Jérémy Lagarde est le maire de Miradoux (Gers). En 2023, il a été agressé deux fois. Si sa première plainte a été classée sans suite, il attend que la deuxième aboutisse sur la condamnation de ses agresseurs. Auprès de France 3 Occitanie il témoigne de son quotidien d'édile, profondément marqué par ces déchaînements de violence. Entretien.
Lorsqu'il revient sur les lieux de son agression, les souvenirs douloureux remontent chez Jérémy Lagarde. Le 30 septembre 2023, devant une maison de sa commune de Miradoux, le jeune maire est pris à partie par deux hommes en train de faire du démarchage sauvage auprès des habitants.
Jérémy Lagarde relève leur plaque d'immatriculation, le ton monte et les coups finissent par pleuvoir sur le maire, qui s'était pourtant signalé comme tel. "Heureusement que des voisins sont venus pour arrêter ça, sinon je ne sais pas où je serais aujourd'hui", lance l'édile.
Son rôle de maire, Jérémy Lagarde en est persuadé, a participé à envenimer la situation. "Dès que j'ai montré ma carte, le ton est monté, et ils se sont déchaînés directement. J'étais une cible, ils voulaient taper le maire et ils l'ont fait."
Une agression qui intervient quelques mois seulement après une première (classée sans suite), et met en lumière une tendance à la violence vis-à-vis des élus de la République. "Je n'ai pas été élu pour me faire agresser. On m'a élu pour développer la commune, trouver des solutions pour le village", se désole-t-il.
Vous vous sentez en sécurité aujourd'hui ?
"Non. On n’est pas suffisamment protégés en tant qu'élus. Depuis le 30 septembre, je n'ai pas de retour de la justice. J'attends de savoir si les personnes concernées seront condamnées. J'ai reçu le soutien des habitants, des maires, des ministres et du président de la République. Mais le seul soutien dont j'ai besoin, c'est celui de la justice, et je l'attends encore. Il faut que le dossier avance. J'ai demandé à la préfecture, à l'État, au procureur, mais je n'ai pas de retour. J'aurais aimé une procédure courte et rapide, pour ne pas que quelque chose comme ça se reproduise."
Vous y pensez au quotidien ?
"Oui, c'est vraiment quelque chose qui me tracasse. Tous les matins quand je sors de chez moi, je tourne la tête pour voir s'il y a quelqu'un. Ça fait un peu psychopathe, mais bon... C'est compliqué. Ça a un impact sur ma vie privée et professionnelle. Encore une fois, je ne me sens pas en sécurité aujourd'hui. À Miradoux, la gendarmerie a fermé en 2017. Il faut 40 minutes pour que les forces de l'ordre interviennent. Ni moi ni les habitants ne sommes en sécurité. Et je ne veux surtout pas d'agression en 2024."
Est-ce que vous avez pensé à arrêter votre mandat ?
"J'essaye de ne pas y penser tant que je n'ai pas la réponse de la justice. Mais si demain on me dit que l'affaire est classée sans suite, alors j'arrête. Dans ce cas-là, ça ne sert à rien de continuer, car je ne serais plus du tout en sécurité. Être maire et me faire agresser, ce n'est pas ce que je veux. Alors, je redeviendrai un citoyen comme tout le monde."