Six jours après l'effondrement de l'immeuble, situé au 4, rue Saint-Rome à Toulouse en Haute-Garonne, l'attention se porte sur un autre immeuble construit au XVI e siècle qui pourrait lui aussi s'écrouler. Evacué de ses habitants, une course contre la montre est engagée pour entreprendre d'importants travaux.
Les travaux de grignotage des suspensions de murs se poursuivent manuellement au 4, rue Saint-Rome. Un travail minutieux orchestré à l'aide d'une grande nacelle, 6 jours après l'effondrement d'un immeuble en plein coeur de Toulouse en Haute-Garonne, samedi 9 mars 2024.
Mais les inquiétudes se portent désormais, sur l'immeuble situé au 1, rue des Puits Clos, juste dans le pâté de maison à l'arrière de l'édifice effondré, construit au XVIe siècle. Le bâtiment qui, selon la mairie faisait l'objet de nombreux signalements, mais qui ne présentait jusqu'ici pas de risque d'effondrement, est au centre de l'attention. Car depuis l'écroulement dans la rue voisine, les résidents ont signalé des fissures qui avaient bougé. Les pompiers sont d'ailleurs intervenus dans la soirée de samedi à dimanche. Après de nouvelles expertises, ce week-end, ses habitants ainsi que celui de l'immeuble mitoyen au 3, rue des Puits Clos ont dû quitter les lieux.
"C'est un bâtiment historique, le seul encore de son époque, toujours debout, à pan de bois qui intéresse beaucoup les architectes des bâtiments de France, contextualise Claire Nison, conseillère municipale déléguée à la lutte contre le logement insalubre, l'habitat indigne et dégradé, et à la sécurité des bâtiments. Toutes les demandes de travaux sur cet édifice avaient été refusées jusque-là, sans doute parce qu'ils n'allaient pas assez loin dans ce que réclamaient les architectes des bâtiments de France. C'est un bâtiment connu de nos services, mais qui ne présentaient pas jusque-là de fragilité structurelle. On pouvait toujours permettre aux gens d'y vivre. Mais les fissures ont beaucoup bougé depuis l'effondrement du 4 rue Saint-Rome. On a aussi des infiltrations qui se sont faites, des boiseries très abîmées, sans doute attaquées par des nuisibles. Il a fallu l'évacuer".
Les riverains situés en face au 10, rue Peyras ont eux aussi été priés de partir par mesure de sécurité. "Si ça s'effondre, ça peut nous arriver dessus", relate une commerçante jointe par France 3 Occitanie.
Un risque pour l'immeuble voisin
Après les spécialistes mandatés par la mairie, le tribunal administratif a lui aussi missionné une expertise. Le chantier qui s'annonce n'est pas sans difficulté. Notamment en raison de la solidarité de l'édifice avec le numéro 3 qui date lui des années 1970 et partage la même cage d'escalier, des parties communes, et la même copropriété. La mairie considère les deux immeubles comme un lot entier.
"On attend le plan d'étaiement de la part des experts. On doit fabriquer des structures sur mesure, des structures bétonnées qui ne seront pas fabriquées sur place, mais à l'extérieur. Elles devront soutenir à la fois la façade rue Peyras et celle de la façade rue des Puits Clos. Ces structures seront particulières, car elles devront laisser un passage à l'entrée de l'immeuble d'à côté."
Claire Nison, conseillère municipale déléguée de Toulouse à la lutte contre le logement insalubre et à la sécurité des bâtiments
Leur installation ne devrait pas intervenir avant une quinzaine de jours. Sur site, seuls les experts et les membres des bureaux d'études sont autorisés à entrer pour l'instant.
Autre difficulté, le financement de toutes ces mesures d'urgence. Pour l'instant, c'est la mairie qui les assume, bien que ces immeubles soient des biens privés. "C'est la mairie qui finance toutes les interventions et se substitue au syndic de copropriété de la rue des Puits Clos, puisqu'il vient d'être mandaté d'office pour le gérer avec des caisses vides". L'ancien syndic est actuellement au cœur d'une procédure judiciaire pour avoir détourné 90 millions d'euros.
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Les travaux liés à l'immeuble effondré de la rue Saint-Rome pourraient être terminés d'ici ce week-end. La fin de ce chantier est attendue par les commerces à proximité toujours fermés et les riverains des immeubles alentours qui ont dû quitter leur logement. À condition que leur immeuble ne présente, lui aussi, aucun risque.