"Ceux qui ont grandi ici ne comprennent pas pourquoi ils disparaissent" : la démolition d'immeubles, symboles des années 60, divise les habitants

La destruction de l'immeuble Gluck à Toulouse (Haute-Garonne) a commencé. Ce bâtiment, symbole de l'architecture novatrice des années 60 dans le quartier de la Reynerie laissera place à des logements neufs et des espaces verts. Entre mobilisation d'habitants et volonté d'espace verts la population est partagée.

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Les engins de chantier sont en marche dans le quartier toulousain de la Reynerie à Toulouse (Haute-Garonne). Ils grignotent petit à petit le bâtiment. Des débris jonchent le sol. Construit dans les années 60, l'immeuble Gluck, fait partie d'un vaste projet : "L'objectif dans les années 60 était de construire un projet social, humain et de construire des logements pour tous et en grand nombre suite à la guerre." explique Perrine Viot, architecte.

Quatre bâtiments, sur les cinq sortis de terre dans les années 60, sous l'impulsion de l'architecte Georges Candilis seront détruits. À la place prendra forme le grand projet de rénovation urbaine mené par Toulouse métropole aux côtés de l'Agence Nationale de Rénovation Urbaine. La reconstruction de 971 logements neufs est prévue, ainsi que 1500 m2 de nouveaux commerces, plusieurs locaux d'activités et de nombreux espaces d'équipement publics. Selon le groupe Les Chalets, bailleur en charge du projet : "Dans le courant des prochaines années, l’immeuble Gluck laissera place à un square Galia reconfiguré, ainsi qu’à de nouveaux équipements sportifs au bénéfice des habitants du quartier. L’intégralité des logements sera reconstruite, à la fois dans le cadre du projet Grand Mirail et à l’échelle de la métropole."

"Ceux qui ont grandi ici ne comprennent pas pourquoi ils disparaissent"

Le bailleur affirme que : "99 % des locataires ont d’ores et déjà été relogés par les équipes des Chalets". Il resterait deux familles dans une partie du bâtiment. Attachés à l'histoire et au symbole certains habitants sont émus à la vue de la destruction : "On redoutait tous que les travaux de reconstruction deviennent des travaux de démolition et c’est ce qui est en train de se passer" raconte Karine, habitante du quartier.

Ces immeubles, elle les connaît bien car elle y a grandi : "On fait disparaître plus de 900 logements spacieux alors qu’ils sont de grande qualité. J’ai vécu ici et tous ceux qui ont grandi ici ne comprennent pas pourquoi ils disparaissent alors qu’on a besoin de grands logements pour loger les gens."

Toulouse Métropole assure vouloir construire davantage de logements, 970 seraient disponibles à la fin des travaux. Mais pour Karine, ce n'est pas la solution : "Le projet d’aérer le quartier, peut se faire sans faire tomber les immeubles, ce ne sont pas les bâtiments qui font la mixité sociale, ce sont les personnes qu’on y met. Les logements existent, ils sont de bonne qualité, qu’on ait beaucoup ou peu de revenus tout le monde peut y vivre, ce sont des logements pour les hommes pas pour les pauvres, je ne comprends pas pourquoi cette démolition continue d’avancer."

"Il faut faire respirer ce quartier"

D'autres habitants sont plutôt satisfaits du projet : "Ça fait du bien que le quartier change un peu. Même si cela fait mal au cœur. Mais il faut bien que ça évolue, les bâtiments sont vieux, il faut faire respirer ce quartier. Personnellement, j'aimerais qu’il puisse y avoir des espaces de jeu, de la verdure" admet une femme en regardant les démolitions avant d'ajouter, "par contre, il ne faut pas qu'ils reconstruisent d'autres immeubles, on en a marre du béton, il y a besoin d'air, ici on étouffe !"

Depuis l'annonce du projet, trois enquêtes publiques ont eu lieu. En avril 2023, le Tribunal administratif de Toulouse a rejeté le recours déposé par les collectifs de militants pour la conservation de plusieurs bâtiments. En août 2023, une enquête publique a ensuite émis un avis positif au Projet de Renouvellement Urbain sous réserve de conserver les immeubles Gluck et Cambert ainsi que leurs parcs attenants. Le commissaire-enquêteur évoquant "une architecture relevant d’une conception innovante de son époque (qui) permettait l’accès au confort moderne récent pour une classe moyenne." Pourtant, la destruction de l'immeuble Gluck a bien commencé. 

Le bailleur le groupe Les Chalets s'explique : "En ce qui concerne les recommandations de la dernière enquête publique, elles ont été suivies dans le cas de l’immeuble Cambert, pour lequel, contrairement à l’immeuble Gluck l’organisme propriétaire n’avait pas mis en œuvre de processus de relogement des habitants, ni procédé à des travaux de déconstruction. C'est donc aussi pour éviter de nouvelles occupations abusives et dégradations dans les lieux et de garantir la sécurité et la salubrité publiques."

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