Aéroport de Toulouse-Blagnac : la SNC-Lavalin soupçonnée d'avoir corrompu le régime Kadhafi en Lybie

La SNC-Lavalin, qui gère l'aérodrome de Francazal et fait partie du Consortium Symbiose qui a racheté l'aéroport de Toulouse Blagnac est mise en cause par des enquêteurs canadiens dans un dossier de corruption de fonctionnaires en Lybie, sous le régime Kadhafi.

Le géant canadien de l'ingénierie SNC-Lavalin est poursuivi pour corruption de l'ex-régime Kadhafi, une annonce qui affaiblit le groupe un peu plus après une série de scandales liés à des malversations à l'étranger. La maison-mère du groupe ainsi que ses filiales de BTP et de développement international sont poursuivies au Canada pour "corruption d'agents publics étrangers" et pour "fraude".

Jusqu'à présent, seuls d'anciens dirigeants de l'entreprise étaient mis en cause par la justice canadienne dans ce dossier. SNC-Lavalin a immédiatement fait part de son intention de plaider non-coupable, se disant "convaincue que les accusations sont sans fondement".

La SNC-Lavalin exploite l'qérodrome de Francazal. Le groupe fait également partie du consortium symbiose qui a racheté avec des Chinois les parts de l'Aéroport de Toulouse mises en vente par l'Etat.

Notre dossier complet sur la vente de l'aéroport Toulouse-Blagnac


Que reproche-ton à la SNC-Lavalin ?

Les faits reprochés se seraient produits entre 2001 et 2011, soit jusqu'à la chute du dictateur libyen et portent sur des pots-de-vin présumés qui auraient été versés pour des contrats d'une valeur totale de cinq milliards de dollars. Les projets en cause sont notamment la construction de l'aéroport de Benghazi, d'une prison à Tripoli et d'une canalisation géante s'étirant sur plus de 3.000 km sous le désert.

La police fédérale accuse SNC-Lavalin d'avoir remis à des fonctionnaires et dignitaires libyens 48 millions de dollars canadiens (35 millions d'euros) "pour convaincre ces derniers d'utiliser leurs positions pour influencer les actes ou les décisions" du gouvernement libyen.

Le groupe d'ingénierie centenaire, qui emploie quelque 40.000 personnes dans le monde, est également accusé d'avoir fait preuve de "supercherie, mensonge ou autre moyen dolosif" à l'encontre des agences gouvernementales libyennes avec lesquelles il traitait sous le régime de Mouammar Kadhafi.  Une escroquerie de 130 millions de dollars canadiens, est évoquée par les enquêteurs, sans en préciser la nature.

Libye, Algérie, Bangladesh, Canada...

Ces accusations interviennent quatre mois après l'extradition au Canada de Riadh Ben Aïssa, ancien chef des opérations internationales de construction, arrêté en Suisse en avril 2012. Après avoir plaidé coupable de corruption devant la justice helvétique, Ben Aïssa a été remis aux autorités canadiennes qui l'ont libéré sous caution en novembre dernier.

Selon des documents judiciaires divulgués l'année dernière, l'enquête suisse aurait mis en lumière le rôle d'intermédiaire que jouait Ben Aïssa entre SNC-Lavalin et le régime Kadhafi. L'ancien vice-président du groupe aurait ainsi remis quelque 160 millions de dollars à Saadi Kadhafi, un fils du dictateur déchu, pour sa contribution à l'obtention de contrats juteux. Il aurait également essayé de l'aider à entrer illégalement au Mexique après la chute du régime fin 2011.

Le géant de l'ingénierie a jugé que "dans la mesure où des accusations sont justifiées (...), elles devraient être dirigées contre les personnes concernées
et non contre l'entreprise
", assurant les autorités canadiennes de "son entière collaboration". Le PDG Robert Card avait averti en octobre que le dépôt d'accusations de corruption pourrait avoir des conséquences désastreuses, voire entraîner le démantèlement du groupe.

Les accusations portées "ne portent atteinte ni au droit ni à la capacité de l'entreprise de soumissionner et de travailler à des projets de secteurs publics
ou privé"
, a estimé le groupe d'ingénierie. SNC-Lavalin fait également l'objet d'une enquête en Algérie pour des pots-de-vin qui auraient été versés à des responsables lors de l'attribution de contrats pétroliers. Ses activités au Bangladesh sont en outre dans le viseur de la justice qui a accusé en 2013 deux ex-employés d'avoir corrompu des fonctionnaires pour obtenir la construction d'un pont.

Même à Montréal, l'entreprise est soupçonnée de malversations : en 2012 le PDG de l'époque, Pierre Duhaime, avait été arrêté. Il est accusé d'avoir, avec Ben Aïssa, corrompu les dirigeants d'un hôpital universitaire de la métropole québécoise pour décrocher son contrat de construction. 

Face à tant de révélations, la Banque mondiale avait interdit en 2013, pour 10 ans, SNC-Lavalin de concourir à ses appels d'offre. Acculé, SNC-Lavalin a récemment annoncé le licenciement d'environ 4.000 salariés dans le monde, soit 10% de ses effectifs.

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