouvait donc pas lui porter atteinte.
Dans un mail reçu le dimanche 15 octobre 2023, l'administration du Centre réagit en ces termes : "Une pièce est mise à disposition au CRA afin que les avocats puissent s'entretenir avec leurs clients. Cette salle est close, ce qui permet la confidentialité de l'entretien. Une caméra est présente dans cette pièce mais elle ne fait que filmer, il n'y a pas d'enregistrement sonore."
"Le problème c'est que je n'ai aucune garantie qu'elle n'enregistre pas le son", conclut finalement Maître Vesperini.
Le Conseil de l'Ordre saisi de l'affaire
Informée de la situation, la bâtonnière du barreau de Nîmes, Khadija Aoudia, a soumis ce cas devant l'ordre des avocats du Gard ce mardi 17 octobre 2023 dans la soirée.
"Le Conseil de l'Ordre a voté à l'unanimité la mise en demeure du préfet du Gard dont dépend le CRA de Nîmes pour que la caméra située dans le local dédié aux entretiens avocat/justiciables soit retirée sous huitaine", indiquait la bâtonnière ce mercredi 18 octobre 2023. "Passé ce délai le Tribunal administratif sera saisi". L'affaire reste en suspens.