Centre pour réfugiés près de Toulouse : l'Etat a revu ses plans, l'extrême-droite tente la récupération politique

Le projet de CPAR, centre d’accueil pour l’aide au retour de réfugiés, divise la commune depuis des mois. Dans cette petite ville de moins de 10 000 habitants un collectif d’opposants affiche clairement une ferme opposition à l'ouverture d'un centre pouvant accueillir 120 migrants.

La commune de Saint-Lys pourrait-elle connaitre les mêmes tensions qu'au sein de Callac dans les Côtes-d’Armor ? Depuis des mois, le projet d’ouverture d’un CPAR Centre d’accueil mené par l'Etat pour l’aide au retour des réfugiés soulève une large opposition.

Le 11 février dernier, une marche était organisée dans la commune pour dire non à l'implantation d'un CPAR. 400 personnes s'étaient rassemblées. À l'origine de la mobilisation, le collectif Saint-Lysien créé en début d'année. Thierry Bertrand, conseiller municipal d'opposition en est l'un des quatre porte-parole. "Nous ne sommes pas dans une opposition bête et méchante ; nous ne sommes pas contre les migrants", tient-il à préciser dès le début de la conversation. Pour lui, le projet comporte trop d'incohérences. "Placer ce centre à 1 heure 30 de trajet en transport en commun de la préfecture pose question. Nous nous inquiétons aussi de la cohabitation potentiellement difficile entre ces migrants et la population du village."

Mais l'argument principal revendiqué par le collectif se concentre sur l'utilisation du bâtiment actuellement occupé par un Ehpad, qui doit déménager à Fonsorbes très prochainement. Vendu à l'ADOMA, un opérateur national qui se consacre notamment au logement des demandeurs d'asile, le bâtiment se compose de chambre, cuisine, réfectoire. C'est dans ces murs que logeraient 120 migrants inscrits dans un processus de retour dans leur pays. Le collectif Saint-Lysien imagine d'autres perspectives pour ce bâtiment. "C'est un bâtiment en très bon état. Une résidence senior pourrait y être mise en place bien plus utile pour notre bassin de population vieillissante."

"Un engagement du préfet sur 20 familles"

La mairie a été au coeur de la mobilisation d'août 2022 afin que l'Etat revoit ses plans. Depuis "on a eu un engagement du préfet, notamment à ce que le nombre de résidents ne dépasse pas 20 familles, soit 80 personnes avec des gens qui sont candidats au retour volontaire, qui ne poseront pas de problème normalement à la collectivité et qu'il n'y aurait pas d'impact financier", se félicite Serge Deuilhé, maire PS de Saint-Lys.

Suite à la mobilisation qui regrettait le manque de concertation de la part de l'Etat, une réunion publique avait été organisée le 17 octobre donc par la préfecture par l'Adoma et l'ofis (office français de l'immigration) "On arrive à un compromis qui arrive à satisfaire tout le monde, mais de là à dire qu'on est satisfait le dossier n'est pas terminé, il va avoir d'autres points à régler" notamment les "problèmes d'insécurité ou le ressenti que ça pourrait arriver", poursuit-il. La municipalité pointe du doigt désormais des élus d'oppositions, membres du collectif créé en début d'année, qui n'avaiten pas voté la motion en octobre 2021 contre l'accueil du centre dans les premières proportions annoncées et pour inclure les collectivités territoriales dans le projet.

Enfin, un nouvel acteur s'est invité dans ce dossier. Reconquête tente de s'immiscer dans le débat, adoptant la même stratégie d'agitation qu'à Callac.

Pour le parti d'Eric Zemmour l'implantation de ces réfugiés serait la confirmation de la thèse du grand remplacement. "Dans une ville de 10.000 habitants, recevoir la moitié des migrants de tout le département est disproportionné… On remplace une population par une autre, tout simplement", écrit Dominique Piussan candidate Reconquête sur la 6eme circonscription de Haute-Garonne lors des dernières élections législatives. Des propos relayés sur les réseaux sociaux.

Banderoles et slogans du parti d'extrême-droite étaient d'ailleurs visibles lors du dernier rassemblement le 14 février dernier. "Nous en sommes conscients. Ils font un peu de battage. Nous restons vigilants. Notre collectif est apolitique. Et ça on en veut pas !", précise Thierry Bertrand.

Une nouvelle rencontre entre la mairie et la préfecture doit se dérouler fin mars "pour traiter au mieux ce dossier délicat" et "pour informer au mieux les habitants".

Le collectif a sollicité un entretien avec la préfecture et le directeur de l'Adoma. En l'absence de réponse, un nouveau rassemblement pourrait avoir lieu en mars prochain.

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