Après les témoignages de certains soignants qui dénonçaient la circulation de drogue entre patients pénitentiaires au sein de l'unité psychiatrique du CHU de Purpan, le parquet de Toulouse (Haute-Garonne) a ouvert une enquête judiciaire. Une réunion entre direction et personnel a également eu lieu, sans dénouement positif selon les syndicats.
La passe d'armes se poursuit entre le personnel de l'unité psychiatrique UF1 de Purpan et la direction de l'hôpital de Toulouse (Haute-Garonne). Dans un communiqué transmis le 1e juillet, le syndicat SUD dénonçait de nouveau "les conditions désastreuses du personnel soignant". Il y a trois semaines, l'un des infirmiers en psychiatrie de l'hôpital dénonçait notamment la circulation de drogues entre patients détenus, ainsi que des faveurs sexuelles échangées entre eux.
"Il n'y a pas eu de mesures concrètes amenées"
Il avouait aussi la difficulté des soignants à gérer ces malades particuliers. "Les collègues ont peur des conséquences liées à l'usage de drogue. C'est révélateur de leur angoisse", entérine Isabelle Prono, syndicaliste et aide-soignante.
Dans le communiqué transmis samedi, le syndicat indiquait "qu'un représentant du personnel de SUD vient d'être convoqué au commissariat suite au signalement fait auprès du Procureur de la République". Une enquête judiciaire a bien été ouverte, confirme le parquet de Toulouse, indiquant que "les policiers doivent interroger tous les intervenants". Ces derniers ont déjà posé des questions à "un collègue syndicaliste" qui a "juste relaté les faits et exprimé la souffrance des collègues", assure Isabelle Prono à ce sujet.
De son côté, la direction du CHU promet de "coopérer avec la justice dans le cadre de cette enquête judiciaire", indique-t-elle dans un communiqué.
Dialogue de sourds entre direction et personnel
Dans le même temps, une réunion "pour évoquer les problématiques" a eu lieu entre le personnel et la direction. Mais, elle n'a pas abouti à grand-chose, selon le syndicat SUD. "Il n'y a pas eu de mesures concrètes apportées. Les collègues attendaient des réponses pour améliorer leurs conditions de travail, mais, ils se sont trouvés face à des personnes qui les ont culpabilisés d'avoir dénoncé ce qu'ils vivaient", déplore Isabelle Prono. "On leur a notamment dit : "les soignants salissent l'image du CHU". C'est quand même fort de café alors qu'ils n'ont fait qu'alerter".
La version diffère pour la direction du CHU. "Des actions ont été initiées entre la direction des affaires juridiques, les services de sécurité du CHU de Toulouse et les forces de l'ordre (...) afin d'éloigner les individus qui ne sont pas hospitalisés au sein du service et qui sont susceptibles de nuire au bon fonctionnement de ce dernier", promet-elle.
Elle annonce également la mise en place "d'un ensemble d'actions visant à lutter contre la consommation de stupéfiants", ainsi qu'une "mission d'analyse interne afin d'éclaircir la situation vécue par les soignants et d'accompagner au mieux les professionnels de santé de l'UF1 dans leur exercice quotidien". Des promesses pour l'instant insuffisantes selon le personnel soignant de l'unité psychiatrique.