L'un des deux Airbus A330neo de la compagnie néo-calédonienne Aircalin est cloué au sol depuis deux semaines. En cause : des émanations d’huile moteur dans la cabine durant les phases de décollage et d’atterrissage. Un problème déjà observé sur deux autres A330neo.
"Une odeur de chaussettes mouillées." L'image employée par Didier Tappero, Pdg de la compagnie calédonienne Aircalin, parle d'elle même. Elle décrit les émanations inhabituelles ressenties dans la cabine de l'Airbus A330neo "Luengöni" pendant les phases de décollage et d’atterrissage de cet avion mis en service en Nouvelle-Calédonie le 4 octobre dernier. Face à ce problème, l'appareil est immobilisé depuis deux semaines, soit à peine un mois après son arrivée sur le "Caillou".
En dessous du seuil de toxicité
Ces émanations seraient celles d'huile provenant du système de propulsion, des réacteurs Rolls-Royce Trent 7000 " C'est un problème connu assure Didier Tappero. Nous avons utilisé un aérotraceur et nous connaissons désormais la nature et la quantité des molécules présentes dans l’air de l'appareil. Les relevés indiquent que nous sommes en dessous du seuil de toxicité."Mais comme le rapporte nos confrères de Nouvelle Calédonie La 1ère " Certains (personnels navigants) ont ressenti des maux de tête ou encore des irritations respiratoires et oculaires."
"No comment !"
Des équipes d’Airbus et un représentant de Rolls Royce sont arrivés en Calédonie pour essayer d'en déterminer les causes exactes. "Airbus prend le problème très au sérieux" assure le dirigeant de la compagnie calédonienne. Mais du côté de l'avionneur et motoriste on se refuse à donner plus d'informations sur cet incident.L'explication de ce silence est sûrement à aller chercher du côté de l'Espagne et du Sénégal. Selon le quotidien de Nouméa, les Nouvelles calédoniennes, deux Airbus A 330neo, l’un affrété par la compagnie TAP-Air Portugal, l’autre par Air Sénégal, ont connu des difficultés similaires. L'un des réacteurs de l'appareil portugais a dû être changé.
Un réacteur à remplacer ?
Cette panne aurait valu son poste à Philippe Bohn, directeur d'Air Sénégal, qui déclarait à ce sujet en avril dernier :Toutes les compagnies aériennes ont des « Aircraft on the Ground » (appareils au sol, NDLR). Il y avait des retours d’odeur d’huile dans le cockpit de l’A330 Neo, c’est bénin, mais un signal à surveiller. Nous avons procédé à des analyses moteurs, très précises, sérieuses. Cela fait partie des alarmes courantes en période de rodage sur les avions neufs. Notre priorité c’est la sécurité, donc on a laissé cet avion au sol. Rien que de très normal. Comme la plupart des entreprises aériennes, nous avons utilisé une réserve chaude avec Hi Fly auprès de qui nous avons loué un avion de remplacement. Sur la partie qui concerne l’Airbus A330 Neo, l’essentiel des frais est pris en charge par Airbus, et par RollsRoyce pour le moteur. L’avion est sous garantie. Donc sur le plan financier, l’incidence est minime. Après, pour nous c’est toujours difficile d’expliquer aux passagers les retards quand on a un incident, mais la priorité absolue c’est la sécurité des vols.
Le "Luengöni" d'Aircalin pourrait connaître le même sort et être, dans ce cas, envoyé vers Singapour ou vers Toulouse.