Cyberharcèlement : l'Occitanie est la première région de France à tester une application unique en Europe

Après deux ans de développement, une start-up française est parvenue à créer l'application "SafeBear" capable de jouer à la fois le pare-feu et le détective privé. Au lieu d'effacer les messages toxiques, l'outil alerte l'utilisateur et collecte les données pour faciliter le dépôt de plainte. La région Occitanie va l'expérimenter en octobre 2024 dans 13 lycées. Une première en France.

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À chaque témoignage, le récit est glaçant. En novembre 2023, Manon, une lycéenne toulousaine de 17 ans nous raconte : "La veille de la rentrée, il me demande de lui envoyer des nude (selfies dénudés), ce que je refuse. Puis il me menace directement de mort". Même violence pour Jade, 14 ans, harcelée sur les réseaux sociaux par un homme. 

1 jeune sur 6 est victime de cyberharcèlement selon une étude de l'OMS publiée en mars 2024. "Ce rapport est un signal d’alarme pour que nous nous attaquions au harcèlement et à la violence" averti alors Hans Kluge, directeur de l’Organisation mondiale de la Santé en Europe.

Le cyberharcèlement est quasiment devenu un réflexe toxique et compulsif dans notre société hyperconnectée.

rappellent Christian Guillon et son fils, Jérémy

co-fondateur de SafeBear

Face aux conséquences dévastatrices sur la santé mentale, Christian Guillon et son fils Jérémy sont parvenus à concevoir depuis Paris, une application web unique en Europe : SafeBear. 

Le père est un ancien directeur financier. Le fils a fait ses armes en dirigeant le média esport "RushDown". Après avoir vécu un cas de harcèlement, ils décident en 2020 de trouver une technologique capable de "détecter, alerter et certifier". 

En effet, SafeBear est à la fois un pare-feu et un détective privé. 

Côté pile, l'outil est capable d'identifier les messages haineux et les subtilités de la langue française grâce une intelligence artificielle développée en interne.

Elle signale les contenus toxiques. L'application envoie un signalement (directement à l’utilisateur ou à un tiers) dès qu’un contenu relevant du cyberharcèlement est détecté.

Christian Guillon

Côté face, l'application collecte des preuves pour mettre la pression sur les auteurs de cyberharcèlement. Un aspect très important pour les concepteurs qui souhaitent "revenir à des échanges plus sereins sur les réseaux sociaux". 

Les messages sont enregistrés sur une blockchain dédiée qui assure leur authenticité et leur inaltérabilité. Elle facilite ainsi le dépôt d’une plainte grâce à la constitution d’un dossier de preuves certifié envoyé à la demande de l’utilisateur aux autorités judiciaires.

Les fondateurs de SafeBear

SafeBear se diffère des modérateurs web. "Nous n'avons pas la même approche" insiste Lyess Meddahi, directeur de la stratégie chez SafeBear. "Ces derniers filtrent et effacent les messages toxiques. Nous, on ne supprime rien. On analyse, catalogue et certifie". En effet, inutile d'installer l'application sur son smartphone, SafeBear est une application web qui nécessite uniquement le consentement de l’utilisateur pour s’associer à ses comptes réseaux sociaux. 

Pour le moment, SafeBear fonctionne seulement sur X et Instagram. Mais la version pour Snapchat et TikTok est en cours de developpement. 

La start-up vise évidemment les adolescents, mais aussi les personnalités, les élus, les sportifs, les créateurs de contenu et à terme, les femmes harcelées sur les sites de rencontre en ligne.  

L'Occitanie, première région de France à tester l'innovation

Sortie officiellement en juin 2024, SafeBear intéresse aussitôt la région Occitanie. "Nous avons démarché quelques collectivités et elle a été la première à répondre positivement" raconte Christian Guillon.

Dès cet automne, l'application sera expérimentée dans 13 lycées d’Occitanie, un par département, nous confirme la collectivité. 

À ce jour, impossible de connaître la liste des établissements pilotes mais 1000 licences seront achetées et mises à la disposition de lycéens volontaires. 

Pour la start-up parisienne, c'est la première grande expérimentation. Une aubaine qui devrait permettre à l'équipe de 10 salariés d'attaquer le marché européen. "Nous avons déjà été reçus par l'Union européenne" racontent les fondateurs. 

En attendant de séduire un public très large, la jeune pousse continue de développer sa technologique. À terme, SafeBear pourra s'intégrer à des intranets d'entreprise, surveiller les sites pornographiques et les plateformes de jeu vidéo. 

Car le cyberharcèlement est partout et peut toucher tout le monde. Selon une étude d’IPSOS en 2021, 59 % des internautes ont déjà été victimes de harcèlement en ligne.

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